Dévoilé lors de l'E3 2016, le Spider-Man d'Insomniac Games a tardé à se montrer plus en détail, quant bien même sa date de sortie se rapproche dangereusement. Pas de panique toutefois : le studio et surtout PlayStation ont concocté un plan média 4 étoiles, avec visite du studio et rencontres avec les équipes, pour parler de celui qui devrait être l'une des plus grosses sorties PlayStation 4 de l'année. De quoi faire le plein d'infos et surtout poser nos mains sur ce Spider-Man si aguicheur.
Reportage : Comment développer un jeu Spider-Man ?
Tous les super-héros n'ont pas bénéficié du même traitement lorsqu'ils ont été adaptés en jeux vidéo. Mais s'il y en a un qui s'en sort plutôt bien, en fin de compte, c'est Spider-Man. Le Tisseur a vu passer son compte de jeux moyens pendant les années 90 avant de connaître des sommets avec les deux efforts de Neversoft, ou encore avec la fameuse adaptation du film Spider-Man 2 ; plus récemment, c'est le studio Beenox qui a régulièrement contribué à enrichir les ludothèques des fans de Spidey, avec, certes, des hauts et des bas. Et tandis que côté cinéma l'homme-araignée revient petit à petit sous la tutelle de Marvel, dans le monde du jeu vidéo il semble vouloir conserver ce lien si spécial qu'il entretient avec Sony depuis presque 20 ans. Un lien qui se matérialise sous la forme d'un nouveau jeu très attendu, puisque développé par les créateurs de Ratchet & Clank: Insomniac Games. Après une petite session de jeu, il est bien évidemment trop tôt pour les grandes conclusions mais on pense ne pas prendre trop de risque en disant que les fans de Spider-Man ont toutes les raisons du monde d'être impatients.
L'ivresse du vide
Créer un jeu de super-héros amusants n'est pas chose aisée puisque ces derniers sont la plupart du temps dotés d'une force surhumaine et de pouvoirs en tout genre. La difficulté pour un studio de développement, c'est de réussir à créer un gameplay qui mette à l'honneur les particularités de son protagoniste principal, en créant des contrôles et des features amusantes, notamment lors des déplacements ou des combats. C'est un exercice périlleux qui a fait de nombreuses victimes à travers l'histoire, et l'on pleurera longtemps la mémoire de celles et ceux tombé(e)s au combat après avoir découvert avec effroi Superman sur Nintendo 64. À l'inverse, d'autres jeux ont brillé dans cet exercice, à commencer par Spider-Man 2, l'adaptation vidéoludique du film de Sam Raimi. Le titre n'avait pas que des qualités mais il avait compris ce qui faisait du Tisseur un héros si particulier : ses déplacements aériens entre les buildings de Manhattan. Un GTA-like qui laissait au joueur la possibilité de se balader en ville, de monter à des hauteurs vertigineuses et de se balancer de toile en toile ? Forcément grisant.
Insomniac Games l'a bien compris et une bonne partie de son nouveau bébé repose justement là-dessus. Il ne fallait donc pas rater les contrôles du Tisseur et pour notre plus grande satisfaction, le studio a trouvé la bonne recette. Manier Spider-Man est un véritable plaisir, notamment dans les airs. Il est bien sûr capable de tisser des toiles pour aller taquiner les pigeons en haut du Chrysler Building, mais c'est surtout dans la gestion des caméras, et des petits effets de vitesse que le jeu excelle. Outre la toile balancier classique, notre héros est capable de se projeter en avant sur quelques mètres, ou d'interagir avec certains éléments du décor (tuyaux, poutres, antennes...) si le joueur presse L2 et R2, pour se catapulter à des distances impressionnantes en utilisant ses deux lance-toiles. Avec ces trois techniques de tissage, Spidey est capable de se déplacer avec aisance absolument partout, et le joueur peut improviser, en se créant un chemin au fur et à mesure qu'il progresse à travers Manhattan. De quoi rappeler de bons souvenirs aux fans du jeu Spider-Man 2, qui a laissé d'excellents souvenirs à tous ceux qui étaient capables de le lancer, juste pour le plaisir de se balader dans New York ou se jeter du haut de l'Empire State Building.
Ce Spider-Man là réussit d'autant mieux que le Tisseur a été animé avec beaucoup de soin. Sauts, lancers de toile, cabrioles, réceptions, jamais il n'a été aussi gracieux, aussi agile. Ni même aussi vivant, en fait. Les artistes d'Insomniac ont créé tout un répertoire d'animations et la même action prend vie sous des formes différentes à l'écran. Forcément, on perd le côté un peu mécanique des déplacements des anciens Spider-Man, puisque dans celui-ci, on a vraiment la sensation que le héros compose avec son environnement direct. Les différents développeurs avec qui nous avons pu discuter étaient d'ailleurs très fiers de nous montrer que les toiles ne se collent jamais au ciel, mais toujours contre un élément physique visible en jeu. Ajoutez à cela une caméra réactive et rarement prise en défaut et vous obtenez un jeu amusant rien qu'avec son système de déplacements. Insomniac semble donc avoir réussi le plus dur, de quoi rassurer les joueurs, ou tout du moins les fans de l'homme-araignée.
Lors du dernier E3, de nombreux joueurs ont remarqué que de nombreux QTE apparaissaient tout au long de la démo de Spider-Man. Beaucoup ont ensuite prophétisé que le jeu en serait rempli et qu'il se jouerait d'une seule main. Alors dans les faits, qu'en est-il vraiment ? S'il est bien évidemment impossible de se prononcer définitivement sur la question, notre session de jeu nous a laissé penser que ces QTE devraient surtout apparaître lors de certains segmets, dans les différentes missions scénarisées du jeu. La démo qui nous a été présentée était axée sur l'exploration, les combats et la réalisation d'objectifs secondaires et nous n'avons croisé aucun QTE, sous quelque forme que ce soit.
Manhattan déboule
Impossible de séparer New York de Spider-Man : la grosse pomme est presque un personnage à part entière dans les aventures du Tisseur et aucun jeu n'a jamais vraiment réussi à retranscrire ce trait essentiel du comic de Marvel. Les choses pourraient changer avec ce nouveau titre. La démo que nous a présentée Insomniac était dépourvue de missions scénarisées et l'on a pu se balader librement sur la map du jeu. Grâce à quoi nous avons eu le plaisir de constater que la ville est bien remplie. Insomniac n'a pas cherché à reproduire New York à l'échelle 1:1, d'autant que le titre se concentre sur l’île de Manhattan ; il s'agit d'une sorte de Manhattan revu et corrigé par les développeurs, qui en ont profité pour cacher ici et là quelques easter eggs, comme la Tour des Avengers, ou le Saint des Saints, la base du Docteur Strange. Si certains jugeront que le terrain de jeu est assez petit, surtout si on le compare aux productions récentes comme Assassin's Creed Origins ou The Legend of Zelda : Breath of the Wild, c'est probablement parce que les développeurs ont du faire des choix. Comment utiliser aux mieux les ressources de la PlayStation 4 ? Insomniac a pris sa décision et plutôt que de miser sur la taille de la map, l'équipe a préféré la remplir de vie tout en veillant à ce que la beauté de l'image ou sa fluidité n'en pâtisse pas. Si l'on a remarqué quelques chutes de framerate (rien d'alarmant, à 6 mois de la sortie du jeu), on a surtout eu le plaisir de voir à quel point Manhattan regorge de micro-événements. Quelques malfrats qui braquent une boutique, une attaque dans une banque, un chauffard en voiture sur la 5ème avenue... À son passage, les passants demandent à Spider-Man une photo ou un petit service. Tout cela devrait occuper le joueur, entre deux missions scénarisées, que l'on devine plus linéaires. Il faudra attendre la version complète du jeu afin de s'assurer que l'on ne tourne pas trop en rond, ou que les interactions avec les PNJ ne sont pas trop limitées.
La guerre de la toile
Nous avons également eu la possibilité de mettre à l'épreuve le système de combats du jeu. Si certains craignaient une débauche de QTE, qu'on les rassure, il n'en est rien : ceux-ci semblent avoir été limités à certaines scènes d'action, au sein des missions scénarisées. Lors des combats plus traditionnels, on retrouve un gameplay somme toute assez classique. Spider-Man peut frapper, se servir de ses lance-toiles, ou interagir avec le décor, par exemple en précipitant un échafaudage sur un groupe d'ennemis. Mais heureusement, il y a quelques subtilités et l'on découvre vite un système de combat vif et percutant. Ainsi, il est possible de commencer à tabasser un malandrin avant de l'expédier dans les airs, l'y rejoindre, et continuer à le molester dans les airs, avant de le renvoyer au sol, ou contre un de ses collègues. Si les effets sonores des coups de Spider-Man manquent peut-être un peu de pêche, ces combats sont extrêmement plaisants et rappellent, dans une certaine mesure, ceux d'un Devil May Cry, avec la possibilité d'improviser et de créer des combos aériens aussi jubilatoires qu'esthétiquement saisissant. Autre détail, Spidey dispose également d'une habilité spéciale, qui varie en fonction du costume qu'il porte et qui se déclenche lorsque la jauge dédiée est remplie. La plus amusante que nous avons pu tester vient du costume "Spider Punk", clin d'oeil du studio à Sunset Overdrive (d'après Insomniac, faut-il le préciser : le Spider-fan alerte aurait pu y voir un lien direct avec le "véritable" Spider-Punk), qui permet au Tisseur de jouer un gros riff de guitare électrique qui éjecte les ennemis se trouvant autour de lui.
Bien entendu, il existe un système d'esquive à utiliser à bon escient, en se fiant au sens d'araignée de notre héros, qui peut pressentir les coups de feu, par exemple. Le résultat à l'écran c'est que Spider-Man virevolte dans tous les sens, et enchaîne les combos et les interactions avec le décor. Cela devrait, on l'espère, apporter un peu de variété aux affrontements. La clé, pour Insomniac, sera de réussir à utiliser intelligemment le level-design pour permettre aux joueurs d'aborder chaque situation à sa manière.
On avait hâte d'en savoir plus sur le Spider-Man d'Insomniac et maintenant que l'on a pu y jouer un peu, on se dit que l'attente va être longue. S'il nous reste beaucoup de choses à apprendre à son sujet, le titre a su nous séduire avec son système de déplacements, et la richesse de son Manhattan. Spider-Man n'a jamais été aussi amusant à contrôler ! Maintenant que l'on est rassuré sur ce point, on espère que le studio saura construire sur cette très bonne base pour proposer le jeu que mérite le Tisseur, à la manière de ce qu'a apporté Rocksteady à Batman.