Sea of Thieves débarque avec une promesse, celle de plonger le joueur dans la peau d’un pirate pour une série d’aventures et de chasses aux trésors avec le moins de barrière possible. Le prochain titre des Anglais de Rare Software se présente sous la forme d’un bac à sable d’aventures à vivre seul ou idéalement en équipage de quatre joueurs. Nous nous sommes rendus dans les studios de Rare Software afin d’entrevoir l’avenir de Sea of Thieves, les possibilités de son système de progression, ses ambitions lors de son lancement et certaines fonctionnalités de jeu encore non dévoilées aux joueurs. À l’abordage !
Gaming Live de Sea of Thieves, l'antre des pirates légendaires
Oh mon bateau !
Des squelettes armés jusqu’aux dents gardiens de précieux trésors, des requins qui rôdent autour de galions échoués sous les eaux, et au milieu de cet océan de possibilité, d’autres équipages, amicaux ou rivaux qui tout comme vous voguent à travers les mers. Sea of Thieves présente une expérience de jeu assez unique, une aventure mondiale partagée - un bac à sable à grande échelle qui mélange avec brio l’héritage du mythique studio et la vision qu’il se fait du futur du jeu vidéo. Le micro-casque sur la tête, on se lance sans temps mort, mais non sans quelques galères sur le Store Microsoft, au cœur d’un concept où l’incarnation d’un rôle s’imposer sans tarder. Vous êtes un pirate, vous, votre jambe de bois, votre cache-oeil et votre équipage d’amis avec lesquels vous comptez bien vous enrichir grâce à la collecte de trésors. De la taille de l’équipage dépend le type de bateau fourni par le jeu : un simple rafiot à une voile pour les plus solitaires et un fameux trois-mâts fin comme un oiseau pour les quatuors. Descendez les voiles, remontez l’ancre et cap sur l’aventure !
Sea of Thieves mise en grande partie la réussite de son concept sur l’immersion et impressionne dès les premières minutes de jeu par ses performances graphiques. Bien que cartoon dans son esthétique, certains éléments visuels se démarquent par la qualité de leur rendu, on pensera ici à l’eau et son affichage absolument fantastique, quasi photo-réaliste, capable de simuler à merveille une mer calme aux vagues reflétant la lumière du jour ou bien le chaos d’une violente tempête. L'optimisation de l'ensemble a elle aussi bénéficié d’un réel souci du détail de la part d'un studio qui tient à ne pas livrer un bête portage de la version Xbox One sur nos PC. Doté de nombreuses options, le titre tourne sur une large gamme de machines, du PC le moins puissant à la configuration la plus haut de gamme. Les versions Xbox One et Xbox One X sont elles aussi très bien optimisées, un point crucial lorsque l'on sait que le cross-play occupe une place de choix dans la communication du studio. Mention spéciale au sound-design qui assure là encore le spectacle et l’immersion sur terre ou en mer bercé par le bruit des planches qui craquent sous la puissance des vagues et des pirates ivres qui titubent en jouant de leur instrument. On en prend plein les yeux et les oreilles.
Absent lors des bêtas, le menu de création de personnage de Sea of Thieves nous été présenté en partie durant notre visite des studios. Il prend la forme d’un manège infini où le joueur peut choisir entre un nombre quasi-infini de personnages créé aléatoirement par le jeu. Les développeurs insistent sur les possibilités de l’outil et sur la variété des modèles disponibles, femmes, hommes, personnages petits, grands, gros, borgnes, manchots, avec une jambe de bois, des dents en moins ou en or, vous trouverez toujours le pirate de vos rêves. Et quand bien même votre choix ne vous conviendrait pas à la longue, les personnalisations in game incluent vêtements et particularités physiques.
All aboard !
La première qualité de Sea of Thieve réside dans sa très grande accessibilité. Nulle barrière de niveaux, d’équipement ou de progression ici puisque chaque joueur, du pirate le plus débutant à la légende vivante des corsaires peut accéder au même contenu sans distinction de puissance ou de possibilités d’action. Chaque matelot débute son aventure maritime avec le même pack de départ, on y trouve l’attirail nécessaire à tout bon loup de mer : une boussole, une longue-vue, un seau pour écoper les fuites d’eau, une épée, un pistolet, un fusil ainsi que divers instruments de musique tels qu’un accordéon ou un orgue de barbarie à utiliser sans retenue pour ambiancer vos périples, seuls ou en bœuf avec d’autres membres de votre équipage ! Et n’oublions pas notre bonne vieille chopine de rhum à consommer (si possible) avec modération afin d’éviter de dégobiller en plein milieu d’une bataille navale.
Nul tutoriel ne vient habiller l’écran dès les premières minutes de jeu, Rare a souhaité offrir aux aventuriers l'expérience la plus directe et organique possible. La plupart des objets peuvent être manipulés, observés, montrés aux autres joueurs d’un simple clic droit. Cela encourage les interactions entre l'équipage et participe à la mise en place de l’aspect multijoueur impeccable de Sea of Thieves qui encourage dès le départ la coopération et ouvre un tas de portes à différents niveaux de gameplay émergents. Chaque tâche sur votre navire, dès vous jouez avec un ou plusieurs équipiers, requièrt communication et coordination. Naviguer en pleine mer, localiser l’île de votre future traque, réparer la coque du navire, tout cela nécessite un teamplay constant. L’absence de HUD à l’écran (hormis pour quelques indications tels que vos munitions ou votre état de santé) est un moyen supplémentaire pour Rare de motiver les joueurs à communiquer à l’oral et donc à se plonger dans la peau de leur pirate.
Danser, jouer de la musique, observer les vagues et l’horizon, boire trop de rhum à s’en faire vomir (dans un seau idéalement pour ensuite le jeter au visage de vos ennemis), les interactions sont simples à assimiler et forment le coeur d’un gameplay qui ne demande qu’à se laisser exploiter par la créativité des joueurs. Les développeurs reviennent par exemple avec nous sur cette immense initiative de plusieurs équipages, regroupés sous la bannière (fictive) d’une armada de navire prenant le large côté à côté pour semer la terreur sur les eaux. Face à eux, s’est formé une force adverse de matelots protecteurs des innocents, tous habillés en tenue d’amiral symbole de leur appartenance à un gouvernement certes fictif, mais bel et bien présent sur les eaux. On peut s’imaginer des centaines de scénarios possibles dans le monde de Sea of Thieves, du petit équipage renégat spécialisé dans le pillage de navires inoccupés à l’énorme flotte impériale comme mentionnée un peu plus haut.
Le titre de Rare sera disponible dès le jour de sa sortie (le 20 mars prochain) via l'offre d'abonnement Xbox Game Pass, permettant aux possesseurs de Xbox One de jouer à un catalogue d'une centaine de titres pour 9,99 euros par mois. Comme d'autres titres, SoT est estampillé Play Anywhere, c'est-à-dire qu'ils est aussi jouable sur PC avec le même achat.
Il ont volé not' coffre, pirates !
Puisque la finalité de toute escapade en mer consiste à mettre la main sur des richesses, le PvP occupe une place très importante dans le monde de Sea of Thieves. La carte du jeu est en réalité une instance de serveur ou 16 joueurs évoluent simultanément. On parle donc de quatre groupes de quatre joueurs, ou d’équipages de différentes tailles regroupés ensemble sur un large territoire maritime constitué de dizaines petites ou moyennes îles à explorer. Le studio évoque avec nous une technologie de serveur capable de maintenir un certain rythme dans le nombre de rencontres d’autres joueurs en mer, on nous parle d’environ vingt minutes entre chaque rencontre potentielles, un intervalle capable d’instaurer un certain équilibre entre les phases de chasse au trésor et de potentielles batailles. Les rencontres histiles entre joueurs, même si elles mériteraient quelques ajustements côté sensations d’impact des armes, sont l’occasion de faire parler son skill, son jeu en équipe et surtout son ingéniosité.
Tout navire croisé en mer appartient toujours à un autre groupe de joueurs, libre à vous alors de sympathiser avec eux pour partir à l’assaut de défis plus corsés ou bien de leur envoyer quelques boulets dans la coque et de les aborder avec panache. Votre objectif sera de mettre la main sur leur(s) éventuel(s )coffre(s) aux trésors avant de (pourquoi pas) couler leur navire. On navigue sur les eaux de SoT avec le risque constant de tout perdre, motivé d’un côté par l’envie d’enchaîner les chasses aux trésors pour faire fortune au risque de tout perdre en cas d’attaque ou d’avarie et de l’autre par la nécessité de retourner régulièrement à un avant-poste pour vendre son butin.
Et passées les premières heures, on fait quoi ?
S’il reste horizontal et avant basé sur le cosmétique, le système de progression de Sea of Thieves s’articule pour le moment autour de trois factions auprès desquelles il faudra augmenter sa réputation grâce aux différentes quêtes qu’elles nous proposent. La difficulté des contrats proposés augmente avec votre niveau d’affinité pour renouveler le challenge au fil du jeu. Insistons sur le fait qu’aucune barrière ne vient empêcher un joueur débutant de rejoindre la quête d’un autre bien plus avancé, c’est avant tout ça Sea of Thieves, du partage, de la coopération, sans aucune limitation.
La première des factions, les Goldkeepers concentrent leurs tâches sur la chasse aux trésors et les énigmes, c’est auprès de leurs émissaires que les équipages vont régulièrement partir en exploration afin de déterrer du butin sur les îlots. Le mot îlot est important ici, car la taille des zones terrestres visitées lors de nos différentes sessions de jeu laisse penser qu’aucune île de grande envergure figure sur la carte. On aimerait s’aventurer dans des lieux parfois plus vastes, plus mystérieux et surtout plus riches en interactions : des temples abandonnés remplis d’énigmes, d’immenses cavernes ou encore dans une ville digne de ce nom. Mais si l’idée de créer une Tortuga n’est pas incompatible avec la vision de Rare, sa mise en place imposerait des restrictions que le studio ne souhaite pas imposer aux joueurs (interdiction d'utiliser ses armes, mode PvP désactivé, etc.).
La seconde faction des Commerçant est en charge des échanges maritimes. Vous y trouverez des contrats de livraison à effectuer en un temps limité ainsi que plusieurs possibilités de revente de marchandises bien différentes de vos coffres habituels. Poulets, cochons, et même serpents peuvent être capturés sur les îles pour ensuite être échangé contre des pièces d’or. Et on ne stocke pas un cochon en cage comme un vulgaire baril de poudre, la moindre fuite d’eau dans la cale risquerait de le noyer. Le studio souhaite donc mettre l’accent sur ce genre de butins à risques, les serpents peuvent vous mordre (vous ou vos ennemis) et il existe certains coffres maudits dotés de capacités spéciales : l’un vous rendra complétement saoul lorsque vous le tenez, un autre ne cessera de pleurer et de faire monter le niveau d’eau sur votre navire, etc. C’est avec ce genre de petits détails que Rare entend régulièrement rafraîchir l’expérience de jeu.
La dernière faction du lancement concentre ses requêtes vers le combat contre les squelettes. Elle vous demandera de récupérer les crânes dorés d’anciens capitaines pirates et de prendre d’assaut les forteresses des revenants. Nous avons d’ailleurs pu entrevoir les contours d’un futur événement régulier sur les serveurs du jeu : un immense nuage en forme de tête-de-mort apparaîtra parfois dans le ciel à l’endroit où la forteresse principale des squelettes sortira des eaux. Bien gardé, ce bastion nécessitera (si possible) la coopération de plusieurs équipages pour tenter de mettre la main sur la seule et unique clé capable d’ouvrir une vaste salle des coffres remplies de trésors. Là ou les choses deviennent très intéressantes, c’est qu’un seul équipage, à moins de plusieurs aller et retour, ne pourra pas emporter avec lui l’ensemble du butin, les développeurs s’attendent donc à ce que la situation tourne au PvP ou à l’entraide si les groupes parviennent à trouver un accord de partage.
La présence en mer d’un plus grand danger nous est aussi confirmée, un immense Kraken rôde dans les eaux de Sea of Thieves. Son apparition régulière sera précédée par un des remous inhabituels à la surface de l’eau, signe que ses puissants tentacules vont bientôt faire surface. La bête demandera la coopération de plusieurs navires pour être vaincues, mais promet en récompense de fabuleux trésors aux corsaires les plus courageux.
Pirates as a service
Rare promet un suivi constant de son projet et envisage clairement Sea of Thieves en tant que “game as a service”. Trois mois après la sortie du jeu, une mise à jour d’envergure viendra ajouter beaucoup de nouveau contenu selon les dires du studio. En attendant, les développeurs anglais nous dévoilent en avant-première l’une des fonctionnalités encore secrète du titre : la possibilité pour les joueurs de devenir un pirate de légende. En atteignant le rang maximum de réputation auprès des différentes factions de SoT, vous débloquerez ce statut particulier synonyme de gloire. Devenir une légende vivante des mers vous donnera accès à un repaire spécial caché sous une grande cascade, un lieu mythique dans l’univers du jeu, peuplé par les fantômes des anciens pirates de renom et par le roi des pirates en personne. Vous y trouverez une taverne, de nouveaux contrats légendaires à réaliser (sans limitation de niveau de réputation) avec vos amis et la possibilité de personnaliser d’avantage votre fier galion.
À la lumière de nos discussions avec les différents membres de l’équipe de développement lors de notre visite des studios, il est temps de répondre à la question que de nombreux joueurs de la bêta se pose. Certes, l’expérience Sea of Thieve est très plaisante le temps de quelques soirées à déconner entre potes, mais sera-t-elle assez riche et variée pour maintenir son intérêt sur la durée ? Interrogation légitime lorsque l’on constate que l’essentiel des activités du jeu consiste à localiser la position d’un trésor ou d’une énigme sur une île, s’y rendre en navire contre vent, pirates adverses et marées, trouver le butin en question pour ensuite aller le revendre à un avant-poste ; un peu léger penseront certains. Mais pour Rare, tout est question de capacité à s’imaginer et à partager une histoire tout en parcourant les mers. Et il n’y a qu’à se pencher sur l’énorme succès du jeu sur les plateformes de streaming lors de sa dernière phase de test pour constater le plaisir immédiat que procure Sea of Thieves lorsqu’il est joué en groupe. On se prend tout de suite au jeu et on adopte en quelques minutes à peine le comportement d’un vieux briscard des mers, les cris fusent sur le pont : “Hissez les voiles !” hurle le capitaine de fortune tandis que son équipage souvent indiscipliné boit du rhum et essaye de tirer au canon au rythme endiablé d’une mélodie jouée à l’accordéon.
La progression de Sea of Thieve se veut exclusivement horizontale, elle ne concerne que la personnalisation de votre pirate et de son navire. Un nouveau pistolet ne sera jamais plus fort que celui de base, simplement plus beau, votre nouvelle jambe de bois ne vous donnera pas un avantage sur le terrain, elle changera juste votre apparence. Reste à savoir si cette philosophie plaira à la majorité des joueurs sur la durée, si la répétition des chasses aux trésors et des batailles avec pour seule finalité de l’achat d’une nouvelle ceinture dorée ou d’un accordéon plus rutilant ne viendra pas à bout de l’engouement initial de la communauté ? Rare entend enrichir son titre au fil des patchs, avec de plus en plus d’options de personnalisation de navire, des emblèmes pour les voiles, des figures de proue, des animaux de compagnie dotés d’interactions, etc. Le studio insite sur le fait que le Pay to Win n'a pas sa place dans SoT, un cash shop devrait arriver en jeu trois mois après sa sortie, mais il ne contiendra là aussi que des éléments cosmétiques et aucune forme de loterie tels que des coffres au contenu aléatoire.
Bref, du contenu arrive en jeu et devrait suffire à occuper les joueurs en attendant la première mise à jour d’envergure. On espère que cette dernière viendra ajouter une bonne couche d’interaction avec l’environnement, car les îles du jeu paraissent à l’heure actuelle bien vides lorsqu’on les explore dans leurs moindres recoins.
Doté d'une direction artistique et d'un sound-design à tomber, Sea of Thieves procure un plaisir de jeu immédiat. Le titre happe sans tarder le joueur dans sa proposition sandbox immersive au royaume de la piraterie. Placé sous le signe de l'accessibilité, le prochain Rare est tel un jeu de plateau que l'on sortirait pour se détendre entre amis, un titre à envisager non pas sous le regard d'un joueur hardcore, mais comme un terrain de jeu propice à la fabrication d'histoires épiques et/ou hilarantes avec une bande d'amis. Une bouffée d'air frais pleine de bon sens à l'heure où les joueurs croulent déjà sous les titres chronophages. Reste maintenant à Rare d'enrichir sa proposition initiale au fil des mises à jour pour sans cesse renouveler nos sessions de jeu et ne pas sombrer dans la lassitude après quelques semaines de chasse aux trésors. Sea of Thieves débarque le 20 mars prochain sur PC et Xbox One.