La peur nous fait sentir vivant par ce constant rappel à notre condition d'être fait de chair et de sang. Depuis les premiers Survival-Horror, le jeu vidéo est un terrain fertile à notre irrépressible besoin de frémir. Nos instincts primaires addicts à l'adrénaline réclament une injection régulière et Agony s'avance la seringue rouillée à la main pour nous administrer notre dose. L'horreur s'invite sur PC et consoles de salon avec la ferme intention de nous plonger dans un enfer de pixels. C'est le palpitant à 180 bpm et les yeux exorbités que le titre de Madmind Studio nous accueille à bras ouverts. Sortirons-nous indemnes de ce périple aux frontières de la démence ?
Agony : Une longue séquence de gameplay
Lors du KOCH Media Day (K-Day) organisé à Paris par l’éditeur éponyme, le Survival-Horror de Madmind Studio nous a ouvert les portes de ses Enfers. Après une présentation de 15 minutes sur le second niveau du jeu, nous avons exploré 30 minutes durant le premier niveau.
Voyage à bout de nerfs
Agony n'est pas un jeu à mettre entre toutes les mains. Les joueurs aguerris, habitués des asiles psychiatriques abandonnés et des cimetières lugubres, y réfléchiront à deux fois avant de pénétrer dans ces enfers. La vision infernale de Madmind Studio traumatise les sens et s'en amuse. Des profondeurs d'une prison abandonnée pour âmes damnées à un labyrinthe mortel, Agony se nourrit de nos peurs pour concevoir des environnements encore jamais vu. Et les inspirations sont nombreuses pour épicier ces lieux sans pareil. Références christiques, nordiques... les artistes piochent ici et là pour bâtir ces enfers multiculturels.
Et ces visions cauchemardesques choqueront les plus endurcis. Os brisés et viscères jonchant le sol, sang séché sur les murs, créatures infernales vagabondant dans l'obscurité... c'est la rétine en PLS que vous explorez ce monde qui n'a rien à envier à celui de Dante. Agony se délecte de cette peur qui vous parcourt l'échine et ne vous laisse aucun répit. L'ouïe est également chahutée de toute part. Le cri d'un chien des enfers, les pleurs d'un nourrisson, les hurlements d'un torturé... des sons à faire pâlir un exorciste frappent les tympans et la spacialisation de ces horreurs auditives tétanise.
Les cinq sens sur le qui-vive, ces enfers prennent tout leur sens à travers quatre niveaux ouverts conçus pour accentuer l'exploration et désorienter. Le jeu de Madmind Studio est une invitation au voyage, à la découverte d'un monde à la foi traumatisant et envoûtant au risque de sombrer dans la folie. Et le level design est un acteur majeur de cette aventure macabre. Agony n'est pas affaire de violence au premier degré. Ce survival-horror agresse votre être et plie votre esprit à sa volonté. Des puzzles jalonnent ainsi cette quête "initiatique" et force les démunis à fouiller les moindres cavités de ce petit coin de paradis pour en découvrir les mystères.
Et si l’envie vous prenait de mettre fin à vos jours en jeu... sachez que la mort n'est pas permise. Ceci n'est pas votre corps, mais un simple emprunt. Et les pauvres bougres condamnés à errer ici-bas ne manquent pas. L’âme que vous incarnez peut prendre possession des individus et démons qui peuplent ces enfers. Mais la cohabitation n’est pas de tout repos et les possédés se rebiffent au point de vous expulser après une lutte mentale acharnée. La mort n’a ici aucune emprise sur vous et votre agonie sera éternelle. Votre santé mentale est la victime consentante d’une Reine Rouge (le maître des lieux) sadique et charismatique.
Agony porte à la perfection son nom. L’expérience imaginée par Madmind Studio vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher. Cette aventure traumatise, envoûte, désoriente les damnés plongés dans ces enfers d’un genre nouveau. Les visuels, l’ambiance et le level design unissent leur force pour agresser vos sens et ne vous laisser aucune échappatoire. Agony se traverse les mains moites au rythme d’une tachycardie appuyée. L’horreur n’a jamais été aussi graphique. Inutile de fermer les yeux, ce survival-Horror marque votre âme au fer rouge.