La licence Total War sort de nouveau les griffes en 2018 bien décidée à conquérir le cœur des stratèges et à s’attirer les faveurs d’une nouvelle communauté de joueurs. Warhammer, Arena… cette franchise fructueuse multiplie les épisodes alternatifs. Et Creative Assembly lance une nouvelle série Spin-off répondant au nom de A Total War Saga dont le premier volet Thrones of Britannia se focalise sur l’unification des royaumes britanniques au IXème siècle.
Lors d’un Press Tour organisé par Sega et Creative Assembly dans les locaux du studio anglais basé à Horsham, A Total War Saga : Thrones of Britannia s’est laissé arpenter 3 heures durant en mode campagne à la tête de la faction Mide, un peuple irlandais.
Le Royaume-Désuni
Fin du IXème siècle. Les royaumes anglais subissent les attaques répétées des hordes Vikings débarquées en 865 ap. J-C. Durant une décennie, les armées autochtones résistent aux envahisseurs, mais cèdent la cité de York en 866 de notre ère. Pourtant, face à l'adversité, un royaume résiste et défait les Scandinaves à plusieurs reprises. Une décennie plus tard, Alfred (roi de la province de Wessex), oblige le leader Viking Guthrum à battre en retraite et accepter un traité de paix le couronnant roi de la province de York. La saga Thrones of Britannia peut débuter.
Les événements décrits ci-dessus devraient raviver chez vous de récents souvenirs. Le contexte historique choisi par Creative Assembly fait suite à la série Vikings diffusée sur la chaîne History. Simple coïncidence, ce lien officieux introduit une période charnière de l’Histoire du Royaume-Uni. À des lieues des mythes et légendes du roi Arthur, Thrones of Britannia raconte à sa manière l’unification des provinces britanniques sous une bannière commune. Irlandais, écossais, anglais, vikings (pour un total de 10 factions jouables)… Quel peuple dominera en définitif ces territoires insulaires ?
Et les conditions de victoire diffèrent d’une faction à l’autre. Simples événements narratifs, conquêtes de territoires précis, croissance exponentielle de votre réputation ou bien le trépas de vos principaux rivaux… succès et échecs se dessinent par vos actes et vos choix lors d’une campagne extrêmement longue et exigeante. À titre d’exemple, la faction Mide dirigée par Flann a pour objectif d'unifier l’Irlande et d'asseoir son emprise sur les provinces qui la composent.
L’art de la guerre
La formule Total War évolue avec son temps, mais prend son temps. Chaque nouvel épisode modifie la recette à sa convenance, ajoute de nouveaux éléments de gameplay et en ressuscite d’autres issus des précédentes itérations. Mais la saveur reste dans les grandes lignes la même. Les fidèles se retrouvent donc en terrain connu. Une carte réduite à l’échelle des îles britanniques et une période historique courte constituent les principaux éléments différenciant de ce spin-off qui s’inspire allègrement de ses aînés pour bâtir une expérience au goût de déjà vu.
La guerre est au cœur d’une expérience forgée dans le sang. Sur ce point, A Total War Saga : Thrones of Britannia innove très peu. Les batailles supposément réduites de par le contexte historique impliquent encore des centaines d’unités à l’écran. L’aspect « escarmouche » que nous étions en droit d’attendre est ignoré au profit de batailles rangées et de sièges toujours aussi plaisants à diriger. Les différences majeures se comptent sur les doigts d’une main, mais épicent les affrontements et la gestion de vos armées.
Le recrutement des unités s’effectue dans les provinces contrôlées sans avoir besoin de rallier une cité. Et la patience est une vertu. Fraîchement enrôlées, vos troupes ne comptent qu’un nombre limité de soldats augmentant au fil des saisons (printemps, été, automne, hiver) pour compléter les rangs. Et ces guerres incessantes sont nécessaires au bonheur de votre peuple. La ferveur de guerre traduit l’amour de vos administrés pour les victoires et la grandeur de votre nation naissante. Mais ces conflits ne peuvent durer indéfiniment sous peine de subir les râles d’une population écœurée qui n’hésite pas à se faire entendre. L’ordre public doit être maintenu et les actes de rébellion désamorcés.
La voie de la diplomatie
Gouverner ne peut se faire uniquement par l’épée. Administrer votre province et les territoires placés sous votre coupe exige une attention toute particulière. Expansion de vos villes, édification de bâtiments, gestion des ressources pour nourrir vos troupes… ce Wargame ne surprend que trop rarement. Cependant, la présence d’un arbre généalogique change la donne et offre des alternatives diplomatiques aux simples conflits armés. Nul besoin de déclarer la guerre à votre voisin quand un mariage vous assure le contrôle de la province. Et les opportunités sont nombreuses.
Manipuler un noble sur le point de vous trahir. Récompenser un baron par un poste de gouverneur de province. Assassiner un proche pour éviter tout litige de succession. Un souverain tire les ficelles dans l’ombre et cette voie diplomatique réserve bien des surprises. Pacte de non-agression, traité de paix, échanges commerciaux… votre ascension exige une plume affûtée et un goût prononcé pour la négociation. Des événements ponctuels brisent également la monotonie de votre règne. Défendre un allié, soutenir une invasion, maintenir une fête populaire… ces prise de décision ont à moyen terme des conséquences multiples sur votre royaume et vos proches.
Ces personnages de premier plan évoluent au fil des saisons et gagnent en compétences selon les choix opérés durant la campagne. Les traits de personnalité définissent le comportement général du sujet (traîtrise, agressivité…). Les « Followers » accordent divers avantages (ordre public, gestion des ressources, loyauté…). Et les statistiques évoluent de manière organique selon les actes perpétrés. Savoir s’entourer fera toute la différence entre un règne long et prospère, et une mort précipitée.
Les affres du temps
Que serait un Total War sans ses batailles à grande échelle impliquant des centaines, des milliers de soldat ? La beauté de la série réside dans cette effervescence guerrière privilégiant le nombre. Les cartes de Thrones of Britannia nous transportent sur les verdoyantes îles britanniques à la découverte des événements qui ont décidé de l’avenir du futur Royaume-Uni. Cependant, la gifle graphique n’est toujours pas au rendez-vous. Le moteur de Total War : Attila accuse le poids des années. Visuellement, la série a trop peu évolué depuis 2016. Les animations rigides et limitées, les environnements statiques et sans vie… tirent la licence vers le bas à l’heure des mondes ouverts réalistes. Et pourtant, les affrontements profitent plus que jamais de cette intensité née d’un nombre toujours plus ahurissant de troupes envoyées à une mort certaine.
Principale ombre au tableau et qui espérons-le sera effacée d’ici la sortie du jeu, l'interface austère et confuse empêche les joueurs de profiter pleinement de ce jeu de stratégie aux possibilités considérables. Il est courant de se perdre au sein de menus qui se ressemblent tous. La seule carte de campagne est une purge avec ses frontières illisibles et son manque de clarté générale, la faute à un zoom bridé et un florilège soutenu d’informations.
A Total War Saga : Thrones of Britannia est le digne successeur de Total War : Attila. Forces et faiblesses de la licence se sont donné rendez-vous sur les terres du futur Royaume-Uni pour narrer les événements qui ont mené à l’unification des îles britanniques. Ce spin-off puise dans les éléments historiques de la série pour tracer sa propre destinée sans jamais innover. Il serait facile de reprocher au studio cette absence de prise de risque, mais ce Wargame est pensé pour convenir aux fans et non pour inciter de nouveaux joueurs à franchir le pas. Alea jacta est.