Prenez Rocket League, retirez les bagnoles et remplacez les par un casting de personnages tout droit échappés d’un MOBA. Breakaway est un jeu de combat sportif en équipe et en arène puisant ses influences du côté de plusieurs genres : le MOBA, le sport et le Tower Defense. Le titre peut initialement ressembler à l’un de ces nouveaux jeux compétitifs qui fleurissent sur le marché depuis quelques années, mais ce qui le rend différent est la façon dont son éditeur Amazon Game Studios souhaite le mettre en avant afin de promouvoir l’aspect communautaire de son moteur de développement Lumberyard. Tandis qu’un certain Star Citizen a aujourd’hui rejoint les rangs du moteur graphique, Breakaway est le premier projet d’envergure construit tout autour de l’idée du streaming. De la taille du terrain à la durée des matchs, le titre souhaite devenir le porte-étendard du sport sur la plateforme Twitch (rachetée par Amazon on le rappelle)… rien que ça.

Un mélange des genres qui fonctionne

Breakaway offre une lecture assez unique de plusieurs genres avec son mélange d’éléments tout droit venus de titres tels que Rocket League, Overwatch ou encore League of Legends. Ici, deux équipes s’affrontent pour capturer un ballon (appelé Relique) et le conserver suffisamment longtemps sur le terrain/arène pour tenter de marquer un but dans la zone adversaire. A première vue, la combinaison de tous ces styles de jeu pourrait accoucher d’un résultat bancal… et pourtant, l’hybridation fonctionne dans la cas présent. L’équilibre entre tous les styles de jeu est présent, Breakaway est autant un MOBA, qu’un simili Tower Defense ou qu’un jeu de football américain.

On pourrait finalement comparer Breakaway à un autre titre, oublié sans doute trop tôt par les joueurs tant son potentiel était grand : Super Monday Night Combat. Les deux jeux partagent en effet une vision similaire du jeu de sport en arène, avec une mise en avant du jeu en équipe et un casting de personnages dotés de compétences distinctives. La galerie de héros du jeu (11 pour le moment) est tirée de figures reprises de différentes légendes afin d'ancrer son lore plus facilement dans l’imaginaire collectif des joueurs.

Si l’objectif de chaque match est de tenter de marquer un but durant les quatre minutes de chaque round, y parvenir ne sera pas de tout repos ! Le combat occupe une place essentielle dans l’expérience promue par le studio. Il suffit d’une seule attaque au-delà du petit bouclier de protection conféré par l’attrapage de la relique pour que votre personnage lâche cette dernière au sol. Les séquences de gameplay à proximité de l’une des zones d’en-but se montrent en ce sens assez palpitantes avec des passes à courte portée, des éliminations à grand renfort d’ulti et autres courses effrénées de joueurs parvenus à se détacher de la mêlée. Tandis que marquer un point représente la façon la plus « simple » de terminer un round, une équipe peut tout aussi bien décider de se focaliser sur l’attaque pour tenter d’annihiler la totalité de ses opposants avant leur respawn et ainsi mettre fin à la manche en cours.

Repris des MOBA, deux cristaux se situent de chaque côté de l’arène et octroient un bonus d’attaque temporaire à votre équipe lorsqu’un joueur parvient à détruire celui situé du côté adverse. Mine de rien, l’espace assez limité des arènes de jeu de Breakaway offre un éventail varié d’actions réparties entre la défense, l’attaque et la coordination des mouvements des deux équipes. C’est sur cet aspect que le studio peut espérer creuser sur trou sur la scène compétitive. Tout comme un MOBA encore, on retrouve différents archétypes de héros correspondants à plusieurs approches de jeu : des DPS à distance, des assassins au corps-à-corps et des personnages défensifs accompagnés de soutiens.

Une question de build et de but

Les contrôles du jeu sont assez standards pour lui permettre d’être pris en main en un rien de temps par le joueur. ZQSD pour se déplacer, touche espace pour sauter et shift pour glisser vers l’avant ; le tout est complété par un accès rapide à deux capacités sur les touches A, E et R pour un ulti au temps de recharge assez court pour être utilisé lors de la plupart des assauts en équipe. Lorsqu’un joueur récupère la relique/balle, il devient incapable d’utiliser ses capacités, mais peut bien entendu se déplacer, esquiver ou bien effectuer une passe à un coéquipier.

Durant le match, chaque joueur récupère de l’or au sol en fonction de ses performances et de celles de son équipe. Cette monnaie couvre les dépenses de la partie gestion de build calquée sur celle d’un MOBA. Entre les améliorations d’attaque, de défense, de vitesse de déplacement ou encore de vol de vie, on retrouve ici la plupart des archétypes classiques du genre. Le nombre de configurations sur un seul et même personnage est plutôt rassurant quant à la capacité du jeu à maintenir son intérêt sur la durée auprès des joueurs investis. Un héros présenté comme défensif n’est donc pas limité à servir uniquement de tank durant un match puisque ses véritables points forts sont en grande partie déterminés par le choix de ses objets durant la partie.

Twitch dans l'âme

Les matchs se déroulent en trois rounds gagnants au sein d’arènes pensées pour développer des stratégies en équipe ou des embuscades. Chaque personnage possède en plus la capacité de poser deux éléments au sol : pièges, zones de soin, barils explosifs, champ de ralentissement, le volet Tower Defense n’est pas le premier élément vers lequel se tourneront les joueurs débutants, mais il démontre son plein potentiel au fil de la progression des matchs. Car si les passes entre joueurs demandent un certain temps d’adaptation, un héros seul, lancé à pleine vitesse de votre côté du terrain représente une sérieuse menace pour l’issue du match. Mieux vaut alors lui faire traverser un véritable champ d’embuscades pour très vite calmer ses ardeurs.

L’essentiel du gameplay maintenant expliqué, se pose maintenant une simple question : Breakaway a-t-il d’autres ambitions que celle de se positionner en tant que vitrine servant à vanter les fonctionnalités de streaming Twitch du moteur Lumberyard d’Amazon ? Il ne fait aucun doute que le titre sera largement mis en avant sur la plateforme de streaming à grand renfort de tournois événementiels promotionnels. S’il dispose d’une base de gameplay plutôt solide et d’un concept 100 % orienté compétition, reste une grande inconnue dans l’équation, quid de la réception du public ? L’avenir du titre sera entièrement dicté par sa capacité à retenir ses spectateurs et joueurs, une inconnue qui pèse lourd au-dessus de la tête de chaque projet revendiquant une étiquette compétitive.