Vaut-il mieux vivre l’horreur du quotidien ou se perdre dans un bonheur virtuel ? Voilà la question qui semble être posée dans State of Mind, nouveau jeu d’aventure de Daedalic Entertainment, un titre qui nous a fortement intéressé lors d’une présentation à l’E3 2017.
Un futur à l’ancienne
En 2048, la surpopulation et la surexploitation des ressources terrestres ont eu des répercussions dramatiques sur la société, créant ainsi une dystopie dans le plus pur style des romans d’anticipation des années 50. Si la technologie a amené la robotique dans les foyers, elle a aussi creusé un énorme fossé entre les classes sociales.
C’est dans ce Berlin futuriste que vous jouez Richard Nolan, un journaliste totalement réfractaire à la technologie telle qu’elle existe dans ce monde au bord du gouffre. Dès l’intro de l’aventure, un accident survient et Richard se retrouve à l’hôpital, après trois jours de coma. Malgré quelques flashbacks énigmatiques pendant lesquels il voit sa femme, son fils ou encore ses beaux-parents, il n’a aucune idée de ce qu’il s’est réellement passé et malgré l’aide d’un docteur aussi amical qu’inquiétant, il ne parvient pas à se souvenir de la cause de son accident, ou si cet accident a réellement eu lieu. Mais c’est en rentrant chez lui qu’il comprend que quelque chose de plus grave se trame : sa femme et son fils ont tous les deux disparus.
L’appât du virtuel
Jusqu’ici, on pourrait considérer le scénario comme classique. Toutefois, lorsque la réalité virtuelle s’en mêle, cela devient une toute autre affaire. En effet, devant une société au bord de l’effondrement, une boîte internationale a créé un univers virtuel utopique où le bonheur règne sans ombre. Une version idyllique d’un monde moribond qui permet aux gens d’oublier tous leurs soucis. Malgré ses convictions qui devraient l’éloigner de ce qu’il considère comme une mascarade, Richard va transférer son esprit dans cette utopie suite à la perte de sa famille. Malheureusement, ce transfert ne se passe pas comme prévu : plutôt que de se retrouver transposé dans le monde virtuel, Richard va assister à l’apparition d’Adam, un pendant de lui-même, qui prend sa place dans l’utopie tout en gardant des liens directs avec Richard, toujours présent dans le monde réel. Non seulement les deux personnages arrivent à communiquer, mais ils sont aussi différents, tant physiquement (Adam est blond contrairement à Richard, qui est brun) que dans leur caractère. De plus, dans le monde utopique, la femme et le fils d’Adam sont toujours présents, même s’ils ne portent pas les mêmes noms.
Evidemment, c’est de cette dichotomie que naît tout l’intérêt de State of Mind. Bien que nous n’ayons pu jouer qu’au tout début de l’aventure, nous avons déjà assez d’éléments pour attester de la profondeur du scénario et du travail sur l’univers. D’une le rendu visuel low poly est d’une efficacité redoutable compte tenu du pitch : la vision d’un futur tel qu’on le voyait il y a de cela quelques décennies, que ce soit dans une version dystopique ou utopique. Tout y est froid, abrupt, et on ressent immédiatement une certaine forme d’insécurité qui n’est pas sans rappeler Another World. Malgré des visuels de prime abord archaïques, State of Mind réussit à parfaitement scinder les deux mondes, dystopique et utopique, grâce à quelques jeux de couleurs. L’ensemble possède une touche enivrante qui donne envie d’avancer dans l’aventure.
Mais ce qui guidera vos pas sera bien évidemment l’envie d’en savoir plus sur la disparition de la femme et du fils de Richard. Votre avancée dans cette enquête sera constituée de puzzles narratifs et il faudra donc enquêter en fouillant les bons endroits et en retenant les informations importantes. Dans la scène où Richard rentre chez lui pour la première fois depuis l’accident, on pouvait observer pleins d’objets dans la maison pour avoir plus d’informations sur les activités récentes de sa femme, bien aidé par un robot humanoïde que Richard semble d’ailleurs haïr profondément. Il est difficile, semble-t-il, de discerner les détails des vrais indices et on retient naturellement chaque information, au cas où, sans avoir l’impression d’être perdu. Ce qu’on sait du reste de l’aventure, c’est qu’il sera possible de jouer plusieurs personnages, ce qui laisse penser qu’il y a encore beaucoup, beaucoup de choses à découvrir. Bref, un premier aperçu particulièrement intrigant.
Trailer de State of Mind : E3 2016
State of Mind peut se targuer de proposer un univers singulier, qui rappelle fortement les vieux romans d’anticipation. Abordant les thèmes du transhumanisme, de la fuite ou encore de l’impact de la technologie sur notre société, il intrigue par ses mystères, à la fois servi par sa narration et son design particulier dont l’épurement appuie l’immersion. Si la disparition de la femme et du fils du journaliste Richard Nolan semble être un premier pas dans ce monde qui mêle monde réel et utopie virtuelle, d’autres vecteurs d’intrigue, plus psychologiques, prendront rapidement les devants, de ce qu’on a pu comprendre pendant cette présentation. En tout cas, pour le moment, on est conquis.