Crackdown 3. Voilà un jeu qui ne semble pas emballer les foules, tout du moins en France. En 2007, le premier épisode s'était surtout fait un nom parce que sur la même galette se trouvait un accès à la bêta du très attendu Halo 3. De quoi booster les ventes et permettre à quelques curieux de découvrir un TPS sympathique, décomplexé et rigolo. On a peut-être du mal à s'en rendre compte dans l'Hexagone, mais dans les territoires où l'impact culturel de la marque au X vert s'est fait plus fort, Crackdown bénéficie d'une petite communauté de fans. Malgré un second opus oubliable, Crackdown 3 promet de revenir aux sources, dans le même temps qu'il exploitera les capacités de la Xbox One X, mais aussi du cloud-computing. Bref beaucoup de promesses, mais dans les faits, qu'en est-il ?

L'appétit de la destruction

Xbox et Reagent Games, qui remplace donc Realtime World sur cet épisode, avaient mis à disposition de la presse et du public une démo assez courte, principalement chargée de démontrer les avancées du studio sur la partie gameplay du jeu. Et ce donc en solo. À notre grande surprise, on a vite constaté que la destruction de bâtiments, tellement mise en avant lors du premier reveal du jeu, n'était pas au programme. Dommage, car il s'agissait sans doute de la feature la plus intéressante, ou tout du moins la plus différenciante, du jeu. Après discussion avec les développeurs, il s'avère que le cloud-computing, supposé gérer ces calculs, est toujours au programme, mais il concerne uniquement les affrontements joueur contre joueur, et donc la section multijoueur de Crackdown 3. Selon le studio, il en a toujours été ainsi, il ne s'agit donc pas d'un retro-pédalage. Ils expliquent notamment cela par les besoins imposés par l'évolution du scénario, ce qui semble en fin de compte assez logique. Toujours est-il qu'en l'état, nous étions un peu déçus : une campagne dans un monde ouvert entièrement destructible, voilà qui aurait été audacieux. Car de l'audace, c'est bien de ça dont manque le jeu.

Cherche et détruis

Parce que manette en mains, on s'en rend vite compte, Crackdown 3 n'a pas grand chose de plus à proposer que le premier opus paru il y a maintenant 10 ans. On contrôle toujours un soldat surhumain, membre de l'Agence ; ce dernier est envoyé sur une île contrôlée par Terra Nova, une sinistre association de malfaiteurs désormais maîtres de toutes les ressources locales. Au joueur de libérer les honnêtes citoyens de ces malfrats, en entamant une guerre d'usure dans laquelle il sera aidé par la résistance locale. Dans l'absolu, Crackdown 3 est, comme Crackdown premier du nom, un shooter efficace au dynamisme plaisant. Le joueur peut effectuer des super sauts, des dash, et utiliser de nombreux éléments du décor comme armes. Un système de verrouillage permet d'être efficace sur les tirs, la priorité étant mise sur les déplacements et l'utilisation de l'environnement, plutôt que la capacité du joueur à viser correctement.

Les échanges de coup de feu sont toutefois assez plaisants, grâce à un bon boulot effectué sur les armes et leur sound-design. La sensation de tir est plutôt agréable et l'on s'amusera à essayer les nombreuses armes créées par les développeurs. Petite cerise sur le gâteau, la carte abrite des armes lourdes aux effets particulièrement intéressants, à l'image du projecteur de trou-noir ( singularity weapon, en version originale). Ce dernier crée bel et bien un trou noir qui attirera vers lui tout ce qui se trouve à portée : ennemis, voitures, abri-bus, etc. Le résultat est souvent le même : une grosse explosion lorsque plusieurs voitures se retrouvent coincées au même point. Attention à ne pas vous trouver trop près de votre cible !

Le gameplay est donc assez basique mais plutôt efficace, il faut bien le reconnaître. Le tout est mis en valeur par la grande île créée pour l'occasion, et qui fourmille de détails. Puisque Terra Nova contrôle absolument tout dans le coin, il faudra dans un premier temps veiller à perturber son bon fonctionnement, comme par exemple en prenant le contrôle d'une station de métro. Et ainsi attirer l'attention d'un sous-fifre un peu plus important que les autres, afin de commencer à bouleverser la hiérarchie. Sauf que voilà, Crackdown 3 fonctionne sur l'idée que tout ici est dynamique, y compris les réactions des IA. C'est-à-dire que rien ou presque n'est scripté à l'avance, et les ennemis peuvent réagir de façon tout à fait différente d'une partie à l'autre. Un concept rigolo mais dont on a du mal à deviner les tenants et aboutissants dans la même partie : tout pourrait être scripté qu'on ne verrait pas la différence ! En revanche, question rejouabilité, cela pourrait se montrer intéressant. Encore faudrait-il avoir envie de relancer une partie...

Le marchand de sable

Un gameplay nerveux et des phases de shoot amusantes, des situations générées aléatoirement, un grand terrain de jeu... Vous me direz, le jeu semble posséder les bases pour fournir une expérience ludique des plus palpitantes. Eh bien, peut-être, mais la démo ne nous l'a pas franchement démontré. Si les idées sont belles et bien là, restent encore à les utiliser correctement pour produire quelque chose d'intéressant. Dans l'absolu, Crackdown 3 nous a surtout donné l'impression d'être un shooter en monde ouvert amusant mais un peu creux, à peine mis en valeur par sa direction artistique cartoonesque. Le jeu tourne certes en 4K sur Xbox One X, mais le jeu ne flatte pas particulièrement la rétine. Là encore, l'effet « wahou » en prend un coup. Pour ce qu'il nous a montré, Crackdown 3 manque de direction, de buts, d'objectifs, et sans doute un peu de mise en scène. Difficile de s'enthousiasmer pour ce qui ressemble, en l'état, à une sandbox dans laquelle l'essentiel de ce qu'il y a à faire se résume à tirer sur des ennemis pas bien malins.

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