Fort de l'aura de la série Castlevania et d'un Kickstarter record, Bloodstained : Ritual of the Night porte en lui tous les espoirs des fans de Metroidvania, et plus précisément de Castlevania : Symphony of the Night. Un héritage qui peut rapidement devenir un fardeau.
Quand on a les bases...
Dans un 18ème siècle fantastique et romancé, Miriam doit se défaire d'une terrible malédiction qui la transforme en cristal. A cette fin, elle doit affronter tous les démons imaginables dans un château dont le maître n'est autre que Gebel, son frère de cœur, orphelin comme elle. D'autres personnages gravitent autour de ce duo maudit pendant l'histoire mais puisque la démo à laquelle j'ai pu jouer n'abordait que le gameplay, cet aperçu ne s'attardera que sur cet aspect.
Dans un château aux allures des plus gothiques, on contrôle donc la demoiselle dans un jeu d'action/flate-forme 2D marqué au fer rouge « Metroidvania ». Face à des squelettes et autres figures typiques des romans d'horreur style renaissance, il faut trouver son chemin, bien aidé par une carte fidèle au type initié par Super Metroid il y a bien des lunes. S'il faut faire, au début, avec une simple glissade, un saut, et la possibilité de frapper avec ses poings et pieds, on gagne rapidement des armes comme des poignards, des épées ou des lances pour se défendre efficacement. Si la puissance des armes diffère, elles disposent aussi de caractéristiques qui les rendent plus ou moins efficaces selon les ennemis rencontrés, comme la vitesse d'animation, l'élément ou même l'amplitude des coups portés.
En termes d'équipement, il n'y a rien à reprocher à Bloodstained. En plus d'une arme, Miriam peut équiper sa tête, son corps et aussi porter deux accessoires. Mais le plus important est la possibilité d'équiper des Shards (la démo était en anglais) que l'on peut trouver en explorant ou en tuant certains ennemis. Cinq Shards peuvent être équipés à la fois, un par compartiment : si certains sont passifs, d'autres modifient les compétences. Certains s'utilisent comme des magies qui pompent dans une jauge prévue à cet effet, à l'instar de la boule de feu qui peut être tirée dans la direction souhaitée via le stick droit de la manette. Parmi ces Shards, on retrouve aussi un système de familier grâce auquel on est accompagné d'un allié invincible qui peut attaquer vos ennemis ou vous défendre selon les cas.
... mais pas le fond.
Vous l'avez compris, le concept est donc un copié-collé des Metroidvania et plus particulièrement de Symphony of the Night, et c'est en partie ce qu'on lui demandait. Malheureusement, c'est quand il faut évoluer que Bloodstained semble se heurter à un véritable mur. A tout moment, on a l'impression de jouer à une bien pâle copie de Castlevania avec des skins de remplacement. Les Medusa Head ont beau être substituées par des Dullahan, leurs mouvements ne laissent aucun doute sur leur origine. Et vous pouvez répéter ce processus pour tout le bestiaire. Un problème qui devient vite insoluble quand Ritual of the Night ne parvient pas à reproduire l'univers stylisé, la beauté et la personnalité de son ancêtre spirituel, pourtant sorti 20 ans auparavant. Des décors aux ennemis, Bloodstained semble bien moins inspiré, avec ses tons qui ne varient pas et ses environnements sans sens du détail. Seul le boss, sorte de Elizabeth Bathory qui attaque avec des gerbes de sang, semblait un poil plus travaillé, même si le combat ne manquait pas de lacunes puisqu'il s'avérait rapidement répétitif. Long, sans être difficile.
Ce manque d'inspiration, on le retrouve aussi dans la structure de la zone que l'on a pu visiter. Si les coffres les plus intéressants se trouvent souvent aux détours de la route principale, nécessitant souvent un double saut voir l'obtention de certains shards pour y accéder, le placement des plates-formes et ennemis est trop hasardeux pour offrir une expérience grisante. Bloodstained n'a pas de rythme, élément pourtant indispensable aux jeux d'action/plates-formes. Si un aspect générique dans les décors peut déjà être un frein au plaisir, cela devient bien plus handicapant quand la structure même des niveaux est concernée. On a pas d'impression d'évolution, d'apprentissage ou même de progression dans la bâtisse et les phases de plates-formes et de combat se mêlent sans réelles saveurs.
Extrait de Bloodstained : Ritual of the Night
Les espérances autour de Bloodstained sont fortes, les joueurs le voyant comme le successeur spirituel du légendaire Symphony of the Night. Si Koji Igarashi, producteur de ce dernier, nous a promis monts et merveilles, et si on ne doute pas de ses intentions initiales, le résultat est pour le moment très, très mitigé. Bien que l'on retrouve les éléments habituels du genre, on a l'impression d'être en face d'un ersatz dénué à la fois de vie, de passion et d'inspiration avec des visuels lambdas et une progression qui manque totalement de rythme. Espérons qu'avec une section plus longue, Bloodstained ne devienne pas pour Castlevania ce que Mighty N°9 est pour Mega Man.