Dans la galaxie des FPS de cette année 2017, il y en a un qui s'avère être en odeur de sainteté malgré le fait qu'il soit digne héritier d'une franchise à la fois adulée et critiquée. Nous parlons évidemment de Call of Duty et de son fringant épisode WWII, dont les amateurs de shooter ont accueilli les premières images, vidéos et infos avec un entrain non-dissimulé, eux qui jadis se sont souvent méfiés du mastodonte d'Activision. Après y avoir joué un peu moins d'une heure, quel est notre verdict ?
Trailer multijoueur de Call of Duty : WWII pour l'E3 2017
Le planning des Call of Duty fut, ces dernières années, assez régulier. En juin, à l'E3, nous apprenons généralement le nom, le thème et voyons un peu de gameplay solo. Puis, à la Gamescom, nous jouons au multijoueur pour la première fois avant de profiter pleinement du titre, à sa sortie, située entre la fin-octobre et le début du mois de novembre. Seulement voilà, en cette année 2017, CoD entame un nouveau cycle de 3 productions et compte bien retrouver cette petite étincelle que la saga avait peu à peu perdue au cours du précédent cycle, au cadre futuriste. Fait révélateur qui témoigne de cette volonté de renouveau : le planning de révélation du jeu a été un poil chamboulé et avancé de quelques mois, ce qui fait qu'à l'heure où nous devrions découvrir le jeu, nous le connaissons déjà à travers plusieurs vidéos du solo et pouvons même y jouer en multi.
Piqure de rappel pour les deux du fond qui ne suivent pas
Rappelons avant tout que ce CoD nous fut présenté de manière assez complète il y a quelques semaines, que nous avons pu y découvrir son héros principal, Red Daniels, mais aussi apprendre comment le jeu avait été pensé. Si vous découvrez tout juste le titre, nous vous invitons donc à lire en premier lieu notre aperçu de CoD : WWII, rédigé après avoir vu tourner 2 niveaux du jeu, et consulter également notre interview des développeurs à travers les 10 questions que l'on se pose sur le prochain Call of Duty : World War II. Tout le monde est au même niveau ? Allez, en route !
Quoi de neuf depuis ?
Ce que nous avons pu voir de neuf au sujet du prochain Call of Duty, dont l'action démarre à partir du D-Day et se clôture à la fin de la Seconde Guerre Mondiale (de 1944 à 1945) tient plus de la concrétisation technique et visuelle que de la vraie nouveauté. Ainsi, nous n'avons plus aucun doute sur différents systèmes de jeu, comme le système de soin ou d'escouade, deux pans de gameplay que nous allons décrire plus loin. Notre présentation, faite dans un Behind Closed Door (présentation à huis clos) pendant une vingtaine de minutes pour le solo, fut axée autour d'une seule mission, appelée Marigny en référence à la bataille éponyme qui enflamma la Normandie à la fin du mois de Juillet 1944. Dès l'explication du cadre, on retrouve ce qui a toujours fait l'âme de Call of Duty : son empreinte historique et sa volonté de restituer l'intensité d'un conflit qui ne sort pas de l'imagination d'un scénariste amateur d'anticipation.
La fameuse mission du clocher
L'objectif est simple : récupérer le clocher de la petite église de Marigny, occupée par les allemands. L'escouade de Daniels, sa seconde famille, comporte notamment deux personnages aux fonctions cruciales : l'un est scout et l'autre, toubib. Nous comprenons bien vite l'intérêt du second lorsque nous voyons que le joueur dispose d'une barre de vie en bas à gauche du HUD. Au cours de la bataille, la perte de points de vie incite le joueur à demander des kits de soin à son toubib afin de se soigner. Un ajout réaliste, qui poussera à l'économie et introduira sans doute un peu plus d'intensité aux combats, annihilant au passage l'aspect cover-shooter du titre, hérité d'un gameplay au système de soin souvent décrié par les amateurs de FPS.
La mise en scène dépote sévèrement et la bataille fait rage sous une pluie de bombardements, d'avions qui se crashent, de tirs et d'explosions. Le joueur qui a enregistré la démo de gameplay nous montre les différentes interactions avec le terrain, renverse une table pour s'en servir comme couverture, contourne un ennemi équipé d'un lance-flamme pour le neutraliser en tirant dans sa bombonne dorsale. Le rendu est très dynamique, graphiquement honorable et auditivement jouissif. Du clic du Garand, emblématique, en passant par les balles qui fusent, les cris et la musique : c'est un véritable film de guerre auquel on prend part avec une certaine forme de plaisir. Les fumigènes, aux nuages de fumée plutôt bien réalisés, font tousser les ennemis qui sortent du panache désorientés et constituent alors des proies faciles. Notez par ailleurs que les développeurs avaient estimé qu'il était important de ne plus se sentir comme un "one man army" dans ce WWII. Force est de constater que la démo leur donne légèrement tort tant notre héros enchaine les frags et se fraie un chemin à travers les lignes ennemies avec une rapidité et une aisance déconcertante.
Ces ajouts qui serviront sans doute
Les cadavres jonchent le sol et notre bon vieux Daniels court partout, se met à couvert, se penche à gauche et à droite (système de leaning), se jette au sol pour mieux dézinguer les hordes nazis qui osent se mettre face à lui et sa bande de potes américains. Bref, c'est une boucherie. D'ailleurs, la cruauté de la guerre n'épargne pas nos bons alliés puisque les démembrements et autres corps déchiquetés sont également de la partie sur la mission de Marigny, venant rappeler que même si la guerre a beau être sacrément trippante et jouissive vidéoludiquement parlant, elle n'en reste pas moins dégueulasse et inhumaine dans les faits. Malgré ce rappel à la réalité, venu nous arracher une petite grimace de dégout, le show fut assuré jusqu'au bout, tambours battants avec une musique du plus bel effet qui semblait parfaitement calée sur l'action. Une fois entré dans l'enceinte de l'église, l'équipe de Daniels surprend des soldats et les force à se rendre, une mécanique trop vite aperçue pour que l'on puisse savoir si elle fera partie intégrante du gameplay global, notamment lors de séquences d'infiltration. Dans le même genre, on a pu voir Daniels tirer à l'abri un de ses collègues visiblement blessé. Encore une fois, nous n'avons aucune idée de l'intérêt ou de l'impact qu'aura une telle action, si ce n'est renforcer l'immersion et le côté tragique de la situation.
Après le toubib, voilà le scout
En grimpant au sommet du clocher, Daniels et ses hommes nous permettent de sniper un coup, et de comprendre l'utilité du scout de l'équipe, qui peut sur commande mettre en surbrillance les ennemis et visiblement marquer un endroit pour effectuer une frappe aérienne. Si vous avez vu le trailer d'annonce du titre, vous connaissez la suite : le clocher s'écroule et le bourdon manque de vous tuer plusieurs fois, vous mettant face à une QTE plutôt bien pensée à base de réflexe et de ciblage. Une fois sauvé, la séquence prend fin et nous laisse sur une très bonne impression grâce à une mission rythmée. Visuellement bluffante de par son ambiance et ses destructions constantes, Marigny est le théâtre d'une guerre sans merci entre le joueur, son escouade, et des IA aux scripts réussis. De beaux combats, des armes variées, un gameplay qui a gagné en dynamisme, des systèmes de jeu bien plus élaborés que dans les précédents CoD : voilà qui devrait apporter un peu de sang neuf à la franchise-clé d'Activision, du moins au niveau du solo...
Et le multi dans tout ça ?
CoD, c'est 3 lettres, mais c'est aussi 3 studios, 3 ans de développement par épisode, et 3 parties bien distinctes : solo, multijoueur, et zombie. Si le dernier reste un mystère légèrement teasé, et que le solo nous fut présenté plus tôt, la vraie surprise de ce salon californien reste le multi, sur lequel nous n'avions que trop peu d'infos et surtout aucune vidéo. Sachez donc que nous y avons joué un peu moins d'une heure et que le résultat est assez déroutant tant son gameplay semble bloqué "le cul entre deux chaises", entre le classicisme réconfortant des premiers CoD et la prise de risque salvatrice que constitue le gameplay du solo. Et oui, le solo et le multi ne partagent pas le même gameplay, du moins c'est ce que notre prise en main du titre laisse penser.
La force tranquille
Pas de "lean" possible (se pencher à gauche ou à droite), un système de soin "classique" avec une régénération de la vie au bout de quelques secondes une fois à couvert, ce Call of Duty fait donc dans le classique au niveau des grands axes du feeling en multi. Manette en main sur PS4, le plaisir reste tout de même bien présent, les maps sont belles, semblent assez complètes, et bénéficient d'un bon level design. Nous avons essayé 3 modes de jeu (encore ce fameux 3 ?) : Team Deathmatch sur la carte Pointe de Hoc, Domination dans les Ardennes, et le très attendu mode War. Rien à redire sur les deux premiers, que l'on ne présente plus et qui nous ont offert de belles bagarres à 6 contre 6 dans un jeu auquel nous avions finalement tous déjà joué : Call of Duty, à pied, sans jet-pack, avec des armes de la Seconde Guerre Mondiale.
Le fait que cela soit plus joli s'efface plutôt vite de nos esprits et ni les classes (divisées en 4 archétypes très classiques avec leurs perks respectives) ni même les killstreaks ne nous ont véritablement fait bondir, bien qu'étant très sympathiques. Mention spéciale au largage de bombe avec caméra embarquée ou au raid en piqué à bord d'un avion de chasse pour canarder les ennemis depuis les cieux. Non, la vraie nouveauté de ce multi se trouvait à la toute fin de notre session, avec le mode War qui nous présentait sa première "mission", appelée "Opération Breakout". SI le mode War ne vous dit rien, sachez qu'il s'agit d'une manière pour Activision de s'attaquer au mastodonte du FPS multi à grande échelle, son rival de toujours : Battlefield.
Le mode Opérat... War
Ainsi, le mode War propose une map plus grande que les habituelles cartes de jeu, mais découpée en sections. Chaque section propose un objectif, à chaque fois différent, et mettra en opposition deux équipes. Dans la première phase de l'Opération Breakout, par exemple, les attaquants devaient prendre possession d'un manoir. Une fois capturé, c'est une caisse d'outils qui fut l'objet de toutes les convoitises, puis, un tank devait être protégé et acheminé à un endroit. Vous voyez le tableau : à chaque nouvel objectif rempli, les défenseurs se retranchent à l'objectif suivant tandis que les attaquants continuent leur avancée. L'intérêt d'un tel mode se situe au niveau de la variété des situations rencontrées au sein de la même partie jouée.
Comme sur une partie du mode "Operation" de Battlefield 1, chaque objectif est l'occasion pour les défenseurs de tenir le coup afin de remporter leur manche, stoppant net l'avancée ennemie. La durée est donc extensible, mais ne vous attendez pas non plus à des parties de 30 à 40 minutes, nous restons sur du Call of Duty qui se consomme vite et ne laissera aucune place au répit. D'ailleurs, nous avons joué cette partie du mode War en 6 contre 6, loin du 64 joueurs de BF1, et à aucun moment ce fut gênant. Il y avait presque trop de monde tant les différentes sections de la carte sont étroites. Reste donc à savoir si ce sentiment persistera, si le mode War s'ouvre à plus de joueurs et si les autres cartes sont configurées de la même manière.
Retrouvez toutes les infos de l'E3 2017
Trailer d'annonce de Call of Duty : WWII
Call of Duty : World War II semble bien décidé à redorer le blason de la franchise en proposant un solo millimétré au rythme et à la mise en scène époustouflante, mais aussi un multi aux sensations et à la rapidité rappelant les meilleurs moments passés sur les premiers opus de la saga. Toutefois, les choix de game design concernant le système de soin et la mobilité du joueur, qui différaient entre la session solo et le multi auquel nous avons joué, nous laissent un peu sur notre faim. Quitte à faire un système de jeu plus profond pour le solo, pourquoi laisser le gameplay en multijoueur à un stade si "classique" ? Côté nouveauté et contenu, en revanche, nous ne sommes pas déçus et le mode War rempli son office malgré l'absence, pour l'instant, de grandes batailles. Call of Duty : World War II nous fait donc clairement de l'oeil, pour son solo innovant que nous avons hâte de tester, mais aussi pour son multi aux saveurs d'antan que l'on espère tout de même un peu plus audacieux que ce que nous avons pu essayer.