Bien que le film Assassin's Creed ait permis aux amoureux de la franchise d'Ubisoft de quelque peu atténuer l'absence d'un nouvel épisode de pixels l'année dernière, 2016 aura été globalement marqué par ce temps de gestation, cette pause salvatrice pour l'éditeur français qui aura donc permis à sa poule aux œufs d'or de revenir sur le devant de la scène avec l'épisode qui s'annonce le plus novateur depuis le début de la saga. Mais faut-il pour autant attendre Assassin's Creed Origins comme une sorte de retour aux sources après des segments qui, sans être mauvais, faisaient néanmoins du surplace ? Nous serions tentés de dire oui d'autant que sous couvert de son épithète, cet Assassin's Creed s'attarde sur les fondements mêmes de la Confrérie des Assassins tout en actualisant son gameplay via plusieurs petites touches, importantes et moins importantes, mais avec cette volonté affichée de faire évoluer la saga.
Si pour beaucoup, Assassin's Creed III a permis à la franchise de se renouveler sur bien des points, je dois dire que je fais partie de ces sceptiques qui jugent, au-delà de l'intérêt que je porte à cet épisode dans son ensemble, qu'il n'a finalement pas été si essentiel que cela à l'évolution de la saga, du moins comparativement à Assassin's Creed II. En effet, celui-ci avait un incroyable univers à sa disposition et surtout un terreau très fertile pour expérimenter quantité de choses afin de bien se démarquer de l'original. Le résultat se ressentit autant dans la forme que dans le fond et permit de se distinguer d'un premier épisode audacieux ayant ouvert la porte à une kyrielle de séquelles. Si celles-ci étaient mues par une avancée chronologique, Origins prend le contre-pied de cet état de fait en revenant dans le passé pour nous conter la création de la Confrérie des Assassin's destinée à lutter contre Les Templiers.
L'Egypte, berceau des Assassins
Si l'information était connue depuis plusieurs semaines, c'est donc désormais officiel, le prochain Assassin's Creed se déroulera bien en Egypte, en l'an 49 Avant JC pour être exact. C'est durant cette période marquant la fin de l'Egypte ancienne que nous incarnerons le dénommé Bayek qui devra trouver sa place dans ce nouveau monde. Ainsi, à travers son parcours initiatique, l'homme aura fort à faire puisqu'en marche de cette quête d'identité, Bayek aura la lourde tâche de créer la Confrérie des Assassins. Ceci se fera donc par petites touches, en éradiquant tout d'abord la criminalité galopante et en aidant les nombreux NPC qui vous offriront moult quêtes. Rien de vraiment transcendant dans l'approche mais dans la méthode, Origins se montrant bien plus ouvert et profond que par le passé.
Ainsi, outre sa dimension RPG très marquée, Assassin's Creed Origins nous aura permis de profiter une heure durant (sur Xbox One X) d'une ambiance incroyable, et ce, malgré la version Alpha que nous avons essayée qui, comme vous pouvez l'imaginer, n'était pas exempte de bugs. Panoramas somptueux, villes bien plus vivantes que par le passé, faune omniprésente, variété des décors constituant l'immense Open World mis à disposition, cette première approche nous aura rassuré sur le travail des artistes d'Ubi qui ont encore le temps de peaufiner leur copie d'ici à la sortie du jeu, notamment en ce qui concerne les animations moins souples que dans les derniers épisodes en date.
On retrouvera donc dans cet épisode un mélange de mysticisme, de mythologie, de fantastique sous couvert d'une réalité historique tantôt fantasmée, tantôt romancée, l'une des marques de fabrique de la saga qui ne minimise en rien les recherches approfondies des équipes pour coller au plus près à l'ambiance de l'époque. Il sera ainsi permis de sillonner le Nil sur de frêles esquifs (ceux-ci venant rapidement à votre rencontre dès que vous faites trempette afin que vous puissiez "boatjacker" l'embarcation), de visiter des pyramides, de chevaucher à dos de chameau dans le désert, etc. Un grand terrain de jeu comme sait si bien le faire Ubi, mais qui prend ici une toute autre saveur, du moins pour la saga Assassin's Creed, en ce sens qu'Orgins milite ouvertement pour une nouvelle façon d'appréhender l'expérience qui se revendique non plus comme un jeu d'Action-Aventure mais bel et bien comme un Action RPG. Et autant dire que ce terme n'est en rien galvaudé.
De jeu d'action-aventure à Action-RPG
Ainsi, le coeur du gameplay dans Origins est pensé autour de cette dimension «jeu de rôle», de la façon de s'orienter aux quêtes en passant par le loot, le craft, les stats d'armes, etc.
S'il est difficile aujourd'hui de savoir si cette évolution plaira aux fans de la première heure, elle a au moins le mérite de briser certaines conventions et de proposer à la saga une nouvelle approche, ce qui lui était justement demandée.
De fait, sans totalement renier son passé (le squelette d'Origins étant bel et bien celui d'un Assassin's Creed), ce nouvel épisode étonne à plus d'un titre tant ses influences semblent osciller entre Skyrim, The Witcher ou, de façon plus logique, d'autres productions maison comme Watch Dogs 2 ou Ghost Recon Wildlands. On remarquera par exemple que désormais, la mini map laisse sa place à une barre en haut de l'écran (façon The Elder Scrolls) où sont indiqués les points d'intérêts et la distance qui vous sépare d'eux. Avouons que cette idée n'est en rien préjudiciable pour l'orientation d'autant qu'on retrouve toujours les icônes liées aux quêtes à accomplir. A ce sujet, sachez que ces dernières seront liées à un niveau, vous renseignant par là-même sur leur difficulté. Par contre, rien ne vous empêchera de tenter une Quête de Niveau 20 si vous n'êtes qu'au Niveau 10 même s'il y a fort à parier que vous y laisserez quelques plumes (d'aigle). L'idée sera donc d'accomplir progressivement des quêtes de plus en plus ardues afin d’engranger de l'expérience pour monter de niveau et ainsi récupérer des compétences.
Sur ce point, Origins demeure également très intéressant puisque l'arbre de skills à disposition sera scindé en deux parties, l'une étant dédiée à des capacités d'infiltration, l'autre à l'action. En somme, en fonction de votre façon de jouer, vous aurez tôt fait de choisir l'une ou l'autre des options pour débloquer par exemple la capacité d'utiliser une arme dans chaque main ou au contraire de diriger votre flèche afin de mieux ajuster votre tir. Bien sûr, plus vous progresserez dans l'arbre et plus vos compétences coûteront de Skill points, ceci vous obligeant à parcourir le monde pour accepter de plus en plus de quêtes. Rien de révolutionnaire en soi mais plutôt original pour la série d'autant que chaque mission pourra être abordée en s'infiltrant ou au contraire de manière plus frontale.
Si notre session de jeu ne nous aura pas vraiment permis de juger du niveau de l'IA, on aura au moins pu apprécier la prise en main (que ce soit à cheval, à pied ou dans l'eau, la possibilité de nager sous l'eau étant désormais permise à tout moment) qui s'avère plutôt agréable. Il faut dire qu'avec notre aigle Senu, marquer les ennemis n'aura jamais été aussi simple. En effet, via une simple pression sur une direction de la croix de direction, il sera possible d'appeler votre aigle, de le diriger et de survoler la zone de votre prochaine mission pour marquer, une fois en vol stationnaire, les gardes ou votre objectif. On pensera ici au drone de Watch Dogs 2 qui permettait de faire la même chose et s'il est assez drôle de voir ceci dans un AC, la feature a le mérite d'être bien pratique, surtout pour infiltrer une place forte remplie d'ennemis.
Exit également le système de grimpette Haut / Bas initié par Unity, Origins optant pour un système synonyme de simple touche à appuyer pour grimper n'importe où. Les combats également deviennent plus tactiques avec un système d'esquives basé sur le couple touche+direction du stick, des attaques combinées ou chargées afin de briser des boucliers ou de désorienter un boss pour mieux l’enchaîner derrière. Nous avons également pu tester tout ceci dans une arène de gladiateurs, l'une des activités annexes du jeu, où il était question d'affronter plusieurs vagues d'ennemis ainsi qu'un mastodonte faisant office de cerise sur le gâteau. Une façon très dynamique de conclure ce premier entretien avec un épisode attendu, qui divisera peut-être plus que ses prédécesseurs, mais qui, via une vraie évolution dans son gameplay, a le mérite de faire bouger les choses en allant piocher à droite à gauche des éléments lui offrant d'ores et déjà une identité marquée pour un résultat qu'on espère à la hauteur de nos attentes.
Assassin's Creed Origins : Première vidéo de gameplay
Ceux qui trouvaient qu'Assassin's Creed se reposait un peu trop sur ses lauriers devraient trouver en Origins un épisode pour le moins étonnant. S'il ne révolutionnera pas de A à Z la série, il devrait proposer une expérience suffisamment différente des anciens épisodes grâce sa dimension RPG très marquée, son univers incroyablement riche et les possibilités offertes aux joueurs qui s'annoncent plus conséquentes que par le passé. On a donc hâte d'être en octobre prochain pour voir si nos premières impressions sur le jeu se confirment, car si c'est bien le cas, cette pause d'un an aura semble-t-il été bénéfique à une saga qui ne demandait qu'à renaître de ses cendres pour prendre à nouveau son envol.