Au cœur d'une conférence Electronic Arts faisant la part belle aux licences sportives annuelles et aux titres multijoueurs soulevant les foules, les projets atypiques profitent de leur singularité pour s'offrir un coup de pub bienvenu : ce fut le cas d'Unravel il y a deux ans, c'est désormais au tour d'A Way Out, dont la brève présentation a marqué les esprits au cours de la conférence du géant américain.
Nous avons eu l'occasion d'assister à une présentation et même de poser nos mains sur le nouveau bébé des créateurs de Brothers : A Tale of Two Sons pendant une petite demi-heure. Suffisant pour juger du potentiel de l’œuvre, mais frustrant au regard de la variété que le titre compte proposer et que nous n'avons pu qu'entrapercevoir.
Brothers : A Tale of Two Rogues
A Way Out est une expérience narrative exclusivement jouable en coopération, que vous soyez en ligne ou tranquillement installé sur votre canapé avec votre partenaire de jeu. Les joueurs incarnent Léo et Vincent, deux personnages se retrouvant en prison au début de l'aventure et qui vont apprendre à se connaître pour mener à bien leur but ultime : s'évader du pénitencier. Un but d'ailleurs pas si ultime que ça au regard de la vidéo proposée sur la scène de la conférence EA, augurant de la présence de séquences de jeu en dehors de la prison ici évoquée.
C'est d'ailleurs à l'une de ses séquences que nous avons pu nous essayer. Après un bref échange à bord d'un véhicule au cours duquel Léo et Vincent – et par transposition, les deux joueurs derrière l'écran – doivent se mettre d'accord sur celui qui portera le flingue, nos deux compères se mettent en tête d'attaquer une supérette. A quelles fins ? Josef Fares, auteur et réalisateur pourtant fantasque et affable n'a ici pas souhaité s'étendre sur le sujet, préservant logiquement le scénario de son titre à l'abri des regards. Qu'importe, la séquence nous a ici permis de découvrir la dimension narrative du titre ainsi que la nature de la coopération proposée. Il était par exemple possible de préparer le casse en incitant pacifiquement des personnes présentes à faire leurs courses ailleurs ou en sabotant le fil du téléphone, par exemple. De même, une fois le casse lancé, le joueur ne disposant pas du flingue pouvait continuer de surveiller ou intimider les dernières personnes restantes, ce qui pouvait avoir des conséquences à court terme sur leur réaction et la réussite ou non du larcin.
Un jeu de réalisateur
L'idée n'est toutefois pas de faire d'A Way Out un titre à embranchements, les choix proposés ne servant ici qu'à impliquer davantage les joueurs et démontrer l'intérêt de la coopération. Quelques variations sont toutefois possibles, mais elles n'influeront à priori pas sur l'aventure globale qui reste dictée par un scénario déjà couché sur papier. Cette séquence n'est d'ailleurs pas réellement un exemple de ce que sera A Way Out : l'une des particularités du soft vient en effet de la variété de son gameplay, ce que nous avons pu constater avec une nouvelle phase (non jouable, cette fois) au cours de laquelle Léo et Vincent s'enfuyaient d'un hopital. Cette fois-ci, la réalisation optait pour un plein écran offrant le contrôle d'un seul joueur, variant ses plans pour nous faire passer de l'un à l'autre dans un style évoquant les courses-poursuites d'un Uncharted… Avant que la caméra ne nous offre une ultime facétie pour basculer à nouveau, faisant de Vincent le héros d'un jeu de combat en vue 2D.
Vous l'aurez compris, A Way Out est donc un jeu de réalisateur dans la pure lignée d'aventures narratives proposées par un studio tel que Quantic Dream. Il dispose en revanche d'atouts qui lui offrent un style atypique : sa volonté de ne pas opter pour une prise en main minimaliste (QTE), mais de revisiter plusieurs pans du jeu vidéo en variant les gameplays. Il joue également avec les codes de l'écran partagé, par exemple via l'intrusion d'un troisième plan (façon « 24 ») mettant en avant une situation pouvant échapper à la vue des deux joueurs, ou en permettant à Léo d'aller s'immiscer dans une cinématique uniquement visible sur la partie de l'écran dédiée à Vincent. Non content de nous proposer une narration originale, A Way Out s'invite donc la caste des jeux qui ne manquent clairement pas d'idées et dispose de suffisamment d'arguments pour espérer y rester.
La première bande-annonce d'A Way Out
Sur le papier, A Way Out est un jeu de réalisateur couplant une expérience narrative forte avec des mécaniques de gameplay variées. Dans les faits, sur les quelques séquences déjà proposées, il réussit parfaitement à marier les deux pour nous proposer une aventure coopérative pleine de promesses. La seule inconnue à son sujet reste donc son scénario, clé de voûte d'un édifice qui dispose déjà d'une architecture atypique et séduisante. Mais pour savoir si le résultat final sera à la hauteur des espérances, il faudra encore s'armer de patience puisque le titre ne se découvrira sans doute qu'à sa sortie, programmée pour début 2018 sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Il nous tarde déjà d'y être.