Du 9 avec du 8

Il serait plutôt hors de propos de nier que Mario Kart 8 était un des hits essentiels de la Wii U. Déjà en 2014, il n'y avait grand-chose à reprocher techniquement à cette jolie démonstration de maîtrise qui donnait envie de se lancer sur la piste et dans la bataille, tant ce nouveau Mario Kart était beau, fluide et tout simplement fun. Cependant, nous avions déjà un peu tiqué à l'époque sur le contenu un poil faible et un certain manque de challenge, avec notamment des sensations de vitesse peu palpables avant de s'attaquer au 150cc. Quelques DLC de qualité (eh oui !) avaient permis de compléter l'expérience d'un titre de toute façon toujours référence en la matière, avec pistes et personnages supplémentaires, et surtout un tout nouveau mode niveau de difficulté maximal en la personne du 200cc (gratuit pour le coup). En repassant à la caisse, il en résultait une expérience tout à fait complète, aussi bien en solo qu'à plusieurs.

Alors certes, en se mettant assez tardivement aux contenus additionnels payants, Nintendo n'a pas (encore ?) pris l'habitude de rééditer ses meilleurs succès sous forme d'édition complète. Cependant, l'hypothèse d'un MK8 "Definitive Edition" commençait à se trouver un sens auprès de nombreux joueurs. La Wii U définitivement enterrée, c'est tout naturellement vers la Switch que ce portage voit alors le jour, pour ajouter rapidement un succès multijoueur critique assuré à un line-up de lancement communément admis comme très léger. Tout l'intérêt de l'opération sera d'offrir un portage aussi propre techniquement que sur le support d'origine, avec le même confort de jeu, des sensations de convivialité intactes… et pourquoi pas quelques nouveautés, soyons fous.

Les features d'origine de Mario Kart 8 sont déjà connues et en ce sens, nous ne saurions que trop vous renvoyer au test de Lespol d'il y a trois ans. Rien n'a été enlevé, et tous les circuits et personnages proposés lors des deux vagues de DLC sont bien présents. Si aucun nouveau circuit n'est proposé, le couple Inkboy & Inkgirl (Splatoon) rejoint le casting ainsi que le roi Boo. Tout est débloqué d'emblée à l'exception des éléments de véhicules, toujours à débloquer avec des pièces récoltées en course. Quelques petites spécificités d'anciens épisodes à succès sont de retour, comme le double item ou surtout un mode bataille en arènes (nous y reviendrons plus bas). Dans l'ensemble, on pouvait craindre que Nintendo ne propose rien de nouveau et opte pour la solution de facilité afin d'offrir rapidement à la Switch un titre résolument convivial et axé multijoueur sans prise de risques. Cependant, si MK8 Deluxe n'est effectivement qu'un portage techniquement impeccable de l'original (1080p et 60fps constants en mode TV, en solo comme à deux joueurs en écran splitté), il apporte quand même son petit lot de perfectionnements de gameplay appréciables.

Un roster complet d'entrée de jeu, avec le Roi Boo parmi les 3 petits nouveaux

Where is the deluxe version ?

Désireux de rendre son titre encore plus accessible aux joueurs les plus occasionnels, Nintendo a rajouté deux assistances au volant qui feront peut-être grincer des dents les pilotes chevronnés. Néanmoins, celles-ci sont bien entendu complètement facultatives et il y a fort à parier que seuls les plus jeunes y auront recours. L'une consiste en un pilotage automatique à faible vitesse, que nous avons à peine effleuré durant notre session ; la seconde de ces options se traduit par une antenne fixée au dos du kart, façon véhicule radiocommandé, et empêche littéralement celui-ci de chuter dans le vide. Dans les faits, si vous dérapez et foncez vers le vide, la trajectoire sera instantanément corrigée, accompagnée d'une évidente chute de vitesse. Cela peut s'activer ou se désactiver à l'écran de sélection du personnage, mais aussi en plein jeu ! Il y a cependant fort à parier que cela n'influence en rien le déroulement des courses.

À l'inverse, et si le 150cc nous a semblé proposer des IA moins fortes que dans l'épisode d'origine, le fameux mode 200cc offert sous forme de DLC gratuit est de retour, et constitue le mode de difficulté maximal, davantage équilibré grâce à un système de freinage revu et plus efficace, rendant le défi moins déséquilibré. Cette cylindrée n'a cependant été testée qu'en contre-la-montre, où son intégration surprise ne remplace pas pour autant le 150cc habituel : Nintendo propose pour la première fois d'alterner, ce qui risque de chambouler les leaderboards en place depuis bientôt trois ans, d'autant plus qu'aucun cross-save ne semble prévu. Enfin, un troisième stade de boost a été rajouté. On connaissait déjà les flammes bleues puis oranges ; Mario Kart 8 Deluxe introduit les flammes violettes, qui nécessitent pour le coup un gros dérapage, et génèrent un boost sensiblement plus long. Il n'a cependant pas été vraiment possible d'en tester l'effet en profondeur, au niveau du fameux fire hopping notamment.

Enfin, plusieurs types de maniabilité nous ont été proposés : si jouer au pad pro rappelle les sensations de la manette de même type sur Wii U, vibrations (légères) en plus, c'est davantage au niveau des joy-cons que Mario Kart 8 Deluxe impose sa griffe. Il offre non seulement la possibilité de jouer à deux avec une seule paire, joy-con à l'horizontale avec gâchettes additionnelles sur le support dragonne, et on se surprend à trouver cela finalement bien plus jouable que prévu – dans le cadre de parties conviviales principalement. Par contre, la vraie surprise se trouve au niveau des joy-cons fixés sur leur support en mode manette. Non seulement la légèreté et surtout la vitesse des karts se ressentent davantage ainsi, mais un énorme travail a été fait au niveau des vibrations dont la précision est tout bonnement stupéfiante. Les sensations d'accélération, de freinage et de boost sont très bien rendues, tout comme la différence entre certains revêtements au contact des pneus. De quoi se rapprocher de celles procurées avec précision par le pad Xbox One… alors certes, on n'est pas dans un Forza 6, mais on gagne clairement en immersion à piloter avec ce combo fort agréable. Notez par ailleurs que la fonction gyroscopique est bien disponible, et que Nintendo prévoit de commercialiser un volant comme à l'époque de Mario Kart Wii.

Découvrez le tout nouveau Splatoon Racers, en exclu sur Switch ! Ou presque…

Les forces lancées dans la bataille ?

Enfin, nous nous sommes essayés aux subtilités d'un mode Battle très complet et décliné en cinq sous-modes. Nous reviendrons davantage en détail sur ces derniers dans le test à venir, mais il est clair que Nintendo a tiré tous les enseignements du relatif échec du Battle de Mario Kart 8. Finies les parties de cache-cache sur des circuits immenses pas vraiment faits pour ça : les bonnes vieilles arènes sont de retour ! Et avec elles, enfin, la bonne vieille plume de Super Mario Kart, "cheatée" pour les uns, adorée par les autres. Elle sera d'ailleurs exclusive à ce mode. Durant cette session, nous avons pu constater la présence de huit arènes dont quatre rétro. C'est ici que se trouve la seule réelle nouveauté de level design de cette version "Deluxe" qui mise clairement beaucoup ici sur une force historique de la série.

Sans entrer trop dans les détails et réserver un maximum de surprises, nous avons pu constater le retour de la bataille explosive à coups de Bob-Omb et de la capture de soleil (des vieux classiques hérités de Mario Kart : Double Dash!!), ou encore de la bataille de pièces, ainsi que l'arrivée du tout nouveau mode "Traque sur la piste" jouable exclusivement en équipe, inspiré des poursuites entre police et voleurs. D'une manière générale, le multijoueur de cette version Deluxe sera encore plus complet que l'original, et Nintendo nous l'a promis comme "plus équilibré" : il y a fort à parier que grâce à la diversité de ce mode Battle revu et corrigé, le pari de la convivialité sera remporté haut la main. Nous ne pouvons plus qu'espérer que le online soit à la hauteur et lance la Switch dans le grand bain du jeu en réseau, elle qui n'a eu droit jusqu'ici qu'à la bêta en ligne de Splatoon 2 pour témoigner de ses capacités à ce niveau.

Finissons enfin sur une courte note technique : si le couple 1080p / 60fps constants a été constaté en mode TV comme indiqué plus haut, c'est clairement en mode portable (720p et toujours 60 fps) que le titre nous a bluffé : la sensation de vitesse est pour le coup bien réelle, surtout en 200cc, grâce à une fluidité vraiment impressionnante. Sans surprise, on bascule à 30fps dès que l'on joue à 3 ou 4 en local, sachant que selon les informations reçues lors de cette preview, le nombre maximal de joueurs en online local devrait être de 12 (soit identique au mode online). Il ne manque concrètement pas grand-chose à un titre dont on n'attend plus qu'une chose : qu'il confirme les promesses entrevues, et surtout en ligne !