Des épopées vidéoludiques inspirées du fantastique travail de l'écrivain H.P. Lovecraft, il en existe des dizaines. Toutefois, si la majorité des titres préfèrent se focaliser sur l'Appel de Cthulhu, Les Montagnes Hallucinées demeure un choix de prédilection lorsqu'il s'agit d'instaurer une ambiance réussie avec des moyens techniques limités. Et pour cause : l'épopée se déroule ici en plein Antarctique et retrace les mésaventures de plusieurs expéditions scientifiques au milieu du 20eme siècle, expéditions dont vous, joueur, allez faire partie.
Développé par la toute petite équipe de Zoetrope Interactive, composée de moins de 5 personnes, Conarium vous place dans la même position que le héros de l'aventure : vous ne savez rien et devrez combler vos pertes de mémoire en explorant les vastes contrées glacées qui s'offrent à vous. Le scénario de l'œuvre, totalement inédit, prendra ses inspiration dans la courte nouvelle écrite par H.P. Lovecraft mais n'en gardera pas les personnages ou la trame, et proposera donc une épopée inédite aux joueurs.
Un cadre hallucinant
Très vite, dès le réveil de notre héros, dans la démo que nous avons pu voir tourner, on remarque un petit dispositif rattaché à la main du personnage. Cette machine, c'est le Conarium, une trouvaille de notre groupe de quatre scientifiques qui, dans un passé proche, a sans doute perturbé l'expédition au point de précipiter votre mort… Mais vous voilà de nouveau vivant, changé, et désormais seul. Voilà qui dresse tout de suite le pitch de l'aventure et vous permet d'apprécier les « différences » entre une vie normale et la vie de votre héros d'infortune, dans la base d'Upuaut. En effet, outre l'inquiétant sound design, de très bonne qualité soit dit en passant, on remarquera vite que des objets n'ont pas leur place dans cette dimension que l'on explore, dans ce plan de la réalité. Frank Gilman, notre personnage, arrive en effet à visualiser des choses entre son monde et le monde des Anciens.
Dans l'une de ces réalité, c'est l'expédition scientifique qui prime, et dans l'autre, le mysticisme, la torture cérébrale et la très fine limite entre raison et folie qui, vous l'imaginez bien, au fil de l'aventure se craquellera toujours plus jusqu'à atteindre le point de rupture. Si vous n'êtes pas familier avec l'univers lovecraftien, tout ceci doit vous paraître terriblement pessimiste, mais c'est la conclusion générale des œuvres du bonhomme : l'homme finit toujours mentalement brisé par le réveil progressif des créatures astrales qui ont dominé le monde durant des lustres, et qui jouent désormais à la poupée avec l'esprit humain comme un enfant qui arrache les ailes d'une mouche pour faire ses premières expérimentations scientifiques…
FPA avant tout
Conarium se déroule donc dans ce cadre, avec de grandes cartes pensées façon metroidvania dans lesquelles chaque nouvelle zone sera constamment bloquée par un mécanisme, une petite énigme, de la roche qu'il va falloir détruire à la plante toxique qu'il va falloir dompter. On reconnaitra donc bien vite les mécaniques très point & click de ce first person adventure sous Unreal Engine 4 dans lequel la clé de la réussite est de chercher des objets, d'observer, et d'agir pour débloquer du contenu narratif, favorisant ainsi la progression de Gilman. D'ailleurs, un carnet de note accompagnera le scientifique, carnet sur lequel chaque nouvel élément ou dialogue sera annoté.
Côté mise en scène, sachez que votre personnage aura progressivement des hallucinations, souvenirs du passé, de son passé, où même d'événements antérieurs à l'histoire de l'humanité. Cadre lovecraftien oblige, l'idée est ici de se dire que l'Antarctique fut le point de confluence de nombreuses civilisations, lesquelles distilleront leur histoire au fur et à mesure que vous progresserez, en rendant au passage votre personnage toujours plus incertain de sa propre réalité. Pensé comme un FPA avant tout, Conarium vous mettra face à quelques énigmes et puzzles, « pas bien difficiles » de l'aveu des développeurs, mais tout de même assez conséquents pour vous inviter à consulter vos notes dans le carnet du personnage afin d'y voir plus clair.
A la limite de la folie
Nous avons pu voir durant notre session une mécanique qui impliquait l'usage de gemmes qu'il faudra notamment charger pour interagir avec des plantes toxiques qui bloquent différents passages. En équipant le cristal, les plantes se rétractent, mais il faut s'assurer que la gème est chargée de l'énergie qui habite les lieux et faire le plein régulièrement pour pouvoir ouvrir différents tronçons. Rien de bien sorcier à ce niveau-là : on espère que le game design poussera les interactions un peu plus loin au niveau des casse-têtes, mais à vrai dire, le charme de Conarium réside plus dans son cadre que dans son challenge.
L'exploration sera donc au cœur du jeu, comme nous l'explique le développeur : le joueur aura la possibilité de découvrir tout un tas de secrets et références très documentées sur l'univers lovecraftien et pourra si il le souhaite « platiner » les zones où aller droit vers les multiples fins, lesquelles ne seront évidemment pas des happy end, mais ne dépendront pas non plus d'actions très marquées : elles ne sont « pas très difficiles à déclencher » nous explique le représentant du studio.
Après 45 minutes de présentation, le développeur sent venir la fin de sa démo et c'est donc au détour d'une nécropole de civilisations antiques que nous croisons des créatures astrales, bien décidées à pourchasser le joueur. L'homme qui nous fait la présentation nous explique que le joueur sera parfois traqué par ces êtes d'anciennes civilisations, bien décidées à laisser leurs secrets intactes, dans ces tombeaux de l'antarctique...
Prévu pour l'instant pour Mai sur PC, et par la suite sur console, Conarium s'annonce comme une bonne aventure solo, dotée d'une ambiance atypique et d'un background très documenté. Si vous êtes un tant soit peu amateur d'épopée glauque et prenante, et que l'univers de Lovecraft vous a toujours attiré, il se pourrait bien que le titre soit fait pour vous. Une bonne aventure, belle et riche.