La fusion des Dawn of War

Lors de la première présentation de Dawn of War 3 à Londres l’année dernière, Relic Entertainment dévoilait sa note d’intention ; à savoir fusionner le meilleur des deux précédents épisodes au sein d’une formule mêlant habilement mécaniques traditionnelles issues des jeux de stratégie et dimension héroïque. Depuis l’arrivée tonitruante du second opus en 2009 dans la sphère des stratèges et autres fans de la licence Warhammer 40K, la communauté est divisée ; chaque partie défendant bête et ongle SA vision du STR avec pour résultat ce débat houleux : Dawn of War vs. Dawn of War II. Et ce troisième épisode compte bel et bien rassembler tout ce petit monde sous une bannière commune.

A première vue, Dawn of War 3 se démarquait de la concurrence par sa volonté de dynamiser le gameplay en simplifiant les phases économiques et de construction. Et à notre grande surprise, le titre de Relic Entertainment conserve tout de même la majorité des archétypes du genre. L’établissement d’une base est toujours d’actualité tout comme l’amélioration des bâtiments, de vos unités... et la montée en puissance de votre armée à mesure que vous prenez le contrôle de points de ressources disposés sur la carte. Au nombre de 3 (Requisition, Power, Elite), ces denrées rares enchaînent vos faits et gestes à une économie de guerre que nous aurions aimer voir disparaître, tout du moins en partie. En l’état, Dawn of War 3 ressemble aux jeux de stratégie d’antan, la passion et le savoir-faire en plus.

Et pourtant, ce sentiment nostalgique nous parcourant l’échine est sur le point de s’estomper. Première différence et non des moindres, les points de contrôle deviennent de véritables avant-postes capables de repousser les assauts ennemis une fois équipés de tourelles défensives. Et le choix des ressources produites sur chaque point s’ajoute à la longue liste des décisions à prendre au cœur de l’action. Dawn of War 3 est un titre exigeant en multijoueur qui ne pardonne aucun faux pas. La connaissance des forces et faiblesses de votre faction, des unités Elite en votre possession et la micro-gestion des escarmouches éclatant aux quatre coins de la carte font de chaque partie une épreuve plaisante à vivre.

Spécificité de Dawn of War 2 et inspirée de la saga Warcraft, la notion de héros fait son grand retour en 2017 et pimente les affrontements. Elite, Super Unit et frappes orbitales font la pluie et le beau temps sur Acheron. Pouvoirs dantesques, charges épiques… ces unités ont le pouvoir de retourner une situation jusqu’ici défavorable. Et la dimension stratégique du titre ne réside pas dans la mise en production de ces troupes un brin particulières, mais dans la création d’un deck composé de 3 unités à même de faire la différence. Pour les invoquer, rien de plus simple. Un nombre précis de points Elite sont nécessaires à l’invocation d’un Imperial Knight, d’un Wraithlord, de Gabriel Angelos… et ces derniers s’acquièrent à mesure que la partie se déroule et ce sans lever le petit doigt. Il est cependant possible de récolter quelques points supplémentaires en contrôlant le(s) seul(s) point(s) de ressources susceptibles de fournir ces précieux sésames sans pour autant déséquilibrer outrageusement le conflit.

Assaut sur le PowerCore

Plongé sans crier gare dans le grand bain du multijoueur, les premières minutes furent aussi complexes qu’intéressantes. Au-delà d’une économie centrée sur le contrôle de ressources et la composition d’un deck, Dawn of War 3 se focalise avant tout sur l’art de la guerre et la gestion en temps réel des unités. Il est inutile d’envoyer à la mort des contingents entiers sans prendre la peine de leur donner les ordres adéquats. L’intelligence artificielle des troupes est sommaire et demande un contrôle quasi constant pour tirer le meilleur de vos fantassins et autres véhicules blindés. Une grenade lancée au bon moment, une habilité d’Elite déclenchée dans un timing frisant la perfection et la victoire se dessine alors sous vos yeux. Relic Entertainment tente ainsi de faire cohabiter complexité et immédiateté avec succès.

Dawn of War 3 est complexe certes, mais l’ensemble des mécaniques se digère en une fraction de seconde tant la logique derrière est limpide et ne souffre d’aucune faille majeure. Ce STR se concentre sur des combats intenses et fait parler la poudre sans se soucier des dégâts infligés à la planète Acheron pour notre plus grand plaisir. Le seul mode présenté, que nous nommerons PowerCore, invite les joueurs à détruire le générateur de bouclier, puis la Tourelle et pour finir le PowerCore, et uniquement dans cet ordre en 1v1, 2v2 et 3v3 (avec la possibilité de remplacer un ou plusieurs joueur par des I.A). Aussi étrange que cela puisse paraître, le titre ne proposera aucun autre mode à son lancement. Ni de (Team) Deathmatch, ni de contrôles de zone ne complèteront l’offre. PowerCore assimile les poncifs du genre pour concevoir ce mode construit autour d’objectifs multiples et propulse les stratèges dans des parties durant en moyenne 30 minutes. Seule ombre au tableau, le dynamisme des combats se prend à l’occasion les pieds dans une économie omniprésente ralentissant le rythme dans son ensemble.

Et cette demi-heure sera intense. Escarmouches à tout va, prise de décision dans le feu de l’action, assaut mené tambour battant sur les structures ennemies et mise en branle d’un plan complexe nécessitant de harceler sans cesse la ligne de front… Dawn of War 3 est intense à la limite de l’épuisant en multijoueur et draine votre matière grise à vitesse grand V. Point de victoire sans sacrifice. Vous serez prévenus ! Et les développeurs ont pensé à nos rétines en PLS pleurant à chaudes larmes devant un trop plein d’informations visuelles. Le jeu est riche et se délecte d’effets pyrotechniques et visuels sans jamais perdre de vue la sacrosainte lisibilité nécessaire à un jeu de stratégie. Certains chouinent face aux couleurs criardes de Dawn of War 3, là où nous entrapercevons une volonté de garder l’action limpide envers et contre tout la majorité du temps. Ok, une attaque orbitale occulte vos unités et celles de l’ennemi pour mieux les faire disparaître dans un feu d’artifice dévastateur, mais difficile de bouder son plaisir devant une guerre filmée avec talent et en couleurs.

3 factions, 3 approches, 1 destinée commune

Warhammer 40.000 : Dawn of War 3 met en scène 3 factions toujours enclins à se déclarer une guerre totale pour un prétexte oublié depuis bien longtemps. Space Marines, Orks et Eldars sont à couteaux tirés et leurs différences ne se résument pas à une simple divergence d’opinion ou de vision de la vie. Avec ces 3 races, Relic Entertainment peaufine 3 approches diamétralement opposées de l’art de la guerre. Les Space Marines profitent de leur puissance de feu pour infliger d’énormes dégâts à l’ennemi et des largages de Pod pour tenir la ligne de front. Les Eldars jouissent de leur côté d’une vitesse de déplacement accrue et de portails de téléportation leur permettant d’attaquer les troupes adverses puis de battre en retraite avant de voir le gros des armées débarqué en renfort. Quant aux Orks, la force du nombre leur donne bien souvent un avantage certain sur le champ de bataille par cette faculté à fondre sur l’ennemi et à l’engloutir sous un amas de peaux vertes.

Et ces particularités se retrouvent dans le choix et la conception des unités mises à disposition pour chaque faction. Les grands classiques de la licence Warhammer 40.000 sont bien entendu du voyage sur Acheron et répondent à un équilibre savamment trouvé. Seules quelques Elites sortent du lot pour le moment et déséquilibrent les échanges sans en devenir alarmant. La macro-gestion diverge également d’une race à l’autre. Là où les Space Marines et les Eldars améliorent leur QG pour construire des véhicules lourds et faire appel aux frappes orbitales, les Orks construisent des tours Waaagh. Et ces particularités transforment un simple changement de visuel en une stratégie à part entière qu’il faudra maîtriser sur le bout des doigts sous peine de mordre la poussière encore et encore. Certains se plaindront d’un manque de diversité avec seulement 3 races disponibles au lancement du titre (4 si l'on prend en compte la menace cachée), mais cette diversité est à dénicher dans le gameplay. Choisir une faction dans Dawn of War 3 est un acte de foi.