Enfin ! Annoncé en 2015, Mass Effect Andromeda a su se faire désirer, ne se dévoilant qu'avec la plus grande parcimonie avant de révéler en janvier dernier sa date de sortie, fixée au 23 mars prochain en Europe. Depuis, les indications concernant l'orientation du jeu se font plus pressantes, mais ce n'est que ce mois-ci que nous avons pu poser les mains sur un jeu dont dire qu'il est attendu relève de l'euphémisme.
Avant d'aller plus loin, il convient de préciser que cet aperçu a été réalisé sur la base d'une présentation qui s'est déroulée en trois temps : présentation orale du titre et de son prologue, session de jeu sur la première mission principale puis sur une partie plus avancée, permettant de juger un peu du contenu qui nous attend dans ce nouvel épisode de Mass Effect.
Le point de départ de Mass Effect Andromeda se situe entre les événements de Mass Effect 2 et 3, dans une période où l'humanité se décide à trouver une nouvelle galaxie habitable en cas de catastrophe dans la voie lactée. Après un voyage de plus de 600 ans, les premiers humains atteignent la galaxie Andromède, qui abrite le plus de planètes susceptibles d'accueillir la population. Vous incarnez Scott (ou Sara) Ryder, jeune militaire encore un peu vert ayant pris part au projet de colonisation. Vous vous éveillez après une longue période d'hibernation, alors que votre vaisseau approche d'une première planète habitable.
Techniquement inégal
Il convient d'aborder immédiatement les sujets qui fâchent, puisque ce sont de toute façon ceux qui ont été apparents dès les premières cut-scenes. Qu'on se le dise, les animations faciales et corporelles des personnages d'Andromeda, dans les phases de dialogues, sont ratées et accusent d'un très lourd retard par rapport aux standards actuels. Souvent inexpressifs, les différents protagonistes voient une bonne partie de leur charisme sabordée par des animations rigides et des visages figés, faisant davantage passer nos héros pour des ingénus que pour des militaires badass. Les doublages français sont quant à eux très monotones, manquent globalement de conviction, ce qui a pour conséquence malheureuse de ressortir le joueur de l'intrigue qui profite pourtant d'une écriture manifestement soignée. Une inquiétude donc, lorsque l'on sait que la narration est la pierre angulaire de la saga Mass Effect. À un mois de la sortie du jeu, difficile de croire que de ce côté, Bioware parvienne à faire des miracles.
Techniquement et étrangement, le jeu est franchement joli dès lors que vous contrôlez votre personnage, à tel point que l'on a le sentiment de ne pas se trouver en face du même jeu. La première planète visitée est très « Mass Effect » dans l'âme, avec une direction artistique particulièrement inspirée. La nouveau terrain de jeu est presque intimidant et son architecture, avec ses montagnes flottantes chargées d’électricité, renforce la sensation du joueur d'être effectivement un étranger dans une galaxie dont il ne connaît rien. C'est d'ailleurs ce sentiment qui semble animer Mass Effect Andromeda et c'est une bonne chose : en jeu, l'alien, c'est vous. Et la première rencontre avec une nouvelle race extraterrestre confirme cette orientation puisque, bloqués par la barrière du langage et une situation tendue, nous avons été contraints d'ouvrir le feu sur les autochtones afin de sauver un coéquipier malmené par ces derniers. Nous espérons que ce sentiment, très bien retranscrit sur la première mission principale, sera exploité intelligemment sur tout la durée du jeu.
Une belle refonte du système de combat
Les combats quant à eux, dans la droite continuité de ceux de Mass Effect 3, ont largement gagné en dynamisme et accentuent encore l'orientation TPS pur du dernier épisode de la trilogie. Avant d'en évoquer les charmes, sachez que le système de pause active, vous permettant par le passé d'ordonner à vos coéquipiers de lancer des sorts sur une cible précise afin de réaliser des combos dévastateurs, n'existe plus. Désormais, les seules ordres que vous pourrez prodiguer à vos comparses seront ceux de positionnement, le reste de l'action sera géré par l'intelligence artificielle. Si cette suppression pure et simple fera grincer les dents de ceux qui y étaient attachés – à juste titre – il faut reconnaître qu'elle était pressentie, Mass Effect 3 pouvant être par exemple traversé sans y avoir recours. Une absence donc regrettable, heureusement contrebalancée par un gameplay plus nerveux et intuitif que jamais dans la franchise.
5 minutes de gameplay pour tout savoir des combats
La première grosse nouveauté de cet Andromeda est l'ajout de la verticalité, que ce soit dans les environnements ou les affrontements. Votre personnage, vous le savez sans doute, dispose d'une sorte de jet pack dont l'utilisation n'est pas soumise à une jauge, puisqu'il s'agit davantage d'une impulsion vous propulsant dans les airs que d'un outil de vol. Cette nouvelle dynamique offre des combats nettement moins statiques que par le passé, Ryder étant particulièrement agile et polyvalent. Lorsque vous sautez et que dans la foulée vous visez à l'épaule un adversaire, vous passez pour une courte durée en vol géostationnaire, vous permettant de « léviter » au dessus de la zone de combat et d'arroser tout ce qui bouge en contrebas. Combiner cette mobilité nouvelle aux différents pouvoirs (plus classiques mais nombreux) se fait d'une manière très fluide et rend les affrontements très agréables à mener. Le système de couvert est de son côté devenu automatique lorsque vous vous approchez près d'un mur et cette nouvelle manière de jouer nous a parue solide et jamais gênante, contrairement à l'époque où la barre d'espace servait autant à courir qu'à se couvrir. En outre, les quelques armes que nous avons prises en mains avaient nettement plus de punch que l'arsenal de la trilogie originale, ce qui fait un grand bien à la licence.
Au revoir les classes, bonjour les profils
Côté changement, nous avons également pu voir un peu plus en profondeur le nouveau système de classe qui répond désormais au nom de « profils ». Effectivement, à la création de votre personnage, on ne vous demandera pas de choisir une classe spécifique. C'est la répartition de vos points de talents qui conditionnera le déblocage des différents profils que vous pourrez alterner à l'envi. Lesdits points de talents, gagnés avec l'expérience, peuvent être répartis dans 3 domaines différents : Combat / Biotique / Tech. En fonction du nombre de points que vous attribuez à l'une ou l'autre des branches, certains profils deviendront accessibles, permettant au joueur de passer entre deux combats d'une configuration axée sur l'usage des armes à une autre misant sur les pouvoirs biotiques par exemple. Ainsi, il ne sera plus nécessaire pour votre personnage de se spécialiser, l'intégralité des profils pouvant être débloquée au cours de votre partie, même si cela devrait vous prendre de nombreuses heures.
Mass Effect dans l'âme, en plus grand
Lors de la dernière partie de notre session de jeu, nous avons été propulsé au niveau 15, à bord de notre vaisseau aux abords d'une nouvelle planète, afin de nous laisser aller à un peu d'exploration. Si aucun chiffre n'a été communiqué sur le nombre de planètes visitables, nous avons eu toutefois quelques indications de la part de Bioware, qui affirme que les plus gros astres sont plus vastes que l'ensemble de Dragon Age Inquisition . Une belle performance qu'il a été impossible de vérifier compte tenu de notre temps de jeu limité. La navigation d'une planète à une autre se fera via une carte de la galaxie qui fleure bon le Mass Effect d'antan, y compris au niveau de la bande son. Toutefois, nous n'avons pas eu la possibilité de contrôler directement une version miniature de notre vaisseau, la navigation d'une planète à une autre s'effectuant par un simple clic, donnant lieu à une animation particulière. Certaines planètes pourront être scannées, comme autrefois, vous permettant de recueillir ressources et connaissances sur la galaxie en général et sont toujours assortie d'un taux de complétion qui vous indique si vous avez ou non déniché toutes les informations qui s'y trouvent. Une fonctionnalité dont on espère qu'elle sera plus variée que dans la trilogie originale.
La planète sur laquelle nous étions posés lors de notre présentation comprenait un hub, une sorte de petite ville ou il est possible de croiser marchands et donneurs de quêtes. Cette portion a été l'occasion de constater que Mass Effect Andromeda devrait être particulièrement riche en contenu. Il est effectivement possible de parler à de très nombreux personnages qui, en plus d'être porteurs de nombreuses lignes de dialogues, ont semble-t-il pas mal de tâches à vous confier. Notez que l'ensemble des quêtes proposent très régulièrement des objectifs facultatifs, une indication de bon augure pour la suite, qui nous laisse à penser que Mass Effect Andromeda devrait regorger de choses à faire. En revanche, il nous a été bien difficile de juger de la pertinence de certaines quêtes pour la simple raison que nous n'avions aucune connaissance des événements nous ayant conduits à les mener. Se retrouver parachuté avec des personnages dont on ignore tout au cœur d'une intrigue dont on ne comprend pas grand chose n'aide pas franchement à juger de la qualité des quêtes. Il convient d'attendre la sortie du jeu pour se faire un avis plus tranché sur ce point, donc.
Bioware s'était un peu perdu dans la communication autour du jeu, laissant à penser qu'il serait en open-world. Ce n'est effectivement pas tout à fait le cas. Par exemple, la séparation entre la ville mentionnée plus haut et le monde ouvert de la planète qui l'accueille est marquée par un bref temps de chargement. La navigation n'est pas donc pas totalement libre, mais effectivement, Mass Effect Andromeda propose des espaces très ouverts. Il semblerait en tout cas que les différents environnements, très vastes, regorgent de choses à voir et à explorer. Avant-postes ennemis, grottes... autant d'endroit que vous pourrez librement visiter que ce soit pour récolter des ressources ou en apprendre davantage sur cette nouvelle galaxie. Cette exploration est d'ailleurs indissociable du scanner intégré à votre combinaison. Ce dernier, activable d'une simple pression de touche, vous permet par exemple d'analyser la faune locale et d'enrichir ainsi votre connaissance de la galaxie Andromède, ce qui devrait être indispensable à l'avancée de votre aventure. Même si notre session de jeu a été trop courte pour juger de l'intérêt profond des différentes activités de la planète, nous sommes toutefois confiants quant à la richesse de l'univers développé par Bioware pour inciter le joueur à prendre le temps de l'exploration. On nous promet en tout cas que chaque planète proposera ses propres intrigues et qu'il vous appartiendra d'y prendre part ou non.
Quid de l'aventure humaine ?
Mass Effect Andromeda est donc plein de promesses, mais malheureusement, nous n'avons pas pu franchement juger des éléments charnières de la franchise : sa narration et les rapports que le joueur entretien à l'égard de son propre personnage et de ses coéquipiers. Nous l'avons vu, les animations pêchent au même titre que la version française, toutefois, les quelques dialogues et autres datapads que nous avons pu voir soulignaient une écriture manifestement soignée. Notez d'ailleurs que nous avons pu éprouver le nouveau système de dialogue, qui a effacé l'approche conciliation / pragmatisme au profit d'un système de ton. Il existe désormais 4 manières de répondre aux interlocuteurs, chaque ton étant matérialisé par une icône : réponse cérébrale, spontanée ou encore professionnelle sont autant d'options qui s'offrent à vous et dont on nous certifie qu'elles façonneront votre personnage, dont chacun des choix sera enregistré et aura des répercussion à l'avenir. Ainsi, la manière dont se comporte Ryder est nettement plus transparente qu'auparavant, et nous espérons de tout cœur que nous puissions en faire un personnage cynique, amical, arrogant... bref, lui donner le caractère que l'on veut lui donner.
Nous n'avons également pas pu aborder les rapports avec l'équipage. Toutefois, Bioware a martelé avoir bien conscience de l'importance des rapports humains dans Mass Effect et Andromeda ne devrait pas oublier cet élément central de la licence. Romances et quêtes de loyauté seront donc au rendez-vous, reste à savoir si les personnages seront aussi attachants que ceux de la première trilogie. Autant de question qui pour l'heure restent en suspens et dont il ne tarde de connaître la réponse.
Bande-annonce de Mass Effect Andromeda
Ce "bon" aurait pu se muer en "très bon" si la présentation de Mass Effect Andromeda n'avait pas laissé en suspens une question essentielle : est-ce que la narration sera à la hauteur du prestige de la saga ? Si nous n'avons pas pu juger de l'impact des choix, des relations entre les personnages ou même des détails et de la qualité de l'histoire principale, nous pouvons toutefois être rassurés quant au respect de l'ADN de Mass Effect. Gameplay nerveux et rafraîchissant, monde nettement plus ouvert qu'auparavant et contenu manifestement riche sont autant de points rassurants pour l'avenir. Plus qu'un mois à attendre pour enfin savoir si Andromeda parviendra à donner sans sourciller la réplique à la trilogie Shepard.