Que se passe-t-il lorsque le puissant et sournois Empire du Nilggaard fait son apparition dans un jeu de bluff tel que le Gwent ? La réponse, évidente, réside dans une combinaison de coups en traitre, de tactiques d’espionnage et de corruption à grand renfort de pièces d’or. Si le titre de CD Projekt, dérivé du jeu de cartes présent dans The Witcher 3 : Wild Hunt se laisse essayer en bêta fermée depuis maintenant quelques mois, il célèbre aujourd’hui l’arrivée de sa cinquième faction jouable : le Nilfgaard. Disponible en jeu (toujours en bêta fermée) le 6 février prochain sur PC, PS4 et Xbox One, voici un aperçu des spécificités, compétences et stratégies en oeuvre derrière cette faction toute particulière.
Commençons par un bref rappel de la situation ; Gwent est un dérivé en mode stand-alone du jeu de cartes éponyme introduit dans The Witcher 3. Face au succès de ce dernier, le studio polonais décidait d’en faire un titre à part entière, un free-to-play avec boutique intégrée disposant à la fois d’un mode solo scénarisé (on parle d’une dizaine d’heures de jeu pour la première campagne) et d’un mode multijoueur en ligne. Face à une concurrence sévère menée tambour battant par le mastodonte Heartstone de Blizzard, le Gwent joue la carte de l’originalité avec son approche stratégique orientée vers la ruse.
Le but du jeu est plutôt simple : comptabiliser plus de points que son adversaire lors d’une partie jouée en trois tours. S'il est tout à fait possible de jouer ses cartes les plus puissantes dès le départ afin de forcer l'opposant à dépenser ses différents atouts au plus vite, gardez à l’esprit qu'il n’y a pas de pioche automatique entre chacun des trois tours d'un match de Gwent. L’idée consiste alors à prévoir son jeu sur la durée et ne pas hésiter à concéder une manche afin de conserver sa puissance pour le round suivant. Bref, comme au Poker, le Gwent est un titre tactique où le bluff trouve naturellement sa place. Un écrin de choix pour une faction d’espions comme le Nilfgaard !
Le Nilfgaard était attendu de pied ferme par la communauté. Menée par un Emhyr var Emreis toujours aussi calculateur, la faction propose une nouvelle vision stratégique du jeu. Trois piliers constituent le cœur du gameplay Nilfgaardien : la reconnaissance, le contrôle des ressources et l’infiltration. Attendez-vous donc à occuper les lignes de jeu de votre adversaire à l’aide de vos espions et autres ambassadeurs à envoyer en reconnaissance. Le Nilfgaard excelle au petit jeu de la découverte des cartes de la main de l’ennemi. Certaines combinaisons bien placées permettent de vous mettre à l’abri d’éventuelles mauvaises surprises à venir. Une fois le plateau rempli d’espions, l'adversaire se retrouve dans un situation délicate. S'il dispose des points accordés par la présence de mouchards sur ses propres lignes, il sait aussi que ces émissaires peuvent à tout moment retourner dans votre camp grâce à certaines capacités Nilfgaardienne. Exposé, votre opposant est bien plus vulnérable qu'en situation classique de jeu et il n'aura souvent nul autre choix que d'abattre ses atouts au plus vite.
Jouer une carte dans le camp de l’adversaire lui offre un avantage au niveau des points, mais vous permet de piocher une ou plusieurs unités dans votre propre pioche. Un avantage non-négligeable lorsque l’on sait à quel point une main bien fournie est un élément crucial du bon déroulement d’une partie de Gwent.
D’aveux de développeurs, l’arrivée tardive du Nilfgaard s’explique par sa grande similitude avec les Royaumes du Nord dans la version de base du jeu dans The Witcher 3. Le style de la faction a donc été retravaillé en profondeur pour parvenir à un résultat bien plus distinctif.
Certaines cartes démontrent cette envie du studio de repartir à zéro pour le Nilfgaard. Objectif : offrir au joueur un style de jeu original en accord avec le background de la faction dans l’univers de Sapkowski. La fausse Ciri ira par exemple se placer du côté de l’adversaire et gagnera en puissance à chaque tour jusqu’à ce que votre opposant passe son tour. Elle retourne à ce moment-là de votre côté, mais conserve ses gains en puissance. Vattier de Rideaux offre la possibilité de découvrir deux cartes de la main de votre adversaire au prix de la révélation de deux cartes de votre propre jeu. Si l’effet est à double tranchant, vous conservez le choix des cartes que vous retournerez face visible sur le plateau afin de minimiser l’exposition de votre stratégie.
Bon nombre de cartes bénéficient d’effets supplémentaires lors de la révélation d’informations sur le terrain. Vanhemar gagne deux points de puissance chaque fois qu’une carte du plateau sera révélée. On retrouve aussi Letho de Guletta, une carte de qualité or capable de banir toutes les unités non dorée d’une ligne afin de s’approprier leur puissance. Le sorceleur renégat est un bon moyen de sécuriser certaines cartes boostées lors des tours précédents. Les amateurs des romans seront aussi ravis d’apprendre l’arrivée du mage Vilgefortz, une carte or dont l’effet joue une nouvelle fois sur la mécanique de reconnaissance des unités du jeu de l’adversaire ou de sa propre main.
Beaucoup de decks Nilfgaardien s'appuient sur la Mangonel, un engin de siège capable de retirer deux points de force à une unité ennemie chaque fois qu’une carte est révélée dans la main de l’un des deux joueurs. Croyez-moi, bien placée sur le plateau, son effet est dévastateur si l’adversaire ne parvient pas à s’en débarrasser au plus vite. La mise à jour ajoute 60 nouvelles cartes dont certaines spécifiques à chaque faction (Royaumes du Nord, Monstres, Skellige, Scoia Tael) et des cartes neutres utilisables dans tous les jeux.
Avec l’arrivée de la faction du Nilfgaard, CD Projekt nous prouve une nouvelle fois que le Gwent n’est pas qu’une simple redite du jeu de carte déjà présent dans The Witcher 3. Profondément repensées dans leurs mécaniques, mais toujours fidèles à leur contexte scénaristiques, toutes les factions du titre offrent une approche unique et stratégique. Et s’il reste encore certains équilibrages à retravailler avant la sortie finale du jeu, Gwent démontre ici son potentiel de renouvellement et d’originalité, deux qualités essentielles pour espérer se faire une place au milieu d’un marché du jeu de cartes de plus en plus saturé.