Après Halo et Forza, c'est enfin au tour de Gears of War, l'autre membre de la Sainte Trinité Xbox, de faire des premiers pas sur la dernière console du géant américain. Il aura fallu plusieurs années et un premier essai sur Gears of War Ultimate Edition à The Coalition, studio fondé par Microsoft pour gérer la licence racheté à Epic Game ; après diverses présentations, les choses se font plus précises puisque Gears of War 4 sera disponible à tous dans moins d'un mois. En amont de cette sortie particulièrement attendue, nous avons été invités par Xbox et The Coalition à découvrir le jeu en long, en large, et en travers, au sein même des locaux du studio. Un dernier aperçu avant la date fatidique particulièrement encourageant.
Gears of War fait indubitablement partie de l'histoire et de l'ADN de la marque Xbox. En 2006, le premier épisode réécrivait les codes du TPS en proposant un gameplay particulièrement léché, des graphismes à couper le souffle et surtout des personnages et un univers rapidement devenus culte. Sombre, violent, volontairement stéréotypé par moment, Gears of War était une véritable claque et il est vite devenu l'un des jeux les plus marquants de la génération passée. Après quatre épisodes, dont un spin-off oubliable, Gears of War revient plus en forme que jamais, entre les mains d'un nouveau studio passionné et surtout mené par Rod Fergusson, qui épaulait Cliff Blezsinski aux premières heures de la franchise. À la gamescom 2016, le jeu nous avait mollement divertis, et peut-être vexé par cet affront, Gears 4 est revenu rappeler qu'en termes d'action on faisait rarement plus dense et soutenu que lui.
Un solo digne de ses prédécesseurs
Effectivement, lors de la dernière gamescom, Gears of War 4 s'était à nouveau laissé apercevoir, via une courte démo d'une vingtaine de minutes, dans laquelle on découvrait JD et ses amis, en pleine recherche d'on ne savait quoi, en plein milieu des ruines d'un somptueux château fort. Selon l'habitude de la série, le jeu se plaisait à nous faire tomber sur le coin du nez de nombreux ennemis, mais le tout manquait de contexte, et l'on ne faisait finalement que tirer sur des monstres sans trop savoir pourquoi. Difficile donc de percevoir le souffle épique propre à la série. Mais cette fois, The Coalition a bien rectifié le tir, en nous permettant de découvrir les premiers heures de la campagne de ce Gears 4.
Sera va plutôt mal. 25 ans après la fin de la guerre contre les Locustes, l'humanité panse encore ses blessures. Une nouvelle Coalition des Gouvernements Unifiés a vu le jour, avec à sa tête la Première Ministre Jinn. Particulièrement soucieux de la survie de l'espèce humaine, Jinn et son gouvernement ont forcé les derniers habitants de Sera à se rassembler dans des villes, et se retrouvent ainsi coincés derrière d'épaisses murailles. Des prisons dorées qui les mettent néanmoins à l'abri des catastrophes naturelles qui ravagent les différents continents de la planète depuis la disparition de l'imulsion. Cette bienveillance un peu musclée a conduit certains survivants à fuir ces villes et à s'installer dans des endroits reculés, devenant de fait hors-la-loi. C'est notamment le cas de JD et de ses amis, qui au début de notre session de jeu étaient activement recherchés par la CGU et ses troupes militaires. Des troupes entièrement mécaniques puisque comme on l'a rapidement découvert, la majeure partie des tâches jugées trop dangereuses par le gouvernement ont été confiées à des automates. Mais le fils de Marcus Fenix est confronté à un double problème : son village a été attaqué par des créatures monstrueuses, et puisqu'il n'a jamais connu les heures sombres de la guerre humains-Locustes, il est complètement désemparé. D'autant que ce n'est pas la première fois que des humains sont attaqués, et de nombreuses disparitions ont été recensées. De son côté, la Première Ministre est persuadée que ces enlèvements sont du fait des Outsiders, ces humains ayant refusé de vivre sous les ailes protectrices de la CGU. Un véritable contre-la-montre s'engage alors.
Une bonne excuse pour multiplier les attaques brutales et les traquenards : le jeu multiplie les surprises (qui n'en sont pas vraiment puisque l'on comprend facilement quand des échanges de coups de feu vont avoir lieu, la faute au level-design) et les premières heures de jeu se déroulent à très grande vitesse. Du grand Gears of War.
Il serait difficile d'en dire plus sans vous spoiler certains faits marquants du scénario de Gears of War 4. Sachez simplement que par la suite, nous avons eu à mener une enquête dans les ruines d'un vieux château. Celui-là même que l'on avait visité à la gamescom, oui. Mais cette phase de gameplay nous a paru beaucoup plus intéressante maintenant que nous avions en mains plusieurs outils de compréhension, et notamment certains éléments scénaristiques. Selon la volonté de Rod Fergusson, le jeu renoue avec l'ambiance du tout premier Gears of War en distillant soigneusement ambiance mystérieuse et sentiment de découverte, à chaque nouveau pas que JD et son équipe effectuent. Le château se fait plus inquiétant puisqu'il devient subitement la porte vers un enfer mal identifié, le nid d'un mal dont on ne connait pas encore le nom.
Voilà pour le contexte, et l'ambiance. Rassurez-vous, pour ce qui est du gameplay le jeu n'est pas en reste. Il y avait un moment que l'on n'avait pas été autant happé par l'intensité des scènes d'action d'un jeu. Gears of War 4 n'est pas d'une originalité folle, mais il a le bon goût de proposer quelques nouveautés qui modifient sensiblement notre façon d'évoluer à travers les différentes zones de combat. Avec la possibilité d'attraper (ou d'être attrapé) un ennemi caché derrière la même protection que soi, et de l'achever avec un méchant coup de couteau, vous devenez subitement beaucoup plus enclin à vous déplacer et à jouer avec les différentes possibilités que le jeu vous offre. Oubliez les enchainements de gunfights tranquillement planqué derrière un bloc de pierre, Gears 4 vous force à vous mouvoir et à utiliser intelligemment le level-design pour prendre l'avantage sur vos ennemis. Les nouvelles armes vont d'ailleurs dans ce sens, comme le Lance-Disque qui vous permet de trancher vos ennemis en fines lamelles, en jouant avec les rebonds pour les toucher ou qu'ils se trouvent.
Sur notre temps de jeu, nous avons également remarqué que Gears of War 4 s'efforce de proposer une certaine variété de situations. Cela passe forcément par l'utilisation de la météo capricieuse de Sera, qui ne nous a clairement pas encore révélé tout son potentiel, mais aussi des phases de jeu moins attendues. Comme cette course-poursuite en motos, dans laquelle nos héros doivent fuir un avion-bombardier envoyé par la CGU. Si l'ensemble est bien entendu archi-scripté, le résultat est là : l'intensité est telle qu'on en oublierait parfois de reprendre son souffle.
Un multi toujours plus complet
Après le solo, The Coalition avait bloqué deux demi-journées pour permettre à la presse de découvrir le multijoueur de Gears 4 en profondeur. L'occasion pour les journalistes de découvrir différents modes de jeu, et de tester les uns contre les autres les nouvelles possibilités de mouvements des combattants. Lors de cette preview, nous avons pu essayer différents modes de jeu, et notamment Arms Race. Dévoilé récemment à la PAX West, Arms Race n'est pas une idée originale du studio puisqu'on retrouve des modes de ce genre dans de nombreux FPS, à commencer par Counter-Strike Global Offensive. Deux équipes doivent donc réussir à tuer trois ennemis avec les treize armes de Gears 4. Chaque fois que trois ennemis sont abattus, l'équipe change d'arme ; on commence avec le terrible Boomshot, le lance-grenade Locuste, pour terminer avec le pistolet Boltok. La formule, testée et approuvée dans le passé sur d'autres titres, fonctionne d'autant mieux dans Gears o War 4 que l'arsenal est aussi original que varié. L'introduction de nouvelles armes, et notamment celles appartenant aux robots de la CGU, apporte un supplément de variété qui rend ces parties immédiatement fun.
Si le multijoueur du titre de The Coalition est vraiment divertissant, il n'oublie pas non plus les joueurs de plus haut niveau, avec le mode de jeu Escalation. Pour gagner, il faudra capturer trois zones sur la carte, ou marquer un total de 210 points. Ce qui signifie que le mode permet des retournements de situation spectaculaire si les joueurs sont doués : menés 70 à 200, une équipe peut parfaitement réussir à gagner la partie sur le fil en capturant les trois zones. A noter qu'Escalation fonctionne sur un système de manches, et permet à l'équipe perdante de choisir, entre chaque round, de placer sur la carte une power weapon de son choix. De quoi renforcer l'aspect stratégique du jeu, une bonne idée pour les compétitions e-sport qui devraient être particulièrement intéressantes à suivre.
Avec son système de matchmaking par rangs et ses cartes à collectionner (pour débloquer skin d'armes, de personnages, etc), et surtout ses nouveaux finish moves, le multijoueur Versus de Gears of War 4 nous apparait, avant même la sortie du jeu, comme la meilleure version de la série. Ce qui n'est pas étonnant puisque Rod Fergusson est très attaché à cette section de la série, grand amateur d'e-sport qu'il est.
La Horde 3.0, le retour du roi
Gears of War proposait à sa sortie un multijoueur coopératif dans lequel les joueurs étaient supposés repousser des vagues d'ennemis toujours plus pugnaces. La Horde, tel était son nom. Une idée qui a eu un succès fou et a inspiré de nombreux autres développeurs, à commencer par les petits copains de Bungie, qui avait intégré à Halo 3: ODST le mode Baptême du Feu directement inspiré de la Horde. Pour son retour sur le devant de la scène, Gears of War devait proposer un mode Horde à la mesure de ses ambitions, et rappeler qui était à l'origine de cette mode. D'ailleurs, selon Fergusson, cette Horde 3.0 est « la meilleure Horde qu'ils aient jamais créé ». On ne demandait qu'à le constater manette en mains.
The Coalition ne s'est pas contenté d'améliorer la formule mais l'a largement enrichie. Désormais, le joueur devra choisir entre cinq classes de combattants : Scout, Soldat, Heavy, Sniper, et Technicien. Avant de lancer la partie, vous devrez donc choisir votre avatar, mais aussi votre classe ; celle-ci détermine les armes avec lesquelles vous apparaitrez au spawn, mais aussi les perks que vous pourrez utiliser. Au nombre de 13 par classes, ces perks permettent principalement d'infliger plus de dégâts avec l'arme de prédilection de la classe, ou de résister à certains types d'attaques. Ainsi, le jeu vous encourage à jouer votre classe de la manière pensée par The Coalition. Prenez par exemple le Scout : adepte du fusil à pompe, il dispose d'une perk augmentant de 60% les dégâts infligés par le Gnasher. Pourquoi s'en priver ? De fait, on aura tendance à aller au corps à corps, plutôt qu'à se tenir au loin avec un fusil de sniper. C'est possible, mais vous serez moins efficace. La Horde 3.0 entend vous faire jouer en équipe et s'en donne les moyens. C'est assez évident lorsque l'on constate l'importance du Fabricator, sorte de gros caisson que les joueurs doivent placer eux-mêmes sur la carte en début de partie. Si les ennemis le prennent, la partie est terminée. Mais grâce à vos frags, vous trouverez de quoi remplir le générateur de ce Fabricator, qui pourra ensuite générer armes et défenses, que le Technicien pourra améliorer et réparer en cas de besoin. Et croyez le bien, avec 50 vagues d'ennemis et des boss toutes les dix vagues, vous en aurez besoin.
Bref sacrée réussite que ce mode Horde 3.0 qui demande teamplay et sens de l'organisation, sans oublier les moments de gunfight très intenses que sait fournir le jeu. D'autant que la bande-son a été retravaillée et certaines armes ont gagné en panache, et notamment le Lanzor et le Rétro-Lanzor. C'est avec un plaisir presque coupable que l'on crible ses adversaires de balles.
Une version PC magnifique
Nous avons pu jouer à Gears of War 4 sur deux versions : d'abord sur console, ensuite sur PC. Si la version console semble faire le travail en proposant dans un même temps des textures franchement sublimes et d'autres beaucoup plus discutables, la version PC du jeu nous a mis une grande claque, tout du moins en Horde 3.0, puisque c'est sur ce mode de jeu en particulier que nous avons pu le tester. Entre la 4K et le framerate d'une fluidité à toute épreuve, The Coalition s'est donné beaucoup de mal pour faire oublier les différents soucis rencontrés par Gears of War Ultimate Edition, à son lancement. On espère que tout cela tournera comme un charme en octobre prochain, lorsque Gears 4 sera disponible à tous.
À noter que nous avons assisté à une courte démonstration vantant les mérites du HDR (et donc de la Xbox One S), et si effectivement la différence est palpable, les propriétaires de Xbox One classiques ne devraient pas se sentir lésés. On en saura plus très bientôt.
Le nouveau trailer de Gears of War 4
Même si le déroulement du scénario nous a paru assez classique, Gears of War 4 semble bien parti pour nous faire vivre une flopée de moments épiques et de gunfight hyper nerveux. Maintenant que l'on connait les bases du scénario de ce Gears 4, une chose est certaine, on veut connaitre la suite ! Sans être aussi charismatiques que leurs prédécesseurs, JD Fenix et ses amis ont également leurs qualités et leur innocence nous fait percevoir la série différemment. Moins rompus aux arts de la guerre que Marcus, Dom' et le reste de l'escouade Delta, ces nouveaux personnages apportent une nouvelle dimension à un univers qui habituellement déborde de testostérone. Côté multijoueur, on semble se diriger vers quelque chose de mieux pensé et de plus complet, avec un mode Horde très prenant et un Versus peut-être plus conservateur mais diablement efficace, notamment grâce à quelques nouveautés de gameplay franchement bienvenues. Si vous n'aviez jamais aimé la série, peu de chance que cela change le 11 octobre prochain, en revanche les fans seront aux anges.