Débutée en 2005 sur PlayStation 2, la série Yakuza arpente les consoles du constructeur japonais depuis lors au point de devenir une franchise phare de l’éditeur Sega. Pourtant cette dernière peine à accoster sur nos rives avec pas moins de 3 ans d’attente pour un Yakuza 5 qui aura tout de même séduit les joueurs et la presse spécialisée. Toujours en développement à l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, le septième épisode des aventures de Kazuma Kiryu (en comptant le prologue Yakuza Zero) a montré patte blanche lors de ce Tokyo Game Show 2016, histoire de faire patienter les fans jusqu’au 8 décembre 2016 (sortie prévue au Japon uniquement pour le moment).
Bande-annonce de Yakuza 6 au TGS 2016
Lors de ce Tokyo Game Show, une démo de 15 minutes présentant 2 séquences de gameplay était mise à disposition des visiteurs sur les stands de Sony et Sega : une première orientée scénario et une seconde tournée vers l’action et les combats au corps à corps. Suite à cela, nous avons discuté une dizaine de minutes avec un développeur qui nous aura apporté quelques précisions quant au contenu du jeu.
Une éternelle histoire de “famille”
Le récit de Yakuza 6 débute quelques années après les événements du cinquième épisode dans lequel Kazuma Kiryu mit un terme à la querelle ayant embrasé les 5 villes majeures de l’archipel, tandis que Haruka Sawamura était repérée par un agent bien décidé à en faire une idole. Dans le même temps, Kiryu se retrouvait en prison afin d'expier ses fautes. Et cet instant fugace de bonheur pour notre chanteuse en herbe fut de courte durée. Menacée par un journaliste peu scrupuleux prêt à faire ressurgir le passé “mafieux” de la demoiselle, celle-ci prend sa retraite à la surprise générale durant l’hiver 2012 avant de finir dans le coma, accident de voiture oblige, laissant ainsi un bébé sur les bras d’un Kiryu tout juste sorti de prison et souhaitant ardemment lever le voile sur le mystère entourant le père de l’enfant. Et les ennuis ne font que commencer. Une mafia chinoise bien décidée à exploiter le filon japonais s’implante à Tokyo et pousse notre héros à sortir de sa torpeur pour repousser une présence vécue comme une invasion.
Depuis l’ère PlayStation 3, la série Yakuza s’est démarquée de la concurrence par la présence systématique d’acteurs au générique et pas seulement pour prêter leur voix aux personnages. Visage, expressions faciales, motion capture… les prota/antagonistes prennent vie à l’écran et insufflent cette dimension cinématographique à la saga avec un Beat Takeshi (Takeshi Kitano) interprétant Toru Hirose, le chef de la famille Hirose de Youmeirengokai, à titre d’exemple. Et cette volonté de faire de Yakuza 6 un miroir de la réalité se retrouve dans la mise en scène. Certes courte, la première séquence de jeu se déroulait à Onomichi dans la préfecture d’Hiroshima, où nous retrouvions Kiryu portant dans ses bras le bébé en question. Difficile de juger sur pièce la qualité des dialogues, ces derniers étant en japonais non sous-titrés, mais les angles de caméra et le soin apporté au tempo démontre cette envie de raconter et non simplement d'exposer.
Pouvoir arpenter une ville non plus fictive mais bien réelle est plaisant à plus d’un titre. Et pour cause, selon le développeur, les noms fictifs et certaines modifications apportées aux environnements dont ils s’inspirent seraient dus à la pression des véritables Yakuza. Quand la fiction rejoint la réalité !
Une aventure “coup de poing”
La seconde séquence de jeu présentée prenait place à Kamuro-cho dans la ville de Tokyo, un ersatz du quartier bien réel de Shinjuku. Vêtu d’un costume blanc ajusté, Kazuma Kiryu, tel un héros des temps modernes, bat le pavé à la recherche de voyous s’en prenant à des couples sans défense. Un simple prétexte à la castagne nous en conviendrons mais une bien belle manière de lier l’utile à l’agréable.
Sans jamais rester pieds et poings liés à son héritage, Yakuza 6 s’autorise un ravalement de son système de combat et de la caméra qui jusque-là s’avérait être l’un des points faibles de la saga. Bien moins capricieuse que par le passé, celle-ci rend désormais hommage aux frappes à la gorge et autres coups de pied circulaires débités par un maître des arts martiaux. Serein la majorité du temps, Kiryu laisse son calme au vestiaire lorsqu’il s’agit de fracasser du malandrin. Une fois en mode combat, rien ne l’arrête. Attaques rapides et lourdes, prises à la gorge et actions contextuelles (écraser la tête d’un adversaire contre un mur…) s’enchaînent avec violence et précision malgré un manque de fluidité par moment, là où Sleeping Dogs ou encore la série Batman Arkham assuraient un show constant et brutal. Qu’ils sont loins les combats rigides du passé… pour notre plus grand plaisir.
Un Japon mafieux criant de vérité
Le soin apporté à la retranscription d’un Japon réaliste bien que fictif a toujours été l’une des grandes forces de la série et Yakuza 6 ne déroge pas à la règle bien au contraire en repoussant une fois de plus ses propres limites. Que ce soit en bord de mer ou au coeur de la métropole tokyoïte, Sega donne vie aux environnements et transpose à l’écran un Japon criant de vérité. Air marin et calme d’une petite ville côtière, foule de badauds vagabondant dans les ruelles de Kamura-cho… l’archipel se visite manette en mains les yeux écarquillés face à tant de détails et de précision. Ambiance ensoleillée ou bien humide, petit village ou urbanisation poussée à l’extrême… le moteur de jeu conçu pour la PlayStation 4 autorise les artistes à s’en donner à coeur joie et ainsi faire de ce titre un “monde ouvert” crédible et plaisant à parcourir.
Et ce souci du détail se retrouve dans la multitude d’activités disposées ici et là. Restaurants, salles de sport, salles d’arcade dans lesquelles Virtua Fighter et Puyo Puyo sont tout simplement jouables, ou encore de nouveaux mini jeux viennent occuper notre héros entre deux missions de l’histoire principale.
Impossible de rester de marbre face à Yakuza 6. Entre modernité et tradition, cet épisode parvient à ménager la chèvre et le choux. Fidèle à ses prédécesseurs dans sa dimension cinématographique et dans sa faculté à transposer le Japon en pixels, le titre de Sega ne se contente pas de répéter en boucle la même formule. Refonte du système de combat et nouveau moteur de jeu font de ce Yakuza 6 une expérience PS4 à part entière, sans avoir à rougir face aux productions occidentales.