Dire que Torment : Tides of Numenera est attendu de pied ferme par les amateurs de RPG occidental serait un bien bel euphémisme ! Après avoir trusté durant de longs mois la première marche du podium des projets de jeux les plus financés sur Kickstarter, le titre d'inXile Entertainment a profité de cette gamescom 2016 pour nous présenter sa vision des choses et ses nouveautés. Successeur spirituel du très apprécié Planescape : Torment, Tides of Numera a la lourde tâche de prendre la relève de l'un des meilleurs RPG des années 90 dont les retours communautaires et l'aura explosent les compteurs de satisfaction. Après le succès de Wasteland 2, InXile réinvestit une licence qui lui est chère avec à la tête du projet plusieurs grands noms de l'industrie dont Brian Fargo, Colin McComb ou encore Chris Avellone.
3 minutes de gameplay pour Torment : Tides of Numenera
Un monde à nul autre pareil
Torment : Tides of Numenera est, selon la définition de son développeur, un RPG à histoires de science-fiction fantasy, pensé pour un joueur, en vue isométrique comportant tout de même de nombreux éléments en 3D. Son style graphique repose sur de magnifiques tableaux peints à la main, un rendu agrémenté d'animations chargées de rendre l'environnement plus vivant. Son ambiance unique repose sur un mélange entre technologies du futur et éléments issus de l'imaginaire de la fantasy. La narration, les choix et leurs conséquences jouent un rôle majeur dans l'aventure. La trame de Numenera se déroule sur Terre, un milliard d'années dans le futur ; entre notre époque et ces temps très avancés, huit civilisations majeures ont eu le temps d'émerger et de prospérer technologiquement avant de disparaître ou d'atteindre un état d'existence transcendantal. Les progrès technologiques et spirituels ont permis aux différentes races de modifier leur apparence physique, de parler aux étoiles et de maîtriser l'essence même de la magie. Tous ces éléments ont un impact direct sur le monde dans lequel nous allons évoluer.
Aujourd'hui, c'est au tour de la neuvième civilisation de jouer son rôle et de composer avec les reliques du passé, les ruines, l'empreinte laissée par les peuples, leur savoir ainsi que leur magie désormais nommée Numenera. Le joueur incarne un esprit fraîchement débarqué dans un nouveau corps, il est connu sous le nom du Dieu Changeant, une entité immortelle dont la quête principale consiste à échapper à une créature se faisant appeler « The Sorrow » (le Chagrin). Il n'est pas question ici de sauver le monde à travers une épopée épique contre un mal ancien, mais plutôt de vivre une enquête sur le sens même de notre existence.
Si l'univers très particulier du jeu est susceptible de quelque peu effrayer le néophyte, les développeurs insistent sur leur volonté de le rendre accessible à un nouveau public. Voilà pourquoi le jeu s'annonce aussi désormais sur PS4 et Xbox One. Chaque rencontre avec un PNJ est l'occasion d'en apprendre beaucoup sur la trame globale de cet univers complexe bourré de réflexions philosophiques. Torment : Tides of Numenera pourrait être qualifié de jeu bavard, mais dans le bon sens du terme ! La plupart de nos interlocuteurs disposent de multiples options de dialogue dont la qualité d'écriture fait la grande force du jeu. Les amateurs de Baldur's Gate ou du plus récent Pillars of Eternity devraient évoluer ici en terrain conquis.
Le Raz-de-Marée du RPG
Chacun de nos choix est susceptible d'avoir un impact sur le monde et tracera au fil de l'aventure les contours de notre personnalité. Cette notion appelée "Héritage" dans Torment fait partie intégrante du système de jeu. Ses répercussions sont nombreuses, de la façon dont vous aborderont certains PNJ, à la capacité de pouvoir manier certaines armes ou utiliser certains sorts. Lors de cette nouvelle présentation du jeu, les développeurs ont adopté une approche pragmatique afin d'illustrer l'importance des décisions sur le cours des évènements. Refuser d'aider un PNJ ne signifie pas simplement de ne pas accepter sa quête pour passer à autre chose, ce choix opère de façon très organique de nombreuses modifications dans le monde, mais aussi auprès de vos compagnons et sur votre propre conscience. Le système s'annonce tentaculaire, mais il n'en fallait pas moins selon InXile pour proposer un nouveau Torment capable de répondre aux attentes des fans de la première heure et autres amateurs de JDR sur table.
Toutefois, les choix ne devraient pas se limiter à la simple opposition binaire entre le Bien et le Mal. Le studio insiste sur la nouvelle mécanique des Marées (d'où le Tides du titre). Ce système est bien plus complexe que la gestion classique de la morale dans les jeux héritiers du concept de Donjons & Dragons. Les marées sont en fait des forces invisibles qui influencent le cours des choses dans le neuvième monde. Elles sont réparties en cinq couleurs (ou tendances) représentant chacune un archétype d'idéaux. L'indigo verse par exemple du côté de la justice, de l'équité ou encore du compromis tandis que le rouge penche vers les passions, l'émotion ou l'action.
Si le joueur décide de sacrifier une vie pour en sauver des milliers d'autres, la valeur de la marée Or, basée sur l'empathie et la compassion, augmentera. Cela ouvre alors les portes de nouvelles options de dialogue ou débloque l'accès à de nouvelles compétences. Bien entendu, il est tout à fait possible de verser dans plusieurs marées à la fois pour explorer plusieurs facettes du monde. Ce système semble très prometteur sur le papier, car il possède l'avantage de trancher avec les prises de décision binaires de beaucoup de RPG du marché.
Un système de combat classique
Tides of Numenera utilise un système de combat traditionnel au tour par tour en perspective isométrique. Le titre n'a pas été pensé en tant qu'action-RPG où toutes les situations conduisent inévitablement à des affrontements. Les combats s'annoncent peu fréquents, mais devraient disposer d'une approche stratégique de qualité. Les affrontements se déclenchent lors des « crises », des phases où le combat fait à la fois intervenir nos capacités, sorts et statistiques, mais régulièrement aussi la possibilité de poursuivre le dialogue avec l'ennemi afin de tenter de résoudre le conflit autrement que par la violence.
Le joueur peut choisir entre trois classes : le Glaive, un guerrier orienté force et vitesse, le Jack, une classe dont l'accent est porté sur l'observation de l'environnement et le dialogue avec les personnages et le Nano, l'équivalent de l'archétype du mage, qui utilise en fait la technologie avancée des civilisations passées pour combattre. Les capacités de chacune des classes dépendent beaucoup des découvertes et connaissances du joueur. Voilà pourquoi la mort est traitée de manière très originale dans Numenera. Lorsque vous succombez, votre conscience se rend dans un labyrinthe de l'esprit, sorte de représentation onirique de votre personnalité. S'il est assez facile d'en sortir, le jeu récompense l'exploration minutieuse des recoins de la zone dans lesquels vous pourrez vous confronter à vos propres pensées et ouvrir l'accès à de nouvelles quêtes, énigmes et autres endroits cachés dans le monde.
Prévu à la base sur PC, Mac et Linux, le jeu entend aussi sortir sur PS4 et Xbox One dans une version en tout point équivalente en matière de graphisme, de fluidité et d'interface. La démonstration de cette gamescom n'a pas révélé de soucis majeurs avec la mouture Xbox One.
Petites ou grandes histoires, chaque élément de Torment : Tides of Numenera entend bien regorger de profondeur et d'interactions organiques avec l'ensemble du monde. Le RPG d'InXile est un projet tout aussi ambitieux qu'intelligent mené par une équipe de vétérans passionnés par le genre. Certes, Torment ne sera pas à mettre entre toutes les mains, mais pour peu que vous aimiez les RPG aux dialogues finement ciselés et aux ambiances atypiques, vous risquez bien de vous y plonger durant de longues heures lors de sa sortie en 2017. Notez qu'une petite partie du jeu est déjà disponible en version bêta et qu'un nouveau build de test devrait arriver avant la fin de l'année sur PC.