Le studion JoyCity fête ses 21 printemps cette année, et pourtant il est assez peu connu chez nous. Et pour cause : les Coréens se sont spécialisés avec le temps dans les jeux de sport multijoueur free-to-play, une discipline peu courante dans nos contrées. Mais leur licence Freestyle fonctionne particulièrement bien en Asie et les équipes du studio avaient à coeur de toucher les joueurs occidentaux. Pour cela, ils ont une arme, qui porte le nom de 3on3 Freestyle.
Pour un européen, cela est peut-être difficile à croire, mais figurez-vous que le basket-ball a le vent en poupe en Asie. Particulièrement en Chine, où l'on trouve désormais une China Basketball Association, largement inspiré de la NBA américaine. Les joueurs comme Kobe Bryant y sont considérés comme des demi-dieux, et chacune de leurs apparitions publiques génèrent des attroupements ahurissants. Le voisin coréen n'est pas moins intéressé par le basket, surtout virtuel. Depuis environ 10 ans, le studio JoyCity se fait connaître pour ses free-to-play sportifs, mettant en valeurs le jeu en équipe et les actions dignes des highlights de la grande ligue américaine. Leurs jeux ont même droit à des compétitions e-sport qui attirent à chaque édition une foule de passionnés de sport virtuel, que la balle soit orange, ou noire et blanche.
La licence rencontre un joli succès en Corée du Sud, en Chine, ou encore à Taiwan, et bien entendu, il a rapidement été question de sortir un opus à plus grande échelle. Double difficulté : jusque là, les jeux sortaient uniquement sur PC, et ils étaient free-to-play. En occident, les consoles règnent, alors qu'en Corée du Sud, le marché est inexistant ou presque ; et le free-to-play a mauvaise réputation. Il aura fallu de longs mois aux dirigeants de JoyCity, pour convaincre le reste des troupes de l'intérêt de sortir un jeu console et payant. Les moins difficiles à convaincre auront été les pontes de Sony Asia, qui se sont attelés à faire de 3on3 Freestyle une exclusivité PlayStation 4.
Du basket arcade
Alors, Freestyle 3on3, qu'est-ce que c'est ? Le jeu se présente sous la forme d'un jeu typé arcade, dans lequel deux équipes de trois joueurs s'affrontent dans des matches de basket typé « streetball ». Comprenez par là qu'une partie des règles classiques du basket-ball ne s'appliquent pas, et que le style est souvent privilégié à l'efficacité. Le jeu propose différents joueurs, aux profils différents ; chacun a un poste bien défini (point guard, shooting guard, small forward, power forward, et center), ce qui devrait faciliter la tâche aux connaisseurs de basketball. En effet, la composition de l'équipe est laissé au joueur, ce qui apporte au titre un aspect stratégique pas négligeable au titre.
Question gameplay, les commandes sont ultra simples. On est à des kilomètres d'un NBA 2K, ou même d'un NBA Live. La volonté ici est clairement de permettre à tout un chacun de s'amuser rapidement en jouant. Sur une Dualshock 4, Croix sert à passer la balle ou à la demander ; Rond autorise les joueurs les plus doués à tenter dribble et crossovers ; Carré sert à shooter, et Triangle permet de sauter, de contrer, ou de dunker, en fonction des phases de jeu. Sans oublier R2, qui permet d’accélérer.
Vous l'aurez compris, 3on3 Freestyle ne s'embête pas des finesses du jeu au poste, d'un système de passes plus élaboré, etc. De l'avis même des développeurs que nous avons pu rencontrer, l'idée est de proposer un jeu de basket fun et accessible, comme pouvait l'être en son temps NBA Jam. À ceci près qu'ici, on ne trouvera aucun joueur NBA.
Un petit côté MOBA
On en sourirait presque. JoyCity est un studio coréen et forcément, en fouillant un peu les menus du jeu, on se rend compte que 3on3 Freestyle comporte une petite dimension MOBA. C'est-à-dire ques les différents personnages du jeu peuvent gagner en XP et débloquer petit à petit de nouveaux skills. Dans le cas de Joey, le small forward servant de mascotte au titre peut par exemple exécuter un super double-clutch lay-up, qui lui permettra une forêt de bras tendus, tandis qu'un autre aura la possibilité d'effectuer un steal façon ninja. Pour permettre au personnage de progresser, il faudra trouver différents items, et notamment des manuels d'instruction. Rien de bien compliqué, mais cela devrait gonfler la durée de vie du titre, puisque le joueur sera forcément tenté de tout débloquer.
On retrouve cette composante MOBA jusque dans les affrontements, puisque s'il s'agit clairement d'un jeu de basket, les qualités individuelles des joueurs et leurs skills devront être pris en compte pour les match-up. Le jeu permet d'ailleurs une certaine marge d'erreur puisqu'en cours de partie, les basketteurs se fatiguent : le jeu vous impose alors de changer de personage, ce qui se fait assez facilement via le stick R3 de la manette. Il faudra donc analyser rapidement la situation et comprendre de qui et/ou de quoi l'équipe a besoin, pour gagner. Certains personnages sont extrêmement rapides, d'autres ont un excellent shoot à trois points, d'autres sont de gros contreurs… Cette variété impose donc aux joueurs de choisir vite et bien, tout en prenant en compte le choix de ses petits copains.
Une véritable dimension multijoueur
Aujourd'hui, lorsque les amateurs de basket-ball veulent s'adonner à leur sport préféré manettes en main, le choix est assez restreint. La série des NBA 2K est un petit bijou mais elle n'est pas forcément très accessible, a fortiori lorsque l'on veut simplement s'amuser avec des amis. Ce qu'il manque aujourd'hui, c'est un titre comme NBA Jam, qui permet de s'amuser facilement entre amis. 3on3 Freestyle se propose dans ce rôle, et il le fait plutôt bien, de ce que nous avons pu en voir. Le jeu est clairement porté sur le multijoueur, avec un mode online bien entendu, mais aussi un mode multijoueur en local, qui permet à plusieurs amis (jusqu'à trois, donc) de joueur ensemble sur la même console, le même écran, contre l'ordinateur. Mais aussi contre d'autres équipes de joueurs humains, cette fois-ci en online. Ce qui est plutôt bien vu. Sur notre session de jeu, nous avons pu tester cette configuration et on doit l'admettre, l'amusement était de la partie. Le trash-talk et les petites provocations n'ont pas tardé à se faire entendre. Reste à voir si le jeu est aussi fun une fois que l'on se retrouve seule devant son écran, car il n'est pas parfait.
Petit match à trois contre 3, en local
Quelques hics
Avec son design très cartoon, 3on3 Freestyle nous rappelle rapidement que son ADN est, à l'origine, celui du jeu free-to-play, et certains défauts techniques ne nous aident pas à faire fi de ce détail. À commencer par les animations des joueurs. Si les shoots, les contres, les dunks, ou les dribbles sont plutôt bien animés, on ne peut pas en dire autant des déplacements. Les personnages donnent l'impression de faire du sur-place ou de glisser, et surtout de faire des foulées étonnement grandes pour avancer très peu, in fine. Ce qui donne au jeu un côté un peu cheap, il faut bien le dire. Notez néanmoins que certains animations sont particulièrement réussies, comme celles qui surviennent lorsque vous utilisez le système de dribbles. En cas de spin ou de crossover réussis, les mouvements de votre personnage sont entourés d'effets de lumière plutôt bien vus, lui donnant un aspect vaporeux, insaisissable, fort à propos.
Difficile également de ne pas tiquer sur l'animation des tentatives de steal, qui voient le personnage sélectionné battre bêtement l'air avec un input delay plus qu'exagéré. Il s'agit peut-être d'une volonté des développeurs, et ceux afin de favoriser les personnages les plus doués en la matière.
3on3 Freestyle a réussi à nous amuser. Avec son esthétique cartoon, ses dunks ravageurs et ses petits clins d'oeil à la culture basket, on sent une volonté de bien faire, et de proposer un jeu amusant et accessible au plus grand nombre. Le contenu global semble pensé de manière à booster la durée de vie du titre et beaucoup devraient être tentés de jouer encore et encore pour débloquer tous les skills des personnages. Reste qu'en l'état, nous n'avons pu jouer qu'en multijoueur, en local, et s'il est parvenu à nous amuser dans cette configuration, on se demande si le titre de JoyCity ne paraîtra pas un peu creux, une fois seul devant son écran. Espérons également que le titre sera vendu à un prix raisonnable, ce qui sera clairement décisif. Mais dans l'absolu, 3on3 Freestyle a le mérite de proposer quelque chose qui manquait cruellement : un jeu de basket accessible pour s'amuser entre amis. Bon point.