Il nous aura fallu batailler, mais c’est au terme d’une longue attente que nous avons enfin pu mettre la main sur The Last Guardian. C’est donc durant une session de 40 minutes que nous avons pu vérifier pad en main si l’attente en valait la chandelle, autant sur un plan émotionnel que sur celui, plus terre à terre, du gameplay.
Le dormeur doit se réveiller
Se réveillant dans un temple enfoui sous la roche, le jeune garçon découvre avec étonnement une gigantesque créature, affaiblie, blessée et enchainée, près de lui. Bravant sa peur, il va alors tout faire pour la secourir en arrachant les pics lui lardant les flancs, tout en le rassurant et en lui enlevant ses attaches de pierre. Ainsi débute la démo de The Last Guardian, troisième volet du tryptique débuté avec Ico et Shadow of the Colossus.
Dès les premières secondes de jeu, The Last Guardian enchante à l’image de ses prédécesseurs. Minimaliste dans ses indications de gameplay, le titre de Ueda ne prend pas le joueur par la main, en le laissant face aux situations et à son environnement, d’où émaneront les solutions pour avancer. Préférant opter pour une voix off décrivant le résultat de nos actions (bonnes ou mauvaises), le titre se pose d’emblée plus comme un récit qu’un simple jeu vidéo, avec des objectifs clairs à l’intérieur d’un monde bien défini.
L’animal, le meilleur ami de l’homme ?
Dans The Last Guardian, les non-dits sont importants, d’autant que la complémentarité entre Trico et le jeune garçon se révèle efficace et touchante. En effet, le gamin pourra appeler la créature en criant son nom (le côté enjoué du garçon se caractérisant par des claquements de mains et une gestuelle étudiée), pendant que cette dernière répondra à l’appel de son sauveur afin de lui donner un coup de main, ou plutôt de patte. Si dans un premier temps, il était simplement question de monter sur Trico pour s’en servir de plate-forme afin d’atteindre des endroits inaccessibles, la découverte (dans une superbe pièce immaculée cachant une sorte de sarcophage de nacre) d’un bouclier réflecteur de lumière changea un peu la donne.
En effet, en usant de cet objet, il nous était permis de créer un rayon de lumière, quel que soit l’endroit où on se trouve, puis de viser un objet (la plupart du temps bloquant, à l’image de planches, d’un amas de roches, etc.) afin que Trico génère un rayon d’énergie, pouvant bien entendu détruire les cibles évoquées juste avant. Pratique, bien que ce soit un juste retour des choses puisque si Trico ne se fera pas prier pour aider son ami, celui-ci devra à intervalles réguliers dénicher des bidons luminescents renfermant de la nourriture afin que son compagnon à quatre pattes se montre plus docile. L’un des challenges étant de ramener ces tonneaux à Trico, souvent en retrait, on espère que cette mécanique ne se montrera pas trop contraignante et qu’à partir d’un moment, elle saura évoluer vers quelque chose d’autre afin de confirmer la relation de confiance entre l’homme et l’animal.
L’émotion par le silence
Si quelques problèmes de caméra venaient par moments gâcher légèrement l‘immersion, cette démo nous aura confortés dans nos attentes vis-à-vis de The Last Guardian. Reprenant les gimmicks des anciens épisodes, profitant d’une musique des plus discrètes et de quelques mots distillés au gré de l’aventure privilégiant le silence, le bruit du vent et de l’eau, le jeu de Sony enchante par ses choix, son rythme posé, ses personnages naïfs et touchants. Tout ce qui faisait la force de ICO et Shadow of the Colossus est ici réuni en un jeu qui, bien que moyennement impressionnant techniquement, se sert de sa belle direction artistique pour amener l’émotion. C’est ce qu’on attendait de lui, c’est ce qu’il nous aura offert lors de cet E3, dans des conditions pourtant peu enviables pour profiter d’un tel titre. Autant dire que si The Last Guardian se montre aussi charmant dans sa globalité, ce qui nous attend dans quelques mois risque de nous marquer durement.
The Last Guardian se trouve enfin une date de sortie
Si les vidéos du jeu attestaient du retour d’une ambiance aérienne et fort reposante, il est toujours rassurant de constater qu’en y jouant, les sensations sont similaires à celles d’un ICO. Sans prétendre à de l’esbroufe technique, The Last Guardian compense des textures pas toujours très fines et des caméras parfois un peu à la ramasse par une narration posée, une vraie complémentarité (autant émotionnelle que d’un point de vue de la jouabilité) entre le garçon et Trico. Il est donc acquis que dès octobre prochain, les possesseurs de PS4 pourront enfin souffler après des années d’attente, tout en s’émerveillant face à ce conte de pixels.