Dans le microcosme des fabricants de mondes ouverts, Volition a su se faire une place avec sa série des Saints Row, aux univers de plus en plus barrés. Cette année, ce n'est pas un nouvel épisode de cette dernière, mais bien une franchise toute neuve qui nous attend : Agents of Mayhem. Nous avons eu le loisir de nous y essayer pendant l'E3 2016.
Cette session de jeu en solo d'environ 30 minutes nous permettait de choisir une escouade de trois agents parmi les quatre proposés, avant de nous jeter au cœur d'un Néo-Séoul rongé par les forces de Mr Babylon, principal antagoniste de notre aventure. Vous incarnez en effet une unité du MAYHEM (Multinational AgencY for Hunting Evil Masterminds), chargée de nettoyer la ville des renégats et agissant en marge de la loi, jusqu'à faire office de superhéros au sein du folklore local.
L'agence tout rixe
Le principe de jeu est simple : propulsé dans un monde ouvert (que nous n'avons pas eu l'occasion de mettre à l'épreuve au cours de cette démo aux sentiers balisés) et aux commandes de trois héros, vous pourrez librement et à tout moment alterner de l'un à l'autre pour profiter des compétences de chacun. C'est d'ailleurs le seul véritable point positif qui est ressorti de notre session de jeu, qui proposait des personnages aux armes et aux ressentis très différents, allant de l'agile manieuse d'arc et ses coups de pied circulaires au bon bourrin des familles, aussi vif qu'une tractopelle et meurtrier qu'un T-Rex. Seul problème, la possibilité d'en changer à la volée nous facilite trop la tâche puisqu'elle permet par exemple au héros quittant la scène de conflit de remonter le niveau de son bouclier. Vous l'aurez compris, en changeant régulièrement de personnage lors des affrontements plus délicats, il était possible de contourner aisément la puissance de feu supérieure d'un boss et de réduire donc drastiquement l'intérêt de la partie.
Pour le reste, les personnages disposent d'arbres de progression classiques et minimalistes, avec tout d'abord des équipements allant de l'atout spécial (grappin, grenade…) à l'outil d'arme, en passant par un objet procurant un bonus passif et ensuite des compétences diverses (jusqu'à 4 par personnages) qui peuvent être améliorées avec l'expérience engrangée. En combat, le tout se matérialise par un ressenti proche d'un Borderlands qui aurait opté pour un passage en vue objective, et auquel on aurait retiré toute la saveur du loot à gogo, en plus d'y greffer un univers pop culture faisant évidemment référence aux célèbres héros de comics qui ont bercé l'enfance des petits et des grands. S'il parvient à nous accrocher quelques minutes, le temps de déclencher quelques pouvoirs au rendu explosif et de décimer une vague d'ennemis aux commandes d'un personnage enragé, le soft peine déjà à retenir notre attention : signe d'un univers qui manque d'une vraie patte, d'une personnalité suffisante pour retenir l'attention du joueur sur la durée.
Des mécaniques répétitives
On notera toutefois quelques fugaces bonnes idées, comme l'insertion bien placée de cutscenes façon comics et la présence de points faibles uniques selon les boss, mais on pestera régulièrement contre des systèmes d'objectifs sans grande saveur et déjà redondants sur une session d'une demi-heure : que ce soit pour casser le bouclier d'un boss ou ouvrir l'accès à la zone suivante, les mécaniques consistaient toujours à activer ou détruire une série d'éléments tout en faisant face à des vagues d'ennemis. On ne jugera évidemment pas le jeu sur cet unique point puisqu'il est tout à fait susceptible d'y accueillir à terme de nouveaux types d'objectifs, mais pour une première prise en main, on ne peut pas dire que le charme ait opéré.
Technique honnête pour une direction artistique quelconque
Techniquement, le jeu semble déjà à un stade plutôt avancé au regard de sa stabilité et de l'absence de problèmes techniques inhérents aux autres jeux touchés lors des salons, bien que les séquences explorées ne nous aient sans doute pas permis de jauger l'ensemble dans son véritable futur contexte, celui d'un monde ouvert. La direction artistique est quant à elle plutôt quelconque, tout comme le chara design qui, sans être catastrophique, ne parvient pas à attirer l’œil des joueurs ; ces derniers se forgeront sans doute un avis sur leur personnage favori par l'unique prisme du gameplay. Dommage, surtout que le contexte proposé, qui nous emmène dans la ville résolument high-tech de Séoul, a plutôt de quoi dépayser et séduire sur le papier.
Agents of Mayhem n'est pas un mauvais jeu. S'appuyant sur des personnages au style varié et sur un contexte encore peu fréquenté dans les jeux du genre – un Séoul futuriste en monde ouvert -, il pêche toutefois par son style trop générique, lui conférant un statut de patchwork d'outils tirés des FPS du genre : DA cartoonesque, présence de super-héros-agents option bac+2 en humour, statistiques, pouvoirs ou encore HUD au style déjà aperçu du coté de chez Borderlands, par exemple. Ni réellement amusant, ni réellement attrayant par son univers, le soft se contente pour le moment d'être un shooter décent proposant des personnages aux capacités et au ressenti réellement différents. On attendra toutefois de découvrir la nature du monde ouvert proposé avant de porter un jugement définitif – qui serait ici bien hâtif – sur le soft.