Resident Evil est à nouveau de retour sur le devant de la scène. Mais, cette fois, c’est par la petite porte à travers cet ersatz d’Opération Raccoon City qu’il a été possible d’essayer pendant une petite heure…
Une sensation de déjà vu
Sorti en 2012 sur PlayStation 3, Xbox 360 et PC, Opération Raccoon City se voulait un shooter à la troisième personne prenant place dans l’univers de Resident Evil et axé sur le multijoueur. Ainsi, il était possible de jouer à quatre en coopération online lors de la campagne solo, mais aussi de s’affronter à quatre contre quatre (Spec Ops vs Umbrella Security Service) via plusieurs modes multi. Umbrella Corps reprend donc le même principe mais en le simplifiant considérablement. D’abord, la campagne solo, intitulée ici « L’Expérience », se limite désormais à une série de 21 missions en solo offline se débloquant les unes après les autres et flanquées à chaque fois d’un petit briefing. Exit donc cinématiques, boss et réel scénario, vis-à-vis d’Opération Raccoon City. De même, à la différence de ce dernier, les personnages disponibles ici sont des clones en tous points identiques, sans grand charisme, et ne possèdent aucune capacité particulière.
Seuls varient l’esthétique des tenues – à personnaliser de manière plutôt sympa – et le choix des armes. Sur ce dernier point, le joueur dispose au total de 18 armes : 9 armes de poing et 9 armes légères/lourdes aux caractéristiques assez différentes (mitraillette K-12 AX, fusil à pompe Doberman Pincer ou encore mitrailleuse Warthog). Si le panel offert n’est pas très large, en revanche il demeure suffisant pour tuer efficacement zombies et adversaires, d’autant que 9 styles de viseurs (à point, à traits…) sont disponibles pour tirer plus précisément. Enfin, il ne faudrait pas oublier 7 types de grenades (fragmentation, flash, anti-Zombie Jammer…) et 3 styles de Brainers, sorte de piolets d’alpinistes servant ici d’armes de mêlée…
Un gameplay rapide mais frustrant
Courir, viser et tirer (une vue subjective immobile est disponible uniquement en visant), recharger, préparer et lancer une grenade, s’accroupir puis ramper, se mettre à couvert en pressant une touche ou encore grimper automatiquement aux murs simplement en poussant le joystick à proximité… Pas de doute, les actions s’enchaînent rapidement, ce qui donne un certain dynamisme au gameplay. Ce dernier est d’ailleurs favorisé par la présence d’un Zombie Jammer attaché à chaque joueur : il s’agit d’un appareil qui émet des ondes électromagnétiques permettant de ne pas être détecté par les zombies. Résultat : il est possible de frôler les morts-vivants sans que ceux-ci se montrent agressifs. Attention, toutefois, si le joueur attaque ou tire sur un zombie, celui-ci va réagir et se précipiter sur lui. Idem si l’appareil est détruit (par un tir ou une grenade anti-Zombie Jammer), les morts-vivants les plus proches attaquent le joueur. Sur le papier, il y a donc un petit côté stratégique à détruire le Zombie Jammer de l’ennemi. Hélas, sur le terrain, une volée de balles dans le buffet de l’adversaire est souvent plus efficace qu’un tir ajusté dans l’appareil qu’il transporte.
D’autant que les attaques au corps-à-corps avec le Brainer sont beaucoup trop puissantes pour perdre du temps à tenter le coup. Et pour cause : non seulement le rayon d’action du Brainer est assez important mais surtout, dès que son attaque est lancée, un script d’assassinat violent se déclenche automatiquement. Certes, il est possible de contrer ce coup en pressant une touche au dernier moment, mais il s’agit plus de chance qu’autre chose. Il est d’ailleurs dommage qu’une roulade ou un mouvement d’esquive n’ait pas été prévu par les développeurs. A noter toutefois que le Brainer peut non seulement être chargé – histoire de provoquer une attaque encore plus redoutable – mais il peut aussi être utilisé pour s’emparer d’un zombie et s’en servir comme bouclier. Une bonne idée qui a de l’intérêt sur le terrain uniquement dans certains modes de jeu. Enfin, au rayon des options futiles figure un système d’ordres appelé « I.C.O.N. Emote ». Accessible via le pavé numérique de la PlayStation 4, il permet de suggérer 8 styles d’actions à ses coéquipiers, telles que « Repliez-vous », « Séparons-nous », « Restez ici »…
Des modes de jeu nombreux mais classiques
Evidemment, l’intérêt d’Umbrella Corps réside avant tout dans les parties en multi online (pas de local disponible) qui permettent à six joueurs de s’affronter, répartis dans deux équipes de trois individus chacune. Il est néanmoins regrettable que certaines restrictions soient présentes, telles qu’un temps de partie obligatoirement limité (au choix 2, 3, 4 ou 5 min au maximum), ou une victoire attribuée d’office à l’équipe qui gagne trois matchs. A priori, impossible donc de configurer librement une partie. De même, les modes de jeu s’enchaînent aléatoirement en multi, sans visiblement pouvoir en choisir l’ordre. Heureusement, ceux-ci se révèlent plutôt nombreux, 9 au total, et recouvrent différents styles de jeu. Outre les traditionnels et efficaces Death Match (intitulé ici Respawn Match) et Domination (sécurisation d’une zone en restant à l’intérieur d’un cercle pendant plusieurs secondes), les plus intéressants s’avèrent sans conteste Collar War, Protector ainsi que DNA Hunter (et sa variante SP DNA Hunter). Collar War est en quelque sorte l’équivalent du mode Elimination Confirmée de Call of Duty, puisque, pour valider le kill, il faut ramasser au sol les données de l’adversaire une fois celui-ci abattu.
De son côté, un peu à l’image d’une Capture de drapeau, Protector propose de récupérer une mallette et de la conserver le plus longtemps possible. Tandis que DNA Hunter permet au joueur de se défouler en truffant de plomb les zombies alentour, de manière à collecter les échantillons d’ADN qu’ils laissent tomber en mourant une bonne fois pour toutes. Il s’agit probablement du mode le plus fun puisqu’il pousse les participants à se dépêcher, tout en empêchant éventuellement les ennemis de ramasser l’ADN de leur côté (dommage toutefois qu’il soit impossible de collecter sur un cadavre adverse ses propres échantillons). SP DNA Hunter est, quant à lui, une version hardcore de DNA Hunter, car il faut récupérer de l’ADN uniquement sur une poignée de créatures coriaces et beaucoup plus difficiles à tuer, comme les Majinis de Resident Evil 5. De moindre intérêt, les deux derniers modes multi, Collector et Target Hunter, proposent respectivement de récupérer cinq mallettes le plus vite possible et de tuer en priorité un membre de l’équipe adverse désigné comme cible (sachant qu’un des coéquipiers du joueur est lui aussi automatiquement pris pour cible).
Last but not least : le mode Extermination qui est accessible via un menu bien séparé et ne s’enchaîne donc pas avec les autres au cours de la partie. Celui-ci s’avère le plus palpitant puisque le joueur ne dispose que d’une seule vie, même si, comme dans les autres modes, il peut se mettre à l’abri afin que sa jauge de vie remonte automatiquement. Une fois tué, aucun respawn n’est possible et le joueur décédé n’a alors plus qu’à observer du dessus ses coéquipiers en zoomant sur la carte. Ici, à l’image – toute relative - de Rainbow Six : Siege, la tension est à son comble et il faut jouer stratégiquement en usant, par exemple, de grenades anti-Zombie Jammer pour neutraliser l’appareil de l’ennemi, afin que les zombies se précipitent sur lui. L’ambiance est d’autant plus électrique que, durant la dernière minute de jeu, la position des joueurs devient visible comme à travers des rayons X.
Un contenu sympa mais limité
Le jeu n’offre à la base que sept maps qui représentent toutefois autant de clins d’œil sympas à la saga Resident Evil. Figurent d’abord Umbrella Lab et Tricell HQ, ainsi que Raccoon City et Police Station, toutes deux inspirées de RE 2. Viennent ensuite The Village provenant de RE 4 (avec ses villageois Ganados et la possibilité de grimper sur les toits), Kijuju de RE 5 et enfin Antarctic Base issue de RE Veronica. Par ailleurs, cinq cartes parmi celles-ci sont disponibles également en version rabougrie, plus resserrée, afin d’augmenter le challenge. L’idée est intéressante sauf que les maps d’origine sont déjà plutôt petites et, même si quelques dénivelés sont présents (échafaudages, toit, égouts…), le joueur en fait vite le tour.
Quand Resident Evil mise à nouveau sur le multi
Certes, l’action gagne peut-être en efficacité car les joueurs se trouvent et se tuent plus vite. Mais il n’empêche que la frustration se pointe rapidement car il est difficile, voire inutile, de tenter quelque chose d’alternatif. De plus, certaines possibilités de gameplay n’ont pas du tout été exploitées, comme la pose de piège par exemple qui aurait pu apporter une dose stratégique supplémentaire. Par ailleurs, l’expérience de jeu et le fun sont aussi amoindris par des graphismes plutôt moyens ainsi que des bugs d’affichage assez disgracieux qui surgissent dès lors que zombies et autres chiens morts-vivants trainent autour du joueur. Reste qu’incarner des personnages de légende, comme dans le mode Mercenaires de RE 4, aurait tout de même pu avoir de la gueule, surtout lorsqu’il s’agit de Leon, Chris, Hunk, Barry, Jake et surtout Wesker. Hélas, ceux-ci ne seront présents que sous forme de skins dans le premier DLC payant déjà prévu pour le jeu...
Umbrella Corps semble vraiment jouer petit bras sur tous les tableaux. S’il peut créer l’illusion durant les premières parties, il affiche néanmoins ses limites assez rapidement. Graphismes moyens, gameplay frustrant, bande-son sans relief : en l’état, après une heure de jeu, cette copie sans ambition d’Opération Raccoon City ne déclenche guère l’enthousiasme, même si elle est prévue uniquement en téléchargement sur PS4 et PC et au prix de 29,99 €. Avis définitif lors du test…