En 2012, un certain Spec Ops : The Line a chamboulé pas mal de monde. Malgré un gameplay des plus classiques, ce TPS s'est imposé grâce à une ambiance excellente et des choix moraux traduisant l'horreur de la guerre et faisant assumer les conséquences de ses actes. Bien que salué par la critique et les joueurs, le titre de 2K Games n'a pas rencontré le succès escompté mais il a eu le mérite de sortir Yager, le studio de développement, de son relatif anonymat. Après un épisode Dead Island 2 peu reluisant et une situation d'insolvabilité, la société berlinoise retrouve un peu de couleurs et revient à ses premières amours : les combats aériens. Après Yager sorti en 2003 sur Xbox et PC, c'est au tour de Dreadnought d'envahir nos écrans. Prévu cette année, sans date précise, ce titre online a de sérieux atouts pour convaincre les amateurs de space opera. Mais avant de nous atteler au jeu de l'éditeur Greybox, faisons un rapide cours d'histoire...
Lancé en 1906, le HMS Dreadnought était un navire de guerre britannique révolutionnaire. En plus de disposer d'une artillerie principale se résumant à un seul calibre, le gigantesque vaisseau de la flotte anglaise avait la particularité d'être propulsé par un ingénieux système de turbine à vapeur. Ce géant de fer a eu une telle influence que son nom est devenu représentatif de ce type de cuirassés au début du XXème siècle. Très résistants et dotés d'une puissance de feu redoutable, les dreadnought ont eu un impact considérable au cours des décennies qui suivirent. Dans le Dreadnought de Yager, il n'est pas question de batailles navales mais bien d'affrontements interstellaires en ligne à cinq contre cinq !
DANS L'ESPACE, PERSONNE NE VOUS ENTENDRA CRIER...
Entré en bêta fermée depuis le 29 avril dernier, Dreadnought place le joueur aux commandes d'immenses aéronefs surarmés et dotés de multiples capacités défensives. Le but est d'une simplicité enfantine, puisqu'il s'agit de collaborer avec ses partenaires pour éliminer l'équipe adverse. Pour s'adapter au pilotage, un tutoriel explique, pas à pas, les différentes manœuvres à adopter. Outre les déplacements standard, le vaisseau dispose d'un lourd arsenal permettant de résister aux opposants. Missiles, tourelles, lasers, canons plasma, torpilles, rien ne manque et cette richesse offensive, vraiment plaisante dans le feu de l'action, vient se greffer à des boucliers électromagnétiques ainsi qu'à différentes spécialités selon le vaisseau choisi. Il est ainsi possible de se téléporter pour éviter une destruction imminente ou encore opter pour un régénérateur d'énergie. Par ailleurs, chaque classe possède trois compétences à utiliser avec parcimonie (sous peine de vider la jauge prévue à cet effet) : une vitesse accrue permettant de se déplacer rapidement, un boost des attaques augmentant la cadence de tirs ou encore un bouclier à même de vous sortir de bien des pétrins. Ces options s'activent à l'aide de la molette de la souris et sont activables/désactivables à n'importe quel moment, offrant des solutions de repli. Les développeurs ne manquent pas d'idées et ce sentiment de puissance allié au côté stratégique des affrontements confère un feeling qui fonctionne bien.
PAS POUR LES FOUGUEUX
Même si Dreadnought est qualifié de jeu d'action spatial, c'est un titre assez posé (voire lent par moment), qui oblige le joueur à analyser le déplacement de ses adversaires pour les prendre à revers. En dehors des combats, qui sont la partie intrinsèque de l'expérience, Yager a imaginé toute une flotte de navires spatiaux (Dreadnought, destroyer, corvette, croiseur...), dont les capacités sont proportionnelles au prix d'achat. Vous devez ainsi trouver le juste équilibre entre la vitesse, la résistance mais aussi l'approche que vous désirez mettre en place (combat à distance, affrontements rapprochés, etc.). Au départ, il est d'ailleurs préférable de sélectionner un aéronef peu rapide mais très résistant, sous peine de subir le courroux des pilotes en herbe. Au fil des victoires, vous obtenez des FP (les Fleet Points sont la monnaie du jeu) qui vous permettent d'améliorer chaque compartiment de votre appareil. Comme pour toute production de cette nature, on trouve également une seconde monnaie, échangeable via le sacro-saint principe des micro-transactions, les GP pour Grey Box Points. Une partie de l'aspect tactique de Dreadnought réside ainsi dans la personnalisation très poussée des différents types de vaisseaux. En effet, si l'on excepte les modules et autres décorations, de nombreuses armes et compétences spéciales (outils de navigation, améliorations techniques...) sont disponibles. De quoi rouler des mécaniques au fin fond de la galaxie !
Immersif et réalisé avec l'Unreal Engine 4, Dreadnought est une expérience prometteuse. Les combats sont plutôt équilibrés et on est rapidement happé par l'ambiance intergalactique et le visuel agréable du jeu. Pour l'heure, seul le contenu nous paraît un peu léger (deux modes de jeu avec un deathmatch classique et une élimination par équipe où chaque destruction est définitive) mais il y a fort à parier que Yager réserve encore de nombreuses surprises. Pour celles et ceux qui veulent s'y essayer, le Hunter Pack est proposé pour la somme de 9,99 € et donne accès à la bêta, au Morningstar (un Dreadnought de catégorie Medium), à 500 GP, à des décorations (autocollant, emblème et un revêtement) ainsi qu'à 7 jours Élite qui garantiront un grade d'expérience lors de la sortie du jeu. Le Mercenary Pack, plus onéreux, est vendu 39,99 € et intègre tout le contenu détaillé ci-dessus mais également 5 vaisseaux Hero, complémentaires et redoutables, 3 000 GP, des décorations exclusives et 30 jours de l'option Elite. Libre à vous de choisir l'option qui vous intéresse le plus.
Avec Dreadnought, Yager change son fusil d'épaule et s'essaie au combat spatial tactique, lent mais intense. En l'état, le jeu se montre plutôt convaincant et laisse entrevoir de multiples possibilités de customisation pour chacun des vaisseaux. Doté de graphismes soignés, d'un design réussi et d'une ambiance correcte (mais perfectible), il devra néanmoins faire ses preuves sur la durée. On espère également que les micro-transactions ne viendront pas déséquilibrer les affrontements. Mais en termes de potentiel, le jeu du studio allemand a de sérieux atouts pour s'imposer auprès des férus d'action tactique lors de sa sortie.