Si vous aimez un tant soit peu le jeu PC, et que vous appréciez les RPG et les jeux de stratégie, nul doute que la licence Might and Magic vous est familière. Il est tout aussi évident que le souvenir des dizaines (centaines ?) d’heures passées sur ces jeux reste à l’heure actuelle gravé dans votre inconscient de joueur, tant les titres créés par Jon Van Caneghem ont été marquant en leur temps. Si nous évoquons aujourd’hui cette figure historique du jeu vidéo, c’est parce qu’il signe en ce moment son retour aux armes de la plus étranges manière qui soit. En effet, ce bon Jon vient de passer en Soft-Launch son premier titre mobile : Creature Quest. Un jeu créé en partenariat avec VC Mobile Entertainment (qui appartient à Tencent), et qui avait de quoi inquiéter après un bref visionnage du trailer. La raison ? Son titre ressemble à s’y méprendre aux dizaines de light RPG Free to play que l’on peut croiser sur les différentes boutiques mobiles. Une inquiétude en partie évacuée après quelques heures de jeu.
Bande-annonce de Creature Quest
A l’aventure compagnon
Au premier abord, et c’était là notre principal sujet d’inquiétude, Creature Quest ressemble à s’y méprendre aux autres titres du genre. Comme dans tout bon RPG Free to play actuel, ce titre propose de se constituer une équipe de monstres aux caractéristiques diverses, que l’on lancera dans tout un tas de batailles afin de les faire évoluer vers des versions plus puissantes d’eux-mêmes. Bien évidemment, le processus nécessitera de se dégoter de nombreux matériaux d’évolution, impliquant un long et fastidieux processus de grind loin d’être inhabituel dans ce genre de jeux. Free to play oblige, Creature Quest repose aussi sur cette bonne vieille jauge d’endurance qui décroit à chaque action effectuée, et qui se recharge avec le temps. De manière toujours très classique, on pourra compter sur Creature Quest pour nous proposer d’acheter quelques joyaux, la monnaie premium du jeu, afin de se faciliter la vie, et accélérer la progression. Du très classique en somme, et surtout, rien de véritablement excitant. Enfin du moins en apparence, car malgré ces traits attendus, ce titre apporte des éléments sacrément novateurs, qui viennent redonner un intérêt à la formule.
La première différence avec les autres ténors du genre réside dans le système de combat. Ici, aucune place au hasard, la stratégie prime sur toute autre chose. Dans Creature Quest, on ne trouve pas de mécaniques basées sur le hasard, comme la partie Match 3 de Puzzle & Dragons, ou le pousse-pièce de Dragon Coins. Ici, chaque créature possède plusieurs caractéristiques distinctes qu’il faudra apprendre à concilier. Tout d’abord, et là on reste dans le classique, chaque créature possède un élément, qui sera faible ou fort selon l’adversaire. Ensuite, toute créature possède deux attaques : l’une basique, l’autre spéciale, qui se chargent avec le temps. Enfin, les créatures les plus évoluées possèdent un combo. Comprenez par-là que si vous activez des créatures alliées de certains éléments avant de la faire attaquer, elle gagnera grandement en puissance. Dès lors, il vous faudra vous constituer une équipe complémentaire, aux synergies multiples, afin de relever les différents challenges offerts par le jeu. Au-delà de cet aspect stratégique renforcé, Creature Quest propose aussi un système d’exploration fort sympathique, qui rappellera de bons souvenirs aux amateurs d’Heroes of Might and Magic Au lieu d’avancer bêtement de combats en combats, le jeu vous demandera d’accomplir des quêtes. Chacune d’entre-elle, en plus d’objectif particuliers, vous mettra devant une carte qu’il faudra révéler petite à petit en usant de points d’endurance. Chaque morceau ainsi révélé permettra d’obtenir des ressources, de l’expérience ou bien de tomber sur des combats. Différents événements ou bonus viendront émailler l’exploration, qui se conclura lorsque vous aurez accompli l’objectif de votre quête. Cette exploration, certes légère, vient agréablement casser les codes d’un genre relativement figé en offrant une dose d’interactivité bienvenue.
Au-delà de ces changements de gameplay fort sympathiques, Creature Quest peut aussi compter sur une partie technique très solide. Si globalement le jeu reste assez simple sur sa partie graphique, les animations étant par exemple limitées à leur strict minimum, il peut s’enorgueillir de quelques très beaux éléments. Les arrière-plans dans les combats par exemple, s’avèrent magnifiques, tandis que les cartes sur lesquelles on évolue restent sobres, mais plaisantes, avec de nombreux détails. Les design des créatures est pour sa part, disons, plus discutable. Il oscille en effet entre deux tendances difficilement conciliables, qui créent à mon sens un gros problème de cohérence. Difficile en effet de ne pas noter les disparités de design entre d’un côté des monstres badass, au design léché et d’un autre côté, des chats magiciens et autres abeilles trompettistes dégoulinantes de "mignonitude". La partie sonore pour sa part, souffre en quelque sorte du même problème. Les bruitages qui jalonnent les combats sont ainsi très cartoon, tandis que les partitions musicales s’avèrent pour leur part extrêmement convaincantes, avec d’énormes rappels à la bande son d’Heroes of Might and Magic. Un fait loin d’être étonnant puisque c’est Paul Romero qui s’est chargé de la composition.
- Aperçu réalisé sur un iPhone 6
Après quelques bonnes heures de jeu passées sur cette première version de Creature Quest, notre avis reste partagé. D’un côté, les nouveautés introduites par Jon Van Caneghem viennent revigorer le genre du light RPG, tandis que d’un autre côté, les vieux démons du genre restent bien présents. Grind longuet, aspect free-to-play un brin trop prégnant, courbe de difficulté mal dosée, autant d’éléments qui, à la longue, tendent à rebuter. Néanmoins, soft launch oblige, il ne s’agit là que d’une première version du titre, qui est encore capable d’évoluer d’ici sa sortie. Et si l’on imagine aisément que les errances graphiques (qui sont sans doute un choix conscient) seront encore de la partie à la sortie du jeu, on peut tout de même imaginer que des réglages et équilibrages seront opérés d’ici là, afin de rendre le jeu plus plaisant qu’il n’est déjà. Le seul regret au final, au vu du palmarès de son créateur, c’est que ce Creature Quest ne soit pas un jeu de stratégie pur et dur, afin de disposer d’un équivalent à Heroes of Might and Magic sur mobile.