''''''Battleborn est un jeu hybride. Il reprend autant aux codes que Gearbox a pu développer à travers son Borderlands, qu'aux MOBA actuels. Une drôle de fusion qui, même si elle peut paraître « bordélique » au premier abord, a tout d'une proposition plutôt originale pour les joueurs. Nous avons pu reposer nos mains sur le jeu et découvrir une nouvelle mission de sa campagne ainsi que son multijoueur compétitif sur PC. Petit récapitulatif de cette rencontre plutôt intéressante.
Au fin fond d'une galaxie lointaine, les Varelsi accélèrent l'extinction des étoiles. Cette mystérieuse race semble se nourrir de la mort des astres. Une coalition extraterrestre, constituées des peuples habitant les différentes planètes de ce secteur l'espace, mène le combat pour sauver leur monde. Et pour y parvenir, ils doivent protéger Solus, la dernière étoile à briller dans cette zone de guerre. Ce sont 25 héros qui ont été choisis afin d'éviter la fin du monde, leur nom : les Battleborn. Chacun d'eux dispose de caractéristiques spéciales, d'un look très typé et personnel, de talents particuliers, en fonction de leur origine, de leur morphologie, ou encore de l'avancement technologique de la civilisation dont ils sont issus. Ce background est entretenu dans la campagne du jeu, jouable en coop en compagnie de trois autres joueurs ou en solo, accompagné de bots.
C'est ce que nous avons pu tester sur des PC qui soufflaient à l'écran leurs graphismes colorés. Tout de suite on pense à Borderlands, en se demandant si ce nouvel assemblage de Gearbox, aux tons chatoyants, tiendra la comparaison avec son aîné. Car graphiquement déjà, Battleborn joue la carte de l'atypique. Un peu comme si, cosmétiquement, Ratchet & Clank avait fusionné avec Team Fortress 2. Une rencontre plutôt improbable mais très vite, l'aspect cartoon du jeu laisse place à des mécaniques attrayantes. Sur les héros disponibles à la sortie du jeu, seuls 15 nous étaient accessibles, tous pourront être joués durant la campagne de Battleborn.
Cette dernière reprend un format entendu de tous, qui n'a certes riens d'original mais qui a fait ses preuves par le passé. Le but pour chacun des protagonistes engagés dans le mode narratif du jeu sera ainsi de sauver Solus, à travers des missions aux environnements variés. Ces dernières sont plutôt linéaires et misent avant tout sur la complétion de chaque niveau, selon un séquençage très scolaire. Une situation initiale, dans laquelle les joueurs découvrent les décors de la carte qui n'a rien d'un monde ouvert, mais permet différentes approches via des aires plutôt ouvertes, de prendre parfois de la hauteur et de s'attaquer frontalement à l'armée Varelsi de manière explosive.
Car les mobs arrivent par grappes, ces derniers (malicieusement appelés Minions) sont le menu fretin à faire danser joyeusement aux rythmes des mélopées que vos canons distilleront. Une fois le nettoyage effectué en bonne et due forme, la mission se termine généralement par l'assaut d'un boss géant "insectoïde". A la manière d'un MMO, Battleborn favorisera les choix stratégiques afin d'entreprendre le duel dans les bonnes conditions avec les bêtes robotisées qui clôtureront vos épopées ponctuelles en terres inconnues. Notre rencontre avec une araignée mécanique de 40 pieds de long nous aura démontré que Gearbox jouera de mécanismes discrets cachés à différents endroits de la map afin de donner une véritable évolution aux batailles que les joueurs aborderont, les dynamisant par cette occasion.
Actionnement coordonné de boutons par les quatre membres de l'équipe dans une salle spécifique, libération de gaz toxiques pour faire sortir le monstre de son trou, raids furieux dans les zones ouvertes, déploiement de pièges dans les passages plus confinés, autant de patterns qui initieront les stratégies à entretenir pour les joueurs. Car oui, si Battlefront est un FPS, il se joue comme un MMO. D'ailleurs plutôt que de loot, comme dans tout bon MMO ou Hack'n'Slash qui se respecte, les développeurs du jeu préfèrent parler d'un système de Gear. Car du loot légendaire, Battleborn en fournira aux joueurs, ils pourront s'en équiper autant offline qu'online, ainsi qu'en PVP. De quoi donner le tourni à tous les collecteurs de l'impossible qui passeront près de 2000 heures à essayer de récupérer la pièce d'armement la plus rare du jeu.
Généralement une bonne équipe sur Battleborn se compose donc d' un bon gros tank des familles pour engranger le maximum de dégâts par secondes, un médecin à ses côtés pour lui prodiguer ses soins et des héros se prévalant de caractéristiques de race leur permettant de voler, d'utiliser des armes sorties d'un bon vieux Kurozawa avec vélocité ou d'autres excentricités sorties de la tête de Gearbox. Ainsi Miko, c'est ce que nous avons pu découvrir lors de notre session, le médic au crâne d’Amanite phalloïde restait aux petits soins de ses amis Montana, qu'on dirait tout droit sorti de Team Fortress avec sa corpulence de Heavy, ou d'Isic que nous avons pu tester, et qui serait le rejeton bâtard d'une union entre Krang et un Jungle Transformers. Un tandem presque indémodable.
Souris en main, même si les sensations de tirs ne sont pas encore au top, notamment à cause d'un petit souci de hitmarking. Les effets de ces dernières ont tous leur petite originalité. Isic est du genre molosse, et brûle tout ce qui bouge au canon plasmatique et lorsqu'il mute il se transforme en machine de siège. C'est une des particularité du jeu, dans Battleborn, au fil des combats, les héros acquièrent des levels. Pour chaque level atteint, une hélice de compétence à deux branches est accessible d'une simple pression de la touche "1" du clavier et permet à l'utilisateur de choisir un pouvoir par chaque tranche de niveau engrangé parmi deux compétences. Votre héros bénéficiera donc d'un Q et d'un E (touches du clavier attribuées à chaque attaque spéciales) personnel et upgradable. Cela vous rappelle quelque chose ?
C'est normal, puisque Battleborn ne s'en cache pas, en plus de briguer la charge d'officiant patenté de la paroisse MMO, le jeu de Gearbox va aussi chasser le mojo sur les terres du MOBA. Et c'est le mode PVP qui l'illustre le mieux. Pour le coup, le mode Incursion et Devastation que nous avons pu tester sont une preuve évidente de ce trait de caractère. L'un ressemble à un mode Domination tout ce qu'il y a de plus traditionnel, avec des zones de captures, représentés par des points sur la carte. L'autre, le mode Incursion, est une contexture de Smite, League of Legends, le tout à la sauce FPS.
Le but est, pour les deux équipes de Héros, d'aller friter la base adverse. Pour ça ils ont deux solutions : l'une est radicale et demande un split de l'équipe afin de faire tomber tous les Minions ennemis apparaissant sur la carte et donc de défendre aussi sa base. L'autre est plus tactique et misera sur une macro bien timée. Sur Battleborn, il est possible de collecter des Shards durant les parties. Ces objets précieux ne sont « dépensables » qu'en match et serviront aux joueurs à la fois pour créer des "constructibles" sur la map : des tours de défense par exemple (upgradables de surcroît), des générateurs de soins... ou leur dépense sera dédiée à l'utilisation ou l'activation d'un loot (Gear) que le joueur possède. Ainsi un loot légendaire ne coûtera pas le même prix qu'un Gear de catégorie inférieure, de manière à ne pas désavantager les joueurs ou déséquilibrer les parties.
Là encore sur le mode PvP, chaque Héros aura 10 niveaux atteignables durant la partie lui octroyant la possibilité de libérer des attaques ou des passifs de plus en plus puissants selon l'état d'avancement de l'équipe dans le but commun à atteindre. C'est certainement le mode de jeu le plus intéressant que Battleborn tente de mettre en avant, mais c'est aussi ce mode de jeu qui nous fait nous demander ce que cherche au final Gearbox. Sur Paradise, sa map aux teintes pastelles "LoLisantes", Battleborn semblait comme faire le grand écart entre un rêve qu'il voudrait atteindre et partager avec le public, tout en jouant la carte de la sécurité avec son mode coop plus traditionnel. Il reste encore quelques mois au studio pour nous convaincre, pour l'instant c'est prometteur, reste à concrétiser le tout avec panache. On en attend pas moins du studio créateur de Borderlands.
Battleborn se montre à la Paris Games Week 2015
Battleborn est un produit agencé pour ne pas faire fuir les frileux. Le jeu de Gearbox se prémunit de possibles critiques et veut rassurer sur tous les fronts, chose qu'il parvient à réaliser avec assez de réserve pour être pris au sérieux. Ce jeu à l'envie boulimique interroge cependant sur ses véritables motivations. Car si son but est de se frotter au marché du MOBA et d'en convaincre les joueurs chevronnés, il lui faudra repenser son modèle économique dans un écosystème que le genre a normalisé. Il y a donc de fait, des chances que le jeu de Gearbox joue la carte passive, celle du jeu multi-cibles, garantissant un format moins marginal pour séduire les prudents. Malin, plutôt accessible, bourré de bonnes intentions, Battleborn devra convertir par l'acte, quitte à se détacher des amoureux de Borderlands, pour embrasser sa vocation. Est-ce que Gearbox est prêt à tenter le pari ? Rendez-vous en février prochain pour la réponse.