Solidement installé dans le club des franchises annuelles, Assassin's Creed revient cet automne avec un nouvel épisode s'aventurant dans un Londres Victorien. Avec deux héros frères et sœurs et un contexte plus moderne justifiant l'arrivée d'un grappin et de véhicules, ce nouvel opus sous-titré Syndicate compte enrichir l'expérience proposée par le précédent opus tout en lui ôtant ses défauts techniques et certains mécanismes discutables. Pris en main pendant 3 bonnes heures par votre humble serviteur, le prochain épisode de la saga nous a dévoilé ses atours à un mois de sa sortie.
Ce sont en fait deux séquences que nous avons pu découvrir, la 3ème et la 7ème de l'aventure. Pas de contrainte ici puisqu'il nous était possible de vaquer à nos occupations entre deux missions de la quête principale, que ce soit pour flâner dans les rues de Londres, tenter de la libérer de l'emprise des gangs ou s'adonner à d'autres activités annexes. Le tout début de la troisième séquence nous fait ainsi découvrir Jacob et Evie Frye, héros assassins de cet opus qui décident de se rendre dans la capitale anglaise pour y mener à bien leurs missions respectives.
Escapade londonienne
Quelques lignes de dialogues suffisent ici à poser les bases du scénario : Evie est à la recherche d'un artefact de la première civilisation alors que Jacob semble plus terre-à-terre, porté par la volonté de libérer le peuple de Londres. Leurs caractères semblent pourtant les porter vers d'autres bords, Evie œuvrant avant tout pour l'ordre, évitant au maximum le chaos pour privilégier la discrétion tandis que l'impétueux Jacob n'hésitera pas à créer son propre gang pour parvenir à ses fins. Cette opposition se retrouve tout d'abord dans des séquences de chamailleries légères entre frères et sœurs avant de gagner un peu en sérieux lors de la seconde partie de notre session, plus avancée dans l'histoire. Le charme opère, porté par une écriture et un doublage (en Anglais durant cette session) agréables qui ne semblaient pas faiblir pendant la suite de notre aventure, le tout sublimé par la possibilité de changer de personnage à la volée via un passage par le menu de pause. Un premier bon point pour la série donc, qui avait besoin d'un coup de boost à ce niveau.
L'action prend place en 1868 et nous fait donc découvrir un Londres victorien en proie au changement : De grandes publicités apparaissent sur les façades, les rues s'élargissent et se pavent pour accueillir les diligences de plus en plus nombreuses tandis que la misère sévit dans les bas quartiers. Travail des enfants et recrudescence du crime organisé émailleront le quotidien de vos Assassins qui disposent encore une fois d'un formidable terrain de jeu : Londres est grande, belle et propose de nombreux quartiers aux styles variés. L'ensemble est en plus porté par des thèmes discrets mais particulièrement agréables à l'oreille, proposant de fait l'une des expériences sonores les plus authentiques de la franchise. Sur ces points, Ubisoft semble donc faire encore honneur à sa réputation de bâtisseur inspirés de villes d'une autre époque.
I'm cool in the gang
Le terrain de jeu est convaincant, l'ambiance l'est tout autant et se matérialise in-game par un système de gestion de son gang. Libérer un quartier implique d'accomplir plusieurs missions respectant les canons de la série (infiltration, traque, combats) qui se concluent par un gain d'affinité avec l'un de vos alliés, par exemple votre principal contact chez les assassins, Henry Green ou une jeune fille occupant le rôle de leader d'un groupuscule d'enfants travailleurs. Ce bonus permet au joueur d'accéder à de nouvelles récompenses. L'autre conséquence directe de la réussite de ces missions est la collecte d'informations menant à la phase finale de libération du quartier : le combat de rue opposant votre gang à celui encore en place. Une fois les adversaires au tapis, le quartier sera libéré. Encore faut-il vouloir les mettre au tapis.
Un système de combat décevant
Quelques passes d'armes auront suffi pour prendre conscience que les combats de cet épisode proposent une expérience différente de ceux d'Unity, en corrigeant notamment l'un des défauts majeurs avec des animations plus propres, collant davantage aux coups donnés par le personnage. Pour le reste, le constat est implacable : le système de combat est très décevant. Ubisoft a choisi d'inclure un nouveau système d'esquive des tirs pour compenser l'abondance d'armes à feu de l'époque : Désormais, il faudra appuyer sur triangle (Y sur Xbox One) lors de son apparition à l'écran pour éviter d'être touché. Détecter les contres et briser la défense de l'adversaire ne se fait plus simplement en regardant l'évolution de la couleur de leur jauge, les touches concernées étant désormais affichée au timing adéquat. La roulade disparaît et seule l'esquive demeure, mais cette dernière reste limitée au QTE destiné à éviter les tirs.
Entouré d'un garde usant régulièrement de son pistolet, d'un autre dont il faut briser la défense pour le blesser sans oublier quelques soldats faisant office de menu fretin, le joueur ne peut alors ni esquiver, ni effectuer de roulade et finit par appuyer sur toutes les touches qui apparaissent à l'écran dans un rendu visuel extrêmement fouilli, profitant des quelques instants de repos pour mitrailler le bouton carré (X sur Xbox One) pour placer quelques coups à ces derniers. Résultat : On a plus l'impression de se retrouver dans une séance de QTE laborieuse que dans un combat ou l'observation prime. Ce nouveau système n'est donc ni amusant ni particulièrement technique et l'on ne sera guère rassurés en se doutant qu'il risque d'occuper une place importante de l'aventure qui, rappelons le, se tient dans un contexte de guerre des gangs.
Grappins et véhicules : Plus vite, plus haut… Plus fort ?
Les deux principales nouveautés de l'épisode, à savoir le grappin et l'arrivée des diligences avaient déjà été annoncées. Nous avons pu les essayer plus en détail durant cette session. Honneur au grappin, outil déjà connu des baroudeurs de Batman Arkham qui arrive dans l'arsenal de nos assassins peu de temps après leur débarquement à Londres. Si les animations de la zipline sont propres, le système s'avère surtout utile pour les déplacements longues distances davantage qu'à mi-distance ou il devient compliqué à gérer. Il n'est ainsi pas rare de se trouver à quelques mètres du toit d'en face, de vouloir utiliser le grappin pour y accéder plus vite et de faire tourner la caméra sans que l'icône signifiant un point d'accroche apparaisse. C'est donc surtout lors de l'escalade de grands bâtiments et pour faciliter les descentes en rappel que celui-ci s'avère fort utile, mais il ne nous a pas beaucoup facilité la tâche le reste du temps.
L'une des autres idées toutes neuves de cet opus, c'est l'arrivée de diligences qu'il est possible de conduire et sur lesquelles votre assassin peut combattre. Leur maniement n'est pas désagréable, mais l'ajout d'une fonction permettant de pousser les véhicules sur les côtés a tendance à transformer en joyeux bazar les courses-poursuites. Le résultat est amusant, rythmé mais sitôt passé l'étape de la découverte, on finit par ne plus se servir de ces dernières en dehors des séquences obligatoires. Pas dénuées d'intérêts, elles tranchent toutefois trop avec l'esprit d'origine de la série pour s'y greffer sans heurts, contrairement aux navires de Black Flag par exemple qui ne donnaient pas l'impression de provoquer autant de chaos. Dommage pour une idée qualifiée de 4ème pilier de la série par les développeurs eux-mêmes.
D'autres ajouts sont également à retenir, comme la possibilité de faire tomber des tonneaux sur des ennemis en coupant une corde via le lancer de couteau, siffler en étant à couvert ou dans une botte de foin pour attirer un ennemi. On retiendra surtout l'enlèvement de personnages qui s'avère ici plutôt intéressant : En vous placant derrière un ennemi vous pourrez l'enlever en le menacant de votre arme, tout en le forcant à se déplacer. Plus vous avancez rapidement, plus le cône de détection est grand et le risque de se faire repérer aussi, surtout que le gaillard cherchera parfois à s'échapper. Une situation que vous pourrez éviter d'une simple pression sur la touche indiquée à l'écran. Si l'idée est plutôt efficace manette en main, nous nous sommes malheureusement heurtés à un problème de déclenchement de script lors de l'accomplissement de cette séquence, la mission s'achevant avec succès bien que nous ayons tué par mégarde le personnage enlevé avant qu'il n'ait divulgué son information.
Inquiétude technique
Un problème de script est pardonnable lorsqu'il s'agit d'un cas isolé. Ce qui l'est moins, ce sont les nombreux impairs techniques relevés durant notre session de jeu qui aura duré 3 heures : une belle chute de FPS toutes les demi-heures, certains ralentissements plus présents pendant les séquences de poursuites en véhicules, sans doute plus gourmandes en ressources, sans oublier un bug de personnage volant au dessus d'un bâtiment et un autre faisant un peu de ménage… avec le balai situé à près de 3 mètres de sa main. À un mois de la sortie du jeu, le constat est inquiétant tant cette version semble encore en proie à de nombreux problèmes techniques et il semble peu probable que tout soit corrigé pour le lancement. Le clipping est toujours aussi présent, une constante dans la série que l'on pardonnera déjà davantage au regard de la taille de l'aire de jeu et la qualité de la modélisation des environnements, seul point compensant légèrement les impairs évoqués plus haut.
NB : La session de jeu se déroulait sur PlayStation 4
Le trailer du scénario d'Assassin's Creed Syndicate
En l'état, Assassin's Creed Syndicate n'est pas satisfaisant. Il souffre d'impairs techniques trop nombreux entre ralentissements, bugs et scripts au déclenchement erratique mais également d'un système de combat fouilli, sans doute l'un des moins amusants de la série. Sur le long terme, le grappin et les véhicules ne parviennent pas vraiment à renouveler l'expérience. Le premier fonctionne sur les grands parcours linéaires mais reste trop imprécis à mi-distance, où il peine à s'adapter à la caméra, tandis que l'arrivée des diligences s'avère sympathique mais peut être trop en décalage avec l'esprit original de la série pour qu'on arrive à l'accepter comme un nouveau pilier intéressant. Le constat est d'autant plus décevant que l'écriture semble gagner en richesse via la relation convaincante entre Evie et Jacob, portée par une ambiance de guerre des gangs et un fond sonore tout aussi plaisants. Suffisant pour compenser les nombreux impairs aperçus sur cette version ? Réponse prévue pour la sortie du titre, dans un mois… À moins d'un changement de dernière minute.