Quantum Break s'apprête-t-il à suivre les traces de son prédécesseur, Alan Wake ? C'est la question qu'ont commencé à se poser les aficionados de Remedy au regard des maigres informations qui ont jalonné les deux années écoulées depuis l'annonce de Quantum Break en mai 2013. Nébuleuse jusque dans son gameplay, la nouvelle production du studio finlandais à l'origine de Max Payne - et donc, Alan Wake - s'est ouverte à nous le temps d'une présentation complète livrée par monsieur Sam Lake lui-même.
Le directeur créatif des trois productions citées ci-dessus a profité de ces 30 minutes en notre compagnie pour revenir sur de nombreux aspects de Quantum Break. Sa jouabilité tout d'abord, différente selon que l'on passe en phase de survie face aux anomalies temporelles ou en combat avec des ennemis bien humains, mais également sa construction et son rapport avec la série qui évoluera en fonction de vos actions dans le jeu. Décryptage.
Jack l'idéaliste et Paul le fataliste
Petit rappel scénaristique : Dans le jeu Quantum Break, vous incarnez Jack Joyce, survivant d'une expérience temporelle ayant mal tourné et à l'origine de son pouvoir lui permettant d'arrêter le temps. Dans la série Quantum Break, ce sont les aventures des antagonistes de Jack qui vous seront contées, avec notamment le principal opposant de ce dernier, Paul Serene. Celui-ci dispose de la capacité de voir le futur et se sert de ce pouvoir pour imposer cet avenir aux acteurs du temps présent au lieu d'essayer d'influencer le cours des choses. L'histoire s'axe autour de ces deux personnalités, Jack l'idéaliste et Paul le fataliste dont les visages ont d'ailleurs subi un petit lifting : Shawn Ashmore (X-Men) prête désormais ses traits à Jack et Aiden Gillen (Game of Thrones) offre les siens à Paul, pendant que d'autres acteurs reconnus de série s'offrent aussi une apparition au casting de Quantum Break : Marshall Allman (Prison Break), Lance Reddick (Fringe), Amelia Rose Blaire (True Blood) ou encore Dominic Monaghan (LOST).
Un croisement jeu vidéo / série à fort potentiel
Le résultat final prend la forme de plusieurs chapitres chacun reliés par un épisode de la série (4 au total durant chacun 22 minutes selon les dires de Sam Lake) dont certaines scènes changent en fonction des choix opérés durant le jeu. Une riche idée que l'on espère aussi efficace en pratique que sur le papier tant elle augure d'une rejouabilité importante. Mais il arrive également que la série et le jeu se croisent le temps d'une scène adoptant deux points de vue différents. Audacieux, le système a le mérite d'offrir une approche alternative aux narrations classiques des deux médias, tentant de rapprocher ce qui fait la force du cinéma et du jeu vidéo pour proposer une expérience scénaristique rarement tentée par le passé (Ayons tous une pensée pour Défiance). Difficile de jauger de l'efficacité de l'ensemble avec seulement quelque morceaux du puzzle final, mais impossible de nier que les pièces semblent s'emboîter avec suffisamment d'harmonie pour que la direction prise s'avère rassurante à moins d'un an de la sortie du jeu.
Jouer à Quantum Break ne s'annonce pas comme la plus bouleversante de vos expériences vidéoludiques si vous faites partie de l'école du « gameplay avant tout ». Le titre alterne ainsi entre deux types de phases, tantôt axées sur l'action et le combat et tantôt portées sur des séquences d'exploration dirigistes, le tout étant observé en vue à la troisième personne. Ici, la séquence d'exploration présentée avait lieu durant une des phases de perturbation temporelle qui se répètent à intervalles réguliers depuis l'échec de l'expérience de voyage dans le temps : très axée plate-forme, la séquence oblige le joueur à porter son attention sur les anomalies temporelles qui l'entourent pour choisir le chemin à emprunter et les actions à effectuer. A titre d'exemple, une plate-forme dont l'effondrement se répète et s'annule sans cesse (Comme si une alternance de lecture et de rembobinage de la scène avait lieu) pourra être plus facilement franchie via une utilisation du pouvoir d'accélération temporelle du personnage. Sans être d'une difficulté aberrante, la séquence exigeait suffisamment d'observation pour ne pas ennuyer le joueur en le plongeant dans un simple couloir trop aisé à franchir.
Et le temps passe et passe et passe
Mais c'est finalement lors des combats que le héros (qui peut aussi utiliser de plus classiques armes à feu) dévoile le gros de ses pouvoirs temporels : le Time Stop permet comme son nom l'indique d'arrêter le temps pendant une durée limitée (ce qui peut être considéré comme paradoxal, puisque le temps ne peut alors plus s'écouler et que la notion de durée devient caduque… Je vous ai perdu. Reprenons.), le Time Rush de l'accélérer pour accentuer la sensation de vitesse du personnage, le Time Shield de protéger le héros d'un bouclier et enfin le Time Dodge de générer une impulsion envoyant valser les adversaires de Jack dans le décor. A croire que le cahier des charges exige la présence du mot « time » dans le nom de chaque pouvoir, bien que certains d'entre eux ne semblent pas vraiment liés à une quelconque dimension temporelle. Chacun dispose également de son cycle de rechargement pour obliger le joueur à varier les plaisirs et enchaîner les combos de pouvoirs dans un flow et une esthétique qui n'est pas sans rappeler la série des inFamous. Visuellement, le titre s'en sort d'ailleurs très bien notamment grâce à ses effets de distorsion temporelle au rendu très crédible, mais également à la modélisation soignée des visages qui fait écho à leurs interprètes bien réels présents dans la série. Le résultat est suffisamment spectaculaire pour susciter la curiosité et rappeler à tous que les papas de Max Payne ne renoncent jamais pleinement à cette idée de contrôle du temps… Au point d'en faire le coeur central de leur nouvelle production.
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Si l'on se montrait insensible et un brin ronchon, Quantum Break pourrait n'apparaître à nos yeux que comme un titre au gameplay classique et au modèle franchement casse-gueule. Et pourtant, une trentaine de minutes consacrée par Remedy à nous expliquer le projet et l'illustrer avec différents extraits auront suffi pour nous rassurer sur le potentiel de cette aventure qui s'annonce déjà comme l'une des expériences rafraîchissantes du printemps 2016. Avec son casting séduisant, le passif du studio finlandais et l'annonce de sa date de sortie, Quantum Break prend enfin corps. Reste à savoir si le scénario et l'ambiance, déjà prometteurs, seront à la hauteur des ambitions de Remedy. On ne demande qu'à y croire.