Les deux premiers Mafia avaient su marquer les esprits grâce à un story-telling puissant aidé par un univers parfaitement ancré dans leur époque. Après la prohibition des années 30 et le San Francisco des années 50, la série choisit une ère et un lieu bien moins marqués de l'image mafiosi : la Nouvelle-Orléans de 1968.
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Lincoln Clay, le héros de Mafia III, s'impose de suite comme un personnage très différent de ses prédécesseurs. S'il partage avec Vito un statut de vétéran de l'armée, ayant participé à la guerre du Vietnam, ses ambitions sont différentes. Là où les héros de Mafia I et II essayaient de grimper les échelons de la Famille, Lincoln s'inscrit plutôt dans le registre de la vengeance. Lors de son retour du Vietnam, il était devenu un gangster avec un groupe qu'il considérait comme sa propre famille. Malheureusement, cette dernière a été massacrée par des mafieux et Lincoln décide alors d'affronter directement les responsables tout en récupérant leur business.
On ne peut pas mener une guerre seul
Pour ce faire, Lincoln n'agit pas seul. Il a en effet recruté trois lieutenants qui sauront l'épauler quand besoin est : Cassandra, Vito (oui oui) et Burke. Ces derniers peuvent être utilisés de différentes manières. Par exemple, si vous êtes poursuivis par les flics, vous pouvez appeler Burke qui peut les soudoyer, faisant disparaître votre avis de recherche en un instant. Certes, c'est un peu caricatural, mais vous comprenez le principe. Il sera aussi possible de les appeler pour avoir des renforts spécialisés (gros bras, sniper, etc). Le cas échéant, vous pouvez aussi demander à l'un d'entre eux de gérer une de vos planques. De la personne que vous choisissez dépendra ce que la planque vous rapporte. Mais ces trois lieutenants ne sont pas que des éléments de gameplay. Ils prennent part intégrante au scénario et pourront, par exemple, faire office de caution morale à Lincoln. S'il est facile de décimer tout ce qui respire quand on nous tend une manette, certains choix s'imposeront quand même au joueur, comme la possibilité d'épargner ou d'abattre des dealers par exemple. Dans ce genre de cas, les trois lieutenants pourront être en désaccord avec vous et même entre eux. A vous de voir si vous avez pris la bonne décision.
Des choix et des conséquences
Malgré la présence de trois autres personnages importants, comprenez bien que Mafia III reste un jeu solo qui tourne énormément autour du story-telling. Et puisque nous parlions de choix, c'est un élément qui semble, au vu de la démo à laquelle j'ai pu assister, prépondérant. Lors d'une session qui se divise en plusieurs parties, Lincoln doit trouver un dealer, l'interroger pour savoir où se trouve la planque de son boss, puis se rendre sur place, tout ça pour retrouver une personne liée à sa vengeance aveugle. A chaque étape, il faut un minimum de réflexion (ou de logique) pour savoir quoi faire. Pour le dealer, il faut d'abord trouver son lieu de deal en farfouillant un peu le quartier. Une fois localisé (dans un cimetière), on peut tenter de la jouer fine ou rentrer dans le tas. Le démonstrateur n'était visiblement pas d'humeur câline puisqu'il a engagé les hostilités via une attaque au corps à corps qui ne laisse pas de doute sur le PEGI qu'obtiendra Mafia III. Une fusillade s'engage alors avec les gangsters et le système de couverture permet au joueur de se protéger. En termes de gameplay, cette phase m'a semblé plutôt classique : On se cache en laissant les balles fuser, attendant une ouverture pour allumer des mecs qui ne savent décidément pas très bien se cacher.
Une fois qu'on a retrouvé notre dealer, on l'embarque dans sa propre voiture pour le faire parler. Comment ? En fonçant comme un taré pour lui mettre la trouille de sa vie. Si là encore, on ne peut pas vraiment parler d'originalité (d'autant que l'arrivée de véhicules sur notre route était très scriptée, jusqu'au camion-rampe soigneusement placé devant un barrage), on a tout de même pu apprécier la conduite et surtout la puissance des chocs entre les véhicules, volontairement exagérée. Une fois renseigné, on partait vers le Big Mouth Jazz Club, planque du boss local. Non seulement on avait plusieurs manières de gérer la situation (gros bourrin ou ninja des temps modernes) mais aussi plusieurs manières d'arriver sur place. Si le démonstrateur à choisi de rentrer en toute discrétion à pied en contournant les entrées principales, il aurait tout aussi bien pu rentrer par la porte de devant avec un bon gros fusil à pompe, ou encore trouver un bateau et arriver par l'embarcadère qui sert de lieu de livraison. Quoi qu'il en soit, son arrivée discrète nous a permis de contempler quelques assassinats furtifs au couteau, qui ressemblent d'ailleurs à de vraies boucheries. Ce qui est sûr, c'est que ces finish moves réalisés à l'aide d'un seul bouton dépendent de la position de la victime (contre un mur, près d'une caisse, etc).
A force d'éviscérations, Lincoln arrive devant le boss du gang et l'expédie dans l'au-delà d'un bon gros headshot. Non, il n'a pas trouvé l'homme qu'il recherchait (qui s'est enfui en bateau), mais quitte à être là, autant en profiter jusqu'au bout et récupérer la planque pour son business perso. Une fois le ménage fait et après avoir assigné un lieutenant à la gestion du business (en l'occurrence Vito, qui débarque immédiatement en véhicule), Lincoln s'en va tranquillement en voiture. Tranquillement ? Pas vraiment. Alors que Paint it Black des Rolling Stones se lance à la radio, des mafiosi visiblement mécontents du carnage que vient de créer Lincoln se lancent à sa poursuite et l'assaillent par paquets de douze. Si la démo s'est terminée au milieu de ce bordel ambiant, on devine que choisir de tuer les gangsters locaux ne se fera pas sans heurts. Bien que Lincoln, via le joueur, pourra toujours faire des choix, il faudra régulièrement en payer les conséquences, un leitmotiv qui semble constant dans Mafia III.
Une ambiance solide
Mais ce tour d'horizon de Mafia III ne serait pas complet sans parler de son univers. En effet, La Nouvelle-Orléans de la fin des années 60 est l'occasion d'amener une ambiance caractéristique qui pourrait bien faire de Mafia III un jeu enivrant dans lequel on aime se perdre. Tout d'abord, il s'agit d'un univers sonore. Entre le rock de Jimy Hendrix ou des Rolling Stones et le jazz qui fait partie intégrante de cet état du sud, la direction artistique prend soudainement un sens, surtout quand il appuie parfaitement le gameplay comme avec Paint it Black cité plus haut. Mais la Nouvelle-Orléans de 1968, c'est aussi une très forte communauté afro-américaine à une époque où les tensions raciales étaient particulièrement fortes. Ce sujet semble d'ailleurs être très présent dans le jeu : alors que Lincoln se baladait lors du début de la présentation, il croisait à un moment des policiers qui s'attaquaient à un couple mixte, sans raison. Lincoln étant lui même noir (ou métissé, dur à dire), il semble évident que les questions raciales seront abordées dans le jeu (comme l'a confirmé le directeur créatif), un thème qui reste tout de même rare dans le secteur. Mais le contexte de Mafia III sera aussi l'occasion de profiter du folklore local de l'époque, et de quelques clichés qui feront tout l'univers du titre développé par Hangar 13.
Si pour le moment, Mafia III semble efficace sans révolutionner le genre par son gameplay, il pourrait donc fort bien s'imposer grâce à sa dimension culturelle qui sera forcément emprunte de nombreuses références de l'époque. Car outre les questions raciales et la culture de la Nouvelle-Orléans, la Guerre du Vietnam aura aussi un impact, notamment sur le comportement et la façon d'agir de Lincoln, mais aussi sur la storyline. Il est bon de savoir que Mafia III compte toujours mettre en avant la narration, et ceci malgré le fait que cet épisode ne raconte pas l'ascension d'un homme sur plusieurs années comme ces prédécesseurs. Bref, une affaire à suivre de très près.
En choisissant la Nouvelle-Orléans de 1968, Mafia III prend un pari risqué. L'époque et le lieu sonnent beaucoup moins « mafioso » que les deux précédents titres de la série. Pourtant, le folklore local est un petit délice et le côté jazzy, couplé à une communauté afro-américaine très présente, permet de présenter un univers différent de ce que l'on peut voir d'habitude. D'autant que les tensions raciales de l'époque et la Guerre du Vietnam ne sont pas nécessairement les thèmes les plus abordés du jeu vidéo. Si le gameplay ne nous a pas encore mis le feu aux mirettes, un système de jeu efficace pourrait suffire à faire de Mafia III une excellente expérience.