A l'heure où le jeu de rôle japonais tel qu'on l'a connu à une certaine époque est en voie de disparition, Bravely Default était venu nous prouver fin 2013 qu'il était encore possible de faire un J-RPG à l'ancienne tout en collant avec l'ère du temps. Visuellement magnifique, doté d'idées de gameplay pertinentes et d'options de personnalisation ultra poussées, Bravely Default n'a clairement pas volé son statut d'incontournable sur 3DS. Mais sa suite saura-t-elle se montrer aussi convaincante ?
Sorti fin avril au Japon, Bravely Second : End Layer a été confirmé pour l'année 2016 en Occident, à la fois aux Etats-Unis et en Europe. C'est d'ailleurs sur la version complète japonaise que nous nous appuyons ici pour vous présenter ce que le jeu nous réserve. Son introduction ne laisse aucun doute sur le fait que le titre se destine principalement aux joueurs ayant déjà terminé Bravely Default. Multipliant les révélations, cette séquence résume en effet en quelques minutes toute l'intrigue du premier volet et ses rebondissements, sans crainte de spoiler allègrement le joueur qui est censé avoir déjà bouclé le titre. Elle est là pour lui rafraîchir la mémoire et lui permettre de démarrer cette suite dans les meilleures conditions, l'histoire de Bravely Second renvoyant continuellement à des éléments narratifs vus dans le premier jeu. Autant dire que nous vous déconseillons fortement de vous y frotter si vous n'avez pas encore terminé Bravely Default.
Un peu de nouveauté...
Prenant place après les événements du premier volet, l'histoire de Bravely Second fait intervenir, en début de partie, un nouveau trio de héros mené par Yew Geneolgia, un jeune homme dont la mission est d'assurer la protection d'Agnès Oblige (non jouable dans cet épisode). Bien présents dans le jeu, mais pas forcément de la manière dont on s'y attendait, ces trois mousquetaires ne seront finalement pas les principaux compagnons d'aventure de Yew qui s'entourera bien vite de trois autres alliés charismatiques. Sans spoiler, car cela survient très tôt dans le jeu, l'équipe permettra de renouer avec Edea Lee et Tiz Arrior dans des circonstances que nous vous laissons découvrir, avant de faire la connaissance de la mystérieuse Magnolia Arch. Echouée d'une navette spatiale en provenance de la Lune, Magnolia est en quelque sorte une chasseuse de démons et constitue l'un des éléments clefs autour desquels s'articulera l'histoire de ce nouvel opus. Dommage que ses "good gravy" et autres répliques en anglais tombent presque toujours à plat et gâchent un peu l'excellent doublage de cette version japonaise. Quant à Tiz, il est assez amusant de voir l'admiration que lui voue Yew qui se considère comme le plus grand fan de ce héros légendaire.
A partir d'un certain point du jeu, la Lune d'où provient Magnolia fera carrément l'objet d'une nouvelle phase de reconstruction, à l'instar du village de Norende dans Bravely Default, les individus obtenus via StreetPass permettant d'accélérer les travaux pour débloquer toutes sortes d'armes, d'objets et de bonus utiles à la progression. C'est donc principalement par là qu'il faudra passer pour améliorer les effets secondaires infligés lors des attaques spéciales propres à chaque personnage ou définir leurs conditions d'activation, bien que cette quête reste totalement facultative. C'est le cas aussi du mini-jeu de fabrication de jouets qui, bien qu'amusant à découvrir, n'apporte finalement pas grand-chose à l'ensemble.
Un autre changement intéressant dans le déroulement de l'aventure réside dans le fait que chaque quête secondaire débouche désormais sur deux astérisques bien distinctes, et donc deux jobs différents. Le joueur doit ainsi faire face à un sérieux dilemme et décider, via un choix de dialogue, quel adversaire il souhaite affronter et donc quel job il veut tenter d'obtenir, sachant que l'autre lui passera alors sous le nez. Pas définitivement, heureusement, puisqu'il sera possible de récupérer ces autres jobs à un moment donné, mais cela implique de "terminer" l'aventure une première fois pour accéder à la deuxième partie en New Game +, mieux vaut donc bien réfléchir avant de faire son choix. On apprécie en tout cas la façon dont Magnolia nous présente les détenteurs des astérisques via une sorte de briefing complet de nos adversaires sur un ton ultra sérieux. On n'en dira pas autant des nouveaux dialogues optionnels ("party chat") à la Tales of qui alourdissent inutilement les discussions déjà très nombreuses dans cet épisode.
Bien sûr, Bravely Second se plaît à faire intervenir une pléthore de jobs inédits, en plus des anciens jobs obtenus via les quêtes secondaires. Cette fois, les membres de l'équipe pourront revêtir la panoplie de wizard, une variante plus pointue du mage noir, de guerrier sauvage (chariot), d'astrologue, d'exorciste, d'évêque, de tomahawk, de gardien, de maître chat (proche de l'ancien job de vampire) ou même de pâtissier, cette liste étant évidemment loin d'être exhaustive. Comme toujours, c'est bel et bien cette grande diversité des classes jouables et le large éventail de skills à combiner qui font toute la richesse du système de jeu. Une efficacité indéniable, certes, mais qui n'entraîne aucune révolution véritable par rapport à ce qu'on trouvait déjà dans Bravely Default.
Présentation des jobs
On note tout de même que le seuil de maîtrise des jobs est maintenant atteint au niveau 10, ce qui n'est pas plus mal, et qu'une option "my set" permet de garder en mémoire la configuration des jobs, équipements et skills associés pour les réutiliser plus facilement. Dans le même ordre d'idées, il est à présent possible de sauvegarder jusqu'à trois schémas de tour d'action pour les ressortir principalement lors des phases de level-up en mode auto, ce qui est franchement appréciable. Une montée d'XP qui est également facilitée par la possibilité d'enchaîner plusieurs vagues d'ennemis à la suite pour faire monter le bonus multiplicateur de points (argent, expérience et job points), en sachant tout de même que les BP ne seront pas rétablis entre chaque combat.
... mais beaucoup de recyclage
Pour le reste, cette suite s'appuie de manière un peu trop facile sur les acquis du premier volet, au point de nous donner l'impression de refaire quasiment le même jeu sans réussir à lui insuffler des idées nouvelles. Car, en plus des anciens jobs, la plupart des environnements ont été réutilisés, tout comme certaines musiques (les anciennes sont d'ailleurs carrément meilleures que les nouvelles) et bon nombre de monstres et de personnages. Une solution de facilité qui se répercute jusque dans l'interface et dans les combats dont les mécanismes restent totalement inchangés. Alors même si Bravely Default était déjà très convaincant à ce niveau-là, un minimum de prise de risque aurait peut-être permis à cette suite de s'en démarquer. On retrouve d'ailleurs quasiment toutes les différentes features du premier opus, comme la notion d'Abilink, la commande d'invocation d'un ami, le pouvoir du "bravely second", et surtout les multiples options de paramétrage qui ont fait une grande partie du succès du précédent volet (fréquence et vitesse des combats, etc.).
Des raccourcis liés à l'utilisation des "brave" rendent tout de même le tout encore plus nerveux et ergonomique. On apprécie aussi l'effort fourni pour proposer des environnements encore plus magnifiques et colorés, ce qui constitue plus que jamais l'un des atouts de la série, avec des décors ultra détaillés qui jouent allègrement sur les effets de perspective en tous genres. Voilà au moins un jeu qui donne envie d'activer la 3D stéréoscopique de la console pour apprécier au maximum la qualité des environnements. Quant à l'histoire, on attendra la version occidentale pour émettre une opinion réelle à son sujet, même si on peut d'ores et déjà dire qu'elle semble un cran en dessous de celle de l'opus précédent. Bonne nouvelle tout de même : les concepteurs ne nous ont pas refait le coup de la même boucle à recommencer x fois en fin de partie, et on les en remercie !
Trailer de Bravely Second : End Layer sur 3DS
Après la claque que nous avait infligée Bravely Default, on reste un peu mitigé concernant cette suite qui tend un peu trop vers le recyclage facile. Le nombre important d'éléments déjà présents dans l'épisode précédent et l'absence de réelles nouveautés rendent le soft trop prévisible. Certes, les nouveaux jobs sont sympas et originaux, les décors sont encore plus magnifiques et le charme opère toujours, mais il subsiste une impression de déjà-vu qui gâche le plaisir de la découverte et qui risque de rendre ce Bravely Second moins mémorable que son prédécesseur.