Après un détour par Thief qui n'aura pas fait l'unanimité, l'équipe d'Eidos Montréal renoue avec la licence Deus Ex pour offrir une suite aux aventures d'Adam Jensen. Deus Ex : Mankind Divided retrouve forcément le thème fétiche de la série pour creuser d'importantes questions sur le transhumanisme.
Nous sommes maintenant en 2029, soit deux ans après les événement de Deus Ex : Human Revolution. Les augmentations ont connu un essor important, divisant clairement la population entre les pro et les anti augmentations. Dans un climat d'apartheid, les augmentés sont vus comme des parias et vivent relégués dans des ghettos, systématiquement accusés de tous les maux, boucs émissaires parfaits pour la moindre chose qui tournerait de travers. Prétendument pacifiste, l'organisation ARC tente coûte que coûte de faire valoir les droits des augmentés mais son message est remis en question par une série d'attentats justement perpétrés en son nom. Au milieu de tout cela, Adam Jensen travaille pour une cellule anti-terroriste, mais il craint que ses employeurs ne soient que des marionnettes entre les mains de Illuminatis. Comme toujours, il ne compte pas prendre parti aveuglement mais souhaite au contraire découvrir la vérité, en évoluant sur les deux tableaux, tel un vrai agent double.
La longue séquence de gameplay présentée à l'E3 (que vous pouvez désormais retrouvée en intégralité sur le site) se divise en deux phases. La première présente une phase de parlotte dans la gare de Prague. Cette mise en bouche, très contemplative, est idéale pour admirer l'énorme travail effectué sur la direction artistique, sublimée par Dawn, le nouveau moteur propriétaire d'Eidos Montréal. Le quai grouille de vie, on y voit de nombreux personnages vaquer à leurs occupations, interagir entre eux, ou répondre aux forces de l'ordre visiblement sous tension. On distingue quelques enfants, finalement chose assez rare dans un jeu (il n'y pas d'enfants dans les rues d'Assassin's Creed ni dans celles de GTA par exemple) ou, plus loin dans la démo, des femmes soldats.
Pour Eidos Montréal, il s'agit-là d'être aussi réaliste que possible dans leur fiction. Et le studio y parvient sans mal puisque la somme de détails offerte par cette première partie impressionne et participe grandement à une immersion complète dans ce futur proche. On note par exemple des symboles indiquant les toilettes pour les Natural, ou un autre pour les Aug.
Renforcée par une musique de plus en plus pressante, l'atmosphère de la séquence est lourde, et débouche finalement sur une explosion. L'attentat est soi-disant revendiqué par l'ARC… La seconde phase de la démo débute. Jensen est censé retrouver le chef de l'ARC et le convaincre de le suivre pour être interrogé. A ce niveau, il faut prendre une pause et rappeler le cahier des charges d'un jeu Deus Ex. Depuis le début, Deus Ex se distingue par une volonté affichée de proposer plusieurs manières de jouer. Entre furtif et rentre dedans, toutes les variations sont permises. C'était le cas dans Deus Ex : Human Revolution même si plusieurs problèmes pouvaient être soulevés.
D'abord, Eidos Montréal reconnaît ne pas être satisfait du pendant "Action" développé dans son précédent jeu. Le studio a donc passé beaucoup de temps sur cet aspect pour le rendre pas forcément plus bas du front, mais plus intéressant à jouer. Il inclut par exemple des pouvoirs et des augmentations plus cool à utiliser, à l'image de la nanoblade qui sort de l'avant-bras du héros pour venir épingler au mur n'importe quel ennemi qui aura le malheur de se trouver sur son trajet. Jensen dispose aussi du titan shield qui lui offre une protection à l'épreuve des balles pendant plusieurs secondes. Parmi les autres augmentations en démonstration, on peut voir Jensen devenir invisible, utiliser les rayons X pour surveiller les ennemis à travers les murs ou encore hacker à distance des tourelles. Le système de hack reste d'ailleurs similaire à celui de Human Revolution, tout de même enrichi par quelques nouvelles fonctions pour le rendre un brin plus difficile.
L'autre gros grief concernant Human Revolution restait le traitement accordé aux boss. Ce point a donc fait l'objet d'un soin tout particulier dans Mankind Divided. Les combats de boss sont désormais développés en interne, permettant à Eidos Montréal d'affirmer qu'il est cette fois bien possible de gérer ces rencontres de plusieurs façons et qu'il est tout aussi possible de finir le jeu sans tuer personne. Les fans apprécieront.
Direction artistique impeccable, correction des problèmes rencontrés avec les boss de Human Revolution, variante action remise au niveau des variantes discrétion et diplomatique, on voit mal comment Deus Ex : Mankind Divided pourrait décevoir à sa sortie sur PC, PlayStation 4 et Xbox One en 2016.