Ha, le printemps. Les oiseaux chantent, le soleil brille, des couples se forment, un nouvel Assassin's Creed est annoncé... Ubisoft n'avait aucune raison de ne pas se mêler encore une fois à la fête des sorties massives de fin d'année, et le suspense n'était guère au rendez-vous depuis les leaks du mois de décembre dernier. Une fois n'est pas au coutume, ce n'est pas le studio de Montréal qui est à la tête du projet mais ses cousins de Québec, qui nous ont accueillis dans leurs locaux pour nous présenter les héros, la ville, mais également une longue séquence de gameplay de cet épisode désormais connu sous le nom d'Assassin's Creed Syndicate.
Oubliez donc le sous-titre Victory, Ubisoft Québec a choisi d'opter pour un sobriquet plus parlant pour l'époque, évoquant à la fois la notion de lutte des classes, la révolution industrielle mais aussi la naissance du crime organisé à Londres. Vous aurez fait le rapprochement par vous-même, Londres est donc la terre d'accueil de ce nouvel épisode qui franchit un premier pas pour la série, celui de l'entrée dans une époque moderne à l'architecture dépaysante pour les habitués de la franchise. Nous sommes en 1868.
Débarquement dans le vieux Londres
Un peu plus de 70 ans séparent l'époque de cet épisode de celle du précédent, et le fossé est visible au premier coup d'oeil. L'esthétique victorienne se marie avec des couleurs jaunâtres pour former un ensemble qui sent bon la vapeur et le métal. Le métro se construit dans une ruelle attenante, une facade d'immeuble nous rappelle certains quartiers du vieux Londres actuel et les rues sont bien plus larges afin d'accueillir une population importante mais également des diligences. Si le dépaysement est sans doute moins fort à cause de la proximité temporelle, la patte artistique d'Ubisoft fait encore une fois mouche et l'envie de caracoler sur les toits de la ville devient pressante. Côté technique, le résultat est légèrement supérieur à celui de l'épisode Unity qui s'avérait convaincant du point de vue visuel, mais moins à l'aise pour ce qui est de la performance. On notera tout de même que cette version pré-alpha ne tournait pas sur un PC boosté aux hormones mais bien un devkit PlayStation 4 visible de tous. François Pelland (directeur exécutif d'Assassin's Creed Syndicate, ancien membre de l'équipe de Montréal sur Assassin's Creed III) aura tôt fait de confirmer l'information d'un « It's a PS4 version, no tricks » qui en dit long sur la volonté d'Ubisoft d'éviter de répéter les erreurs du passé sur ses présentations de jeux.
Jacob et Evie Frye, jumeaux et bourreaux
Mal perçue l'année dernière, l'absence d'héroïnes parmi les personnages du coop est comblée cette année avec la présence d'Evie Frye, première femme à occuper le rôle de personnage principal dans un épisode majeur de la série. Assassin de son état, la jeune femme n'a pas dévoilé ses atours lors de cette présentation au contraire de son frère jumeau, Jacob Frye, avec qui elle devra partager le rôle principal lors de cette aventure aux bords de la Tamise. Né en 1847, ce dernier n'est pas originaire de Londres mais de la ville de Crawley. Il découvrira donc la capitale anglaise en même temps que vous avant de s'orienter dans une voie collant davantage à son caractère brutal, celle du crime organisé. Le passage de témoin entre les deux héros s'effectue de manière classique avec un switch ressemblant à celui instauré par GTA V pour les missions du monde ouvert, et l’utilisation d'un personnage prédéfini pour certains arcs narratifs précis. S'il est trop tôt pour se prononcer sur Evie que nous n'avons qu'entraperçue, Jacob nous a rapidement marqué par un charisme certain, né du mélange entre classe anglaise (chapeau haut de forme, canne à bec doré) et visage rustre mais encore jeune évoquant un Hugh Jackman qui serait à peine sorti de l'adolescence.
Calèche Duty
Assassin's Creed a toujours adapté son système de déplacement (et son gameplay en général) au monde ouvert qu'il devait reconstruire pour coller à l'esprit de l'époque. La présence de diligences et de rues plus larges a ici poussé les développeurs à transformer ce qui pouvait être un simple élément visuel en mécanisme de gameplay : oui, vous pourrez voler, conduire des calèches, vous livrer à des courses-poursuites avec celles-ci mais également vous battre sur le toit de ces dernières. Si la dernière fonctionnalité n'était pas encore suffisamment avancée pour nous être présentée, nous avons pu assister à une séquence de course-poursuite qui, soyons honnêtes, ne nous a pas pleinement convaincus. Nous n'avons pas pu juger manette en mains des sensations de collisions, mais le résultat comme spectateurs s'avérait trop brouillon et l'entrechoquement permanent avec les calèches environnantes transformait la séquence en ersatz de Destruction Derby avec un peu moins de chevaux sous le capot. L'idée d'ajouter des moyens de transport est en revanche bien plus intéressante pour la série et devrait éviter le recours systématique au voyage rapide, d'autant plus que la surface de la ville dépasse selon les développeurs de 30% celle d'Assassin's Creed Unity avec pas moins de 7 quartiers : Whitechapel, la City, The Strand, Thames, Southwark, Lambeth et Westminster.
Neuf minutes de gameplay commenté d'Assassin's Creed Syndicate
Les chaînes de Jacob
L'autre nouveauté déjà bien plus convaincante est l'ajout d'un grappin permettant à nos deux héros de passer d'un toit à l'autre sans avoir à se mêler au bas peuple : là encore, deux fonctions ressortent de cette corde avec un grappin ascensionnel permettant de rallier un toit avec célérité (l'animation est très proche de celle du grappin des Batman Arkham, d'ailleurs) ou la création d'un pont de corde permettant de relier deux toits ou de tendre un piège à un ennemi en venant discrètement se glisser au-dessus de sa tête. Lors d'un bref échange après la présentation, François Pelland nous a d'ailleurs confirmé que cette dernière fonctionnalité pourrait être utilisée partout dans la ville à partir du moment que l'on ne tentait pas de la faire tenir dans le vide. L'idée est là, ne reste plus qu'à voir si elle parviendra à se mêler avec efficacité au level design proposé par le titre : sur cette présentation, c'était le cas.
Voyageons léger, allons chasser du templier
La refonte totale des systèmes d'infiltration et de combat dans Unity laisse place cette année à un peaufinage habituel dans les cycles de la série. Côté discrétion, l'équipe a rajouté quelques mouvements facilitant le passage du héros derrière les différentes zones de couverture, ainsi que la possibilité d'à nouveau attirer les gardes en sifflant ou d'utiliser pour la première fois les couteaux de lancer pour les forcer à guetter un point précis. Côté combat, on notera le retour des multi-contres ainsi que de la chaîne de meurtres, annoncée comme étant moins permissive que sa première version et plus basée sur le timing que jamais. La présence d'armes à feu est ici matérialisée par des nouveaux finish moves faisant parler la poudre, et s'intégrant mieux aux combats au corps-à-corps de la série habituellement symbolisés par les armes blanches. Les animations sont d'ailleurs beaucoup plus soignées que dans l'épisode précédent, les coups portés atteignant désormais avec fidélité leur cible à l'écran sans déborder d'un iota ou caser un coup d'épée meurtrier qui serait pourtant passé à côté de la cible. D'autres features s'invitent également parmi les techniques de Jacob comme l'utilisation des couteaux pour faire tomber des plates-formes liées à une corde, ou le lancer de bombes empoisonnées dans des braseros pour disperser l'explosion sur une distance plus élevée.
D'une manière générale, l'attirail du héros a été revu pour coller à l'époque qui a vu naître les gangs et les combats de rue. Vous aimez Gangs of New York ? Visuellement, l'une des séquences proposées s'en rapprochait et proposait une séquence de baston en pleine rue avec vos fidèles acolytes derrière vous, faisant face à une bande coupe-gorge menée par un adversaire plus coriace. L'affrontement se faisait avec les trois armes phares de Jacob, ses poings, son revolver et un kukri, genre de lame courte courbée qu'il est possible de balancer directement dans le crâne d'un adversaire qui passait par là. A l'origine perçus comme des guerriers spirituels (et drogués, mais oublions ce détail) aux faux airs de Jedi, les Assassins sont donc ici passés de l'autre côté de la loi, un choix surprenant de la part d'Ubisoft mais justifié par le contexte de l'époque. Toujours déterminés à imposer la paix par l'ordre et le contrôle, les Templiers ont en effet à ce moment de l'histoire gagné la partie en parvenant à instaurer un système impérial dont ils maîtrisent chaque rouage. Les Assassins n'ont d'autre choix que de rejoindre les mouvements criminels de l'époque et gérer leurs propres gangs pour parvenir à reprendre la ville des mains des Templiers. Nous n'avons là non plus pas pu découvrir grand-chose du système utilisé, mais les quelques éléments dévoilés laissaient augurer un système de gestion de membres de la confrérie proche de celui de l'épisode III, couplé à une libération des quartiers sensiblement équivalente au système inauguré dans Brotherhood et maintes fois repris dans les épisodes suivants. Le retour de ces fonctionnalités qui accentuaient la notion de confrérie n'est pas pour nous déplaire, et nous sommes déjà curieux à l'idée de découvrir comment l'équipe de développeurs québecois parviendra à mixer ambiance criminelle et confrérie d'Assassins.
Quid du multi ?
Consacrons encore quelques lignes aux grands absents de cette présentation, les modes multijoueurs en coopération ou en compétition et surtout la méta-histoire du présent. Si le multi compétitif semble définitivement laissé de côté, le non-renouvellement de sa dimension coopérative apparue il y a seulement un an est une petite surprise. Interrogé par nos soins, François Pelland a confirmé que cet épisode serait exclusivement axé sur le mode solo, une première dans la série depuis... Assassin's Creed II. Quant à l'histoire du présent qui nous faisait incarner notre propre rôle dans Black Flag, Rogue et Unity, elle devrait sans nul doute faire son retour mais, malgré quelques vaines tentatives d'arrachage d'informations à notre interlocuteur, il aura fallu nous rendre à l'évidence : Ubisoft veut garder quelques secrets autour de son nouveau bébé et il faudra se montrer un peu plus patient pour en savoir plus à ce sujet. Rendez-vous est pris pour l'E3, où l'éditeur ne manquera sans doute pas de nous présenter une nouvelle facette de son Assassin's Creed Syndicate.
Assassin's Creed Syndicate se dévoile
Oubliez les rues crasseuses et ensanglantées du Paris révolutionnaire, Assassin's Creed entre dans l'âge moderne avec une escale dans un Londres victorien sombre et régi par des organisations criminelles. Avec son grappin libre d'utilisation évoquant Batman Arkham, ses deux héros entre lesquels on peut switcher à volonté et l'arrivée de véhicules, Syndicate s'inspire des meilleures recettes de la concurrence pour améliorer celle d'Assassin's Creed. La première approche est pour le moment satisfaisante avec un peaufinage appréciable de l'infiltration et des combats, des mécanismes de gameplay inédits ou sur le retour qui ouvrent le champ d'action du personnage et une ambiance toujours aux petits oignons, servie en plus par une technique qui semble plus maîtrisée que sur l'opus précédent. Il manque encore un peu d'huile dans les rouages des courses-poursuites pour que la machine fonctionne à plein régime ainsi que de plus amples détails sur le personnage d'Evie et le système de gestion des Assassins, mais pour une première, le résultat est convaincant.