A quelques semaines de sa sortie mondiale, The Witcher III : Wild Hunt a clairement accéléré sa communication. En multipliant les trailers et les visuels, CD Projekt et BANDAI Namco savent pertinemment faire monter la température chez un très large public qui frémit d'impatience à l'idée de poser la main sur le RPG occidental le plus attendu de ces dernières années, impatience d'autant plus exacerbée qu'elle a été attisée par deux reports successifs du jeu. Toutefois, les choses semblent définitivement engagée pour mai 2015 et nous avons eu la chance de nous frotter à la bête au cours d'une session de jeu nous ayant permis de parcourir les 8 premières heures de jeu sur la version PC du titre
Vers le prologue et bien au-delà
Si les premières sessions jouables de The Witcher III : Wild Hunt étaient limitées au prologue, cette preview portera, vous l'aurez compris, sur une portion plus généreuse du titre de CD Projekt qui nous a laissé en exclusivité aller et venir au gré de nos envies dans le vaste open world du jeu cristallise à lui seul les attentes les plus folles. Ce monde gigantesque n'est-il qu'une coquille vide ? Là où les deux premiers volets de la saga du sorceleur équilibraient leur univers cloisonné par une plastique aguicheuse et une narration impeccable, mature et intelligente, l'arrivée de l'open world dans la saga était autant source d'excitation que d'inquiétude, les amateurs des aventures de Geralt de Riv craignant qu'une plus grande liberté de mouvement vienne ternir une science d'écriture en tout point exemplaire. Il n'en est manifestement rien, et le vaste aperçu que nous avons du jeu nous a grandement rassurés sur ce point.
Nous évoquions plus haut le prologue du jeu. Si vous vous êtes déjà frotté aux deux premiers épisodes, vous saurez que CD Projekt n'a jamais brillé par l'intelligence de ses introductions, qui n'étaient absolument pas représentatives de la profondeur des jeux et qui sont même parvenues à décourager certains joueurs de persévérer dans l'aventure. Comme nous l'ont confié les membres de CD Projekt, l'équipe avait bien conscience de cet écueil et ont clairement abondamment travaillé pour rectifier le tir et apporter à Wild Hunt une mise en bouche digne de l'ensemble du jeu, ce que nous avons effectivement pu juger sur pièces. Si les premiers rudiments du jeu (déplacements, système de combat...) sont expliqués dans l'étroite enceinte de Khaer Moren, l'histoire dont nous ne vous révélerons rien ici afin d'en préserver la surprise, nous conduit immédiatement dans une zone nettement plus ouverte.
L'impression à ce stade du jeu d'être déjà propulsé dans le monde ouvert est totale. Et pourtant, il s'agit là d'une zone cloisonnée uniquement destinée à vous imprégner des mécaniques de gameplay. Ainsi, alors que vous vous égarez déjà dans la zone d'une taille généreuse à réaliser une bonne quantité de quêtes annexes tout en progressant dans la mise en place de l'histoire principale, vous vous apercevez que finalement, rien ne distingue le prologue de l'aventure principale, jusqu'à ce que la narration vous conduise véritablement dans cet open world dont nous sommes aujourd'hui en mesure de vous certifier qu'il est proprement magnifique.
C'est beau et en plus, c'est vivant
Un mot sur l'esthétique du jeu avant de nous attarder sur le reste. Si vous en doutiez encore, sachez que oui, The Witcher III s'inscrit clairement comme le plus bel open world de sa génération. Bien entendu, outre les qualités purement techniques qui proposent des effets de lumières splendides, des conditions météo variées et une distance d'affichage colossale c'est également dans sa direction artistique enivrante que The Witcher III fait preuve d'une inspiration sans faille. Si vous étiez sous le charme de Wizima ou de Floatsam, vous serez conquis par la cohésion de tout instant qui anime ce monde ouvert gigantesque (vraiment gigantesque) qui donne l'envie irrépressible de s'arrêter quelques instants juste pour le plaisir de contempler les forêts environnantes, dévoilant au loin un petit village d'agriculteur que l'on désire immédiatement explorer. En somme, si certes, les conditions de notre session de jeu étaient idéales en ce qu'elles étaient soutenues par un PC robuste affichant sans broncher un niveau de détail maximal sans souffrir de ralentissements, le monde de The Witcher n'a jamais été aussi beau et cohérent que dans cet épisode.
Par ailleurs et bien au-delà de sa plastique séduisante à plus d'un égard, c'est aussi par la vie qui anime son environnement que le titre tire son épingle du jeu. Au gré de vos explorations, vous aurez souvent l'occasion de croiser paysans, bandits et autres brigands vivant leur vie sans se soucier de votre passage. Toutefois, rien ne vous empêchera par exemple de prendre part à certains conflits que vous croiserez, ni de vous arrêter lorsqu'un personnage vous fera signe, ceci débloquant de nouvelles quêtes secondaires qui ont pour avantage d'être particulièrement bien scénarisées et bénéficiant d'une réalisation presque aussi soignée que la quête principale. Ainsi, il semble assez manifeste que l'univers de The Witcher conserve ce que nous saluions sur les précédents épisodes – univers vivant et cohérent – tout en le portant dans un monde infiniment plus vaste.
Cette cohésion de tout instant a par ailleurs été sciemment élaborée comme nous l'ont confirmé les équipes de CD Projekt. Une foule de détails viennent renforcer le sentiment de faire partie du monde et non d'être le héros absolu d'un univers qui n'attend que votre intervention. Geralt, en dépit du fait que dans certains endroits sa réputation le précède, n'est qu'un homme parmi tant d'autres, qui subit davantage sa condition de Sorceleur qu'il ne l'apprécie. A l'image de ce que nous appréciions dans les deux premiers volets de la saga du Sorceleur, ce charismatique héros n'est qu'un homme toujours aussi bad ass perdu dans la foule d'anonymes.
Un système de combat nerveux
Cette foule d'anonymes, justement, comprendra naturellement des individus pas franchement bienveillants à l'égard des sorceleurs. Nous avons pu juger le système de combat, qui reprend certes les grandes lignes des opus précédents mais qui gagne en diversité et en nervosité. Geralt semble nettement plus agile qu'auparavant. Le système de parade immédiatement suivi d'une contre-attaque au même titre que celui de l'esquive est efficace, tandis que la roue des pouvoirs, qui ralentit toujours le temps une fois activée, fonctionne toujours aussi bien et s'agrémente même d'une arbalète très pratique pour désarçonner les adversaires à cheval ou les créatures volantes. En outre, vous pourrez très rapidement voyager sur le dos de votre fidèle cheval Ablette, qui toutefois aura un indice de panique lorsque les échauffourées se feront trop tendues, provoquant sa fuite et vous privant de l'exploitation de ses précieuses ruées. Malgré tout, vous pourrez à terme parer votre cheval d’équipement performant et faire diminuer cette jauge de panique grâce à des capacités spéciales.
L'alchimie remaniée
Bien évidemment, pour booster vos compétences de sorceleur, le système d'alchimie est toujours présent quoique agrémenté d'une petite fonctionnalité qui devrait ravir les plus hostiles à la récolte d'ingrédients. Effectivement, les potions ou bombes confectionnées resteront définitivement dans votre inventaire, il suffira pour les « recharger » de s'offrir une petite séance de méditation pour pouvoir en profiter à nouveau. En outre, le système de mutagène, augmentant d'une manière permanente certaines capacités est toujours au programme. L'arbre de talents quant à lui a été remanié, même s'il propose finalement là encore une version épurée de celui du premier The Witcher. Le principal intérêt de ce nouvel arbre est l'obligation de sélectionner une quantité limitée d'améliorations, dont le nombre augmentera à mesure que vous progresserez en niveau, vous permettant de vous adapter aux combats qui se profilent.
Une écriture manifestement soignée
Bien entendu, nous l'évoquions en introduction, The Witcher s'est essentiellement illustré pour la qualité de son écriture, les choix à effectuer impactant directement sa narration et impliquant moralement le joueur. Même s'il est encore trop tôt pour se forger un avis définitif sur ce qui sera, comme nous l'a à nouveau confirmé CD Projekt, les ultimes aventures de Geralt de Riv, la trame principale semble être plus que fidèle à la série, avec son lot de tourments dans un univers très nuancé où il n'existe ni méchant, ni gentil. En outre, nous avons pu accomplir certaines quêtes secondaires de très haute volée, accentuant l'univers sombre et cohérent de The Witcher III : Wild Hunt. Bien évidemment, nous avons déjà été confrontés à différents choix de dialogues, dont certains sont à prendre dans une durée limitée dont les conséquences modifient clairement la façon d'aborder une quête.
Le seul hic que nous avons pu voir concerne l'inventaire qui, s'il n'est pas aussi indigeste que celui de son aîné, reste tout de même trop consolisé pour séduire les joueurs PC. Si nous avons effectué cette preview sur ordinateur, nous avons toutefois été contraints de jouer au pad, ce qui ne nous a pas permis de juger de quelle manière l'ergonomie de l'interface s'adapte aux habitués du combo clavier / souris.
The Witcher 3 en 9 minutes de gameplay
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire et à voir avant de se forger un avis définitif sur la conclusion de la saga du Sorceleur. Lever le voile sur l'histoire, tâter un peu plus avant de l'évolution de notre personnage et savoir si la durée de vie est aussi énorme que cette preview de 8 heures nous l'a laissé paraître... Toutefois, après une longue session de jeu, ce que nous avons eu la chance de parcourir laisse d'ores et déjà entrevoir un véritable coup de maître de la part de CD Projekt, qui semble avoir rectifié les écueils des précédents épisodes tout en parvenant à mettre sur pied un open world splendide et gigantesque, sans jamais nuire à la qualité de la narration.