À un peu moins d'une semaine de la sortie de Ori And the Blind Forest, nous avons eu la possibilité de poser nos mains pleines de doigts sur une ultime version du jeu. La prochaine fois, ce sera lors de sa sortie définitive... Alors, y a-t-il des raisons d'attendre le titre de Moon Studio ?
Inutile de le cacher, lors de sa première apparition à l'E3 2014, Ori And The Blind Forest nous avait fait une forte impression. Le jeu revenait d'ailleurs assez souvent dans les discussions lorsqu'il s'agissait de déterminer quelle annonce nous avait le plus marqués. Pourtant, et c'est vite devenu assez clair, "Ori" n'est qu'un Metroidvania, un jeu mêlant phases de plates-formes, et carte qui s'ouvre au fur et à mesure que le joueur trouvera de nouvelles capacités, de nouveaux items dans ses pérégrinations. Mais le titre a de nombreuses qualités à faire valoir...
Un univers enchanteur
La démo du jeu qui fut mise à ma disposition se composait de trois sauvegardes différentes. La première démarrait au tout début du jeu, la seconde environ 3h30 après, et la dernière, en toute logique se situait encore plus loin dans le jeu. Premier soulagement, les trois zones que l'on visite ainsi bénéficient toutes d'une identité qui leur est propre, et permettent de penser que le jeu affichera des décors variés. C'était mon inquiétude lors des premières images que l'on avait pu voir du jeu : les développeurs auraient tout à fait pu se cantonner à ces écrans bleutés, présentant une forêt endormie et bercée par la douce lumière de la Lune. Ces décors sont en sus tout à fait sublimes, rarement un jeu en 2D ne m'avait fait un tel effet. Les couleurs semblent avoir été posées ici et là avec beaucoup de délicatesse, évoquant les aquarelles de Manet, pour un rendu visuel sublime et apaisant. La grande force de Ori and the Blind Forest, c'est justement d'avoir réussi à insuffler dans ces décors un mélange justement dosé de tranquillité, de mélancolie, voire carrément de tristesse ; puis par moments, on a presque l'impression que la forêt pleure et se plaint. Entité mystique pratiquement vivante, elle rappellera à de nombreux joueurs les films des studios Ghibli, sans qu'on ne puisse percevoir le moindre élément symbolique ou décoratif issu de la culture nippone. Ori, à la limite, pourrait rappeler certaines créatures d'Hayao Miyazaki, mais c'est bien tout. Fait curieux, on a très rapidement de la peine pour cette pauvre bestiole, toute petite et toute mignonne, à la recherche de sa mère adoptive. Ses petits cris, lorsqu'il se blesse, ajoutés à la bande-son souvent tristounette, créent une forme d'empathie, et l'on en vient à vouloir le protéger, rendant le titre un peu plus envoûtant.
Un immense travail a également été fait sur la musique du jeu, qui, curieusement, a été écrite pendant le développement du jeu, alors qu'en principe les compositeurs préfèrent attendre que le jeu soit bien avancé. Mêlant douces mélopées et sonorités organiques, elle accompagne à merveille la progression du joueur, se faisant plus menaçante lorsque vous rencontrez un ennemi ; ou, à l'inverse, plus optimiste lorsque vous trouvez et débloquez une nouvelle capacité. Le résultat est très, très réussi, et là encore, très reposant : il m'est arrivé plusieurs fois de vouloir poser ma manette, pour simplement profiter de la musique et contempler les sublimes environnements dessinés par Moon Studio. Un petit chef-d'oeuvre.
Un gameplay maîtrisé et efficace
Si sur l'aspect visuel, cosmétique, Ori and the Blind Forest est une véritable pépite, le gameplay est lui aussi complètement maîtrisé. Ori se déplace avec aisance et le faire sauter est plutôt agréable, tant on le sent leste et agile. Si au tout début de la partie, il ne peut que se déplacer et sauter, on acquiert rapidement diverses compétences (walljump, double saut et d'autres) qui vont lui permettre de se déplacer encore plus facilement, et d'agrandir son terrain de jeu. Une progression classique pour un Metroidvania en somme. On retrouvera bien entendu partout sur la carte des items qui permettront à sa barre de vie de grandir, ou même des "Puits des Esprits", qui sont grosso modo les zones de sauvegarde de Metroid. Notez qu'il est également possible de créer soi-même des points de sauvegarde, en maintenant le bouton B enfoncé : Ori puise alors dans une seconde réserve d'énergie (la première étant dédiée à ses points de vie) pour générer un point de sauvegarde, via lequel il pourra également accéder à un arbre de compétences. Plutôt nombreuses, ce sont principalement des compétences passives qui devraient permettre aux joueurs de triompher plus facilement des épreuves imaginées par les développeurs.
Parce que Ori and The Blind Forest est un jeu relativement exigeant, sinon difficile par moments. Certaines phases de plates-formes notamment devraient vous demander pas mal de dextérité et de réflexion, sous peine de décéder incroyablement vite. Avec un point de sauvegarde bien placé, le titre a même un vague côté "die-and-retry" puisqu'on sera tenté d'essayer différentes façons de passer un obstacle, quitte à mourir (et à réapparaître très vite, ce qui est plutôt bien vu). Et si le titre est plutôt classique manette en mains, on constate assez vite que Moon Studio a eu quelques très bonnes idées, comme ce pouvoir que débloque rapidement Ori et qui lui permet de se propulser, lorsqu'il se trouve à proximité de certaines sources de lumière. Maintenez Y, choisissez votre direction, et hop, la petite bête est projetée dans les airs, lui permettant ainsi d'atteindre une autre zone de l'écran, parfois en enchaînant les propulsions. Ce qui est plutôt bien vu, c'est qu'il peut également utiliser cette compétence sur les projectiles envoyés par les monstres qu'il rencontrera. Ce n'est pas évident de prime abord, mais on se retrouve vite à virevolter dans les airs, ou même à retourner les projectiles contre leurs envoyeurs, toujours avec ce petit pouvoir décidément bien utile. Les amateurs de speed-run devraient s'en donner à coeur joie.
Découvrez le début d'Ori en vidéo
(Les images affichées dans cet article ont été fournies par l'éditeur.)
Ori and the Blind Forest, à seulement une semaine de sa sortie, sent bon, sent même très bon. Bien entendu il faudra attendre de tester la version complète du jeu, puisque ma session n'a duré que 2h30, environ ; Microsoft m'ayant annoncé une durée de vie s'étalant de 8 à 15 heures en fonction des joueurs, je suis curieux de voir si le soft parviendra à se renouveler tout au long de l'aventure. Visuellement sublime, et porteur d'un univers enivrant, "Ori" devrait séduire de nombreux joueurs lors de sa sortie, d'autant qu'il ne coûtera que 20 €. Rendez-vous la semaine prochaine.