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Quiconque possède une Xbox One sait combien il est difficile de nourrir convenablement sa console en ce début d'année. Par conséquent, le moindre jeu, même celui à côté duquel on serait volontairement passé il fut un temps, est source d'espoir. Développé par Frontier, mythique studio fondé au début des années 90 par David Braben, ScreamRide fait partie de ces titres peu attendus mais que l'on finit par guetter faute de mieux. Après avoir passé du temps en sa compagnie, pas certain que votre machine affamée se satisfasse de ce mets bien peu nourrissant.
trailer de ScreamRide
Frontier Developments appartient à la famille de ces studios qui ont opéré une drôle de transition au fur et à mesure des années. Jadis réputé pour ses productions singulières destinées à un public de joueurs aguerris, le développeur anglais a occupé le devant de la scène ces derniers temps avec des titres Kinect. L'exception reste évidemment Elite Dangerous, sorti en décembre, qui n'appartient pas du tout à cette série de jeux pour public occasionnel. A l'inverse de ScreamRide qui s'inscrit lui dans ce cadre-là.
Dans tous les sens
Néanmoins, difficile de ranger ScreamRide dans une case tant le jeu part dans tous les sens. Celui-ci propose trois modes radicalement différents. Le premier d'entre eux se nomme « Roler Coaster ». Le principe est assez simple dans la mesure où vous dirigez votre train lancé à pleine vitesse dans des montagnes russes. Plus la difficulté est importante et plus le parcours est jalonné d'obstacles comme des panneaux à éviter ou des rails manquants. Il vous faut donc incliner votre wagon vers la droite ou la gauche mais aussi, parfois, passer sur deux roues pour vous en sortir. Un chrono sanctionne à l'arrivée votre prestation tout en sachant que vous pouvez chuter et reprendre quasi instantanément la course. Il existe un système classique de médailles récompensant les performances. Le problème dans tout cela, c'est que ce n'est pas amusant pour la simple et bonne raison que la vue de dos est un frein à toute immersion. On ne ressent aucune sensation de vitesse et on finit par se demander si on n'est pas en train de jouer à une version moderne de « Hugo Délire ».
Pain, en moins drôle
Le second mode de jeu se nomme « Demolition Expert ». Pour faire simple, il vous faut balancer des capsules – chacune ayant des propriétés légèrement différentes – à l'aide d'un bras mécanique dans des cibles situées au loin. Il faut là faire parler son adresse et sa logique en optant pour la vitesse adéquate. Mais ce n'est pas tout car il existe en réalité une seconde lecture, les niveaux comportant tous un nombre important d'éléments destructibles rapportant des points lorsqu'on parvient à les toucher. Le but est donc de remplir l'objectif primaire tout en explosant au passage un maximum d'objets disséminés dans le décor. Dans le principe, cela rappelle inévitablement « Pain », à ceci près que ce dernier avait pour lui son second degré hilarant et ce côté sadique si grisant. L'univers aseptisé de Ride – un futur d'une tristesse absolue – se prête pour le coup moyennement à l'expérience et on en vient rapidement à se demander l'intérêt de tout cela.
Tu deviendras un ingénieur, mon fils
Ok mais qu'en est-il du troisième mode me direz-vous ? C'est un peu mieux dans le sens où celui-ci, baptisé « Engineer » (ingénieur en VF), vous demande de reconstruire des portions manquantes de montagnes russes. Malin. Le tout, avec des rails en nombre limité et des figures imposées. C'est loin d'être évident et ça a le mérite de demander de la réflexion à défaut de se montrer totalement enthousiasmant. Pour tous ces modes, ScreamRide affiche la même formule. Chaque lieu sur une carte du monde recèle plusieurs niveaux. Pour débloquer la suite du jeu, il faut obtenir un nombre donné de médailles. Il existe pour toutes les épreuves des objectifs primaires et secondaires (ne pas dérailler, détruire tant d'écrans, ne pas faire de parcours débouchant sur la mort de l'un des personnages...) permettant, si on les remplit, d'améliorer sa performance. Divers classements offriront ensuite aux joueurs la possibilité de comparer leur score avec celui du voisin.
Drôle de jeu que ce ScreamRide. Après avoir essayé ses différents modes, on se demande encore à ce jour l'intérêt ludique d'un tel titre. Au-delà du fait que la production de Frontier s'éparpille dans tous les sens, les différentes épreuves s'avèrent surtout limitées en termes de gameplay et de ce fait, peu amusantes. On finit par se dire qu'on est passé à côté de quelque chose, que le public visé (qui est-il ?) s'y retrouvera peut-être. En attendant, on ne peut décemment pas conseiller d'investir dans le jeu même si celui-ci est vendu à un prix moins élevé que celui pratiqué habituellement sur Xbox One (le jeu sort aussi sur Xbox 360 mais dans une version dont nous ignorons tout).