Une aventure réunissant le meilleur du J-RPG traditionnel et l’univers des jeux de rôle occidentaux, le tout réalisé par des Français ? Oui, ce jeu existe et s’intitule Edge of Eternity ! Le projet un peu fou mais passionnant vient de débarquer sur Kickstarter. Et, bonne nouvelle, il est possible d’essayer une démo qui prouve le sacré talent de ces jeunes développeurs nîmois…
Après une précédente campagne Kickstarter qui s’était hélas soldée par un échec en octobre 2013 (seulement 26.000 $ récoltés au lieu des 200.000 demandés), les développeurs de Midgar ont donc revu à la baisse leurs ambitions, tout du moins financières. Car au niveau de leur projet, le temps écoulé n’a fait que renforcer leur volonté et surtout leur a permis de développer une étonnante démo jouable montrant l’étendue de leur talent et leur passion pour le jeu de rôle…
UNE EQUIPE DE QUATRE PERSONNAGES
Développé à l’aide du moteur Unity, Edge of Eternity se situe donc au croisement des jeux de rôle japonais pour la forme (esthétique et gameplay) et européens pour le fond (histoire, thèmes abordés et personnages ni tout blancs ni tout noirs). L’histoire non linéaire devrait offrir de multiples embranchements et rebondissements et surtout donner la liberté au joueur d’organiser son propre jeu. C’est-à-dire de le terminer en ligne droite, en se dépêchant, ou au contraire de prendre son temps pour faire toutes les quêtes annexes. Rien n’est ici obligatoire. Mais attention toutefois aux choix que vous ferez durant l’aventure car ceux-ci ont un impact sur le scénario et peuvent même changer la nature du gameplay (par exemple, le héros pourrait terminer son aventure seul ou accompagné de plusieurs personnages…).
L’histoire, quant à elle, se déroule sur la planète Héryon. Une planète tout ce qu’il y a de plus tranquille jusqu’au jour où une race extraterrestre débarque pour tenter de la coloniser. Pour accomplir cela, les envahisseurs répandent un virus surnommé « La Fièvre du métal » qui métamorphose tous les êtres vivants en créatures hybrides mi-animales mi-machines. Le Consort, sorte de gouvernement de la planète, tente de protéger son peuple en traquant sans merci et en détruisant toutes les incarnations de la technologie. Sur fond de conflit destructeur semant chaos et désolation sur Héryon, le joueur incarne donc le jeune Daryon dont le destin semble intimement lié à celui de la planète. De nature débrouillarde mais aussi sauvage et solitaire, Daryon s’est exilé avec sa mère depuis que la guerre fait rage. A la mort de celle-ci, il revient à la civilisation et découvre un monde aussi hostile que dévasté.
Au fil du scénario, le joueur va rencontrer progressivement trois autres personnages - jouables - qui vont prendre place dans son équipe et entre lesquels il sera possible de switcher à tout moment. A commencer par Selen, jeune femme joyeuse et nomade qui parcourt le monde en jouant de la musique et dont les pouvoirs sont orientés vers la magie et les soins. Il y a aussi Fallon, un garçon cynique prêt à tout pour récupérer son vaisseau perdu au jeu, y compris monter des escroqueries et faire des coups bas. Enfin, la petite fille amnésique Eline complète le casting. Retenue prisonnière dans un camp de « contaminés », cette dernière résiste mystérieusement à la Fièvre du métal et sa rencontre avec Daryon va la pousser à chercher ses origines. Si la modélisation en 3D des héros n’est pas encore complètement terminée dans la démo, notamment en ce qui concerne les expressions faciales et les vêtements, en revanche elle permet de se faire une idée sur le style adopté par les développeurs…
Derrière le studio indépendant Midgar, créé en 2008 à Nîmes, se cachent quatre passionnés voués corps et âme aux jeux vidéo et en particulier aux jeux de rôle nippons. Il y a d’abord Jeremy Zeler-Maury, directeur et fondateur du studio, mais également lead developper et game designer (ses jeux préférés sont Final Fantasy VII et Valkyrie Profile 2). Très fan de Kingdom Hearts 2 et Okami, Julien Gallibert, de son côté, est level & character designer. Tandis qu’Ugo Colonna, féru de Vagrant Story et Final Fantasy Tactics, est l’artiste chargé de l’animation et de la 3D. Enfin, Cedric Menendez, dont les jeux favoris sont Final Fantasy VI et Zelda III : A Link to the Past, est à la fois compositeur de la musique et sound designer. A noter que cette fine équipe a déjà réalisé deux titres : le jeu de plates-formes musical sur mobiles Zeeek Run ainsi que Chatty, premier chat 3D jouable directement depuis Facebook.
DES INFLUENCES MULTIPLES
De Final Fantasy à Dragon Age Inquisition en passant pêle-mêle par Grandia, J.R.R. Tolkien ou encore la mythologie nordique… Les références et clins d’œil chers aux développeurs s’avèrent multiples dans le monde d’Edge of Eternity. D’ailleurs, le joueur aura tout le loisir de les découvrir par lui-même en explorant les lieux, puisqu’il s’agit d’un open world où il est possible de se déplacer librement à la troisième personne, et même esquiver le combat avec les créatures qui s’y trouvent. Esthétiquement plutôt réussis, les premiers environnements créés oscillent entre les grandes plaines verdoyantes et les cavernes sombres et maléfiques, les couloirs de vaisseaux impressionnants et les petits hameaux de campagne où évoluent paysans et autres créatures apprivoisées. A ce titre, l’aventure permet aussi de faire la connaissance des Nekaroos, de gros félins qui peuvent être chevauchés et qui, sur le principe, renvoient aux Chocobos de Final Fantasy. Il pourrait même être possible d’en faire l’élevage dans une ferme spécifique créée tout spécialement si le Kickstarter du jeu atteint le palier des 75.000 $. Parmi les détails appréciables, ce monde ouvert offre aussi un cycle jour / nuit et une météo changeante qui influencent tous deux les attaques des personnages. Par exemple, de jour, les attaques de Feu sont renforcées alors que de nuit ce sont les attaques des Ténèbres qui s’avèrent plus puissantes. De même, lorsque la pluie est présente, les attaques de foudre font beaucoup plus de dégâts, tandis que les attaques de glace se trouvent améliorées lorsqu’il neige. Classique mais efficace. Bien entendu, cela ne fait qu’ajouter de l’intérêt au système de combat…
LE CHOIX DU SYSTEME DE COMBAT
Il s’agit d’une des originalités d’Edge of Eternity : le choix possible entre deux systèmes de combat et le fait de pouvoir en changer à tout moment ! Le premier « tactique », au tour par tour avec le temps qui est suspendu, évoque un peu Grandia. Alors que le second, en temps réel sans pause, tient davantage de Final Fantasy. Tous les deux reposent néanmoins sur le même principe. Ainsi, en bas de l’écran figure pour chaque personnage une jauge ATB (Active Time Battle) qui se remplit plus ou moins vite et symbolise sa vitesse d’action. A chaque fois que la jauge est pleine, cela signifie que c’est à son tour d’attaquer. Libre au joueur de sélectionner alors le type d’action qu’il veut engager : attaquer, recourir à un pouvoir ou une compétence ou encore utiliser un objet. Plus l’ennemi est battu rapidement et plus les récompenses sont importantes. Si chaque héros a une manière spécifique de se battre, en revanche tous demeurent personnalisables. Chacun peut ainsi effectuer des combos particuliers avec les autres personnages, selon les compétences que le joueur lui a attribuées. Par ailleurs, certains combats se terminent par un mini QTE qui sert d’attaque ultime et permet d’amplifier les dégâts et dynamiser le gameplay. De leur côté, les différentes armes apparaissent évolutives grâce à un système de cristaux rappelant, dans son principe, l’utilisation des Matérias dans Final Fantasy VII. Les cristaux apportent des bonus aux armes et permettent de les personnaliser davantage dans un domaine comme la magie, la défense ou l’attaque. Attention, le système de cristaux n’étant pas encore terminé, il n’est pas conseillé de l’utiliser pour l’instant dans la démo.
LES RAISONS DU KICKSTARTER
Pour le studio indépendant Midgar, comme pour de nombreux autres studios, Kickstarter demeure un excellent moyen pour trouver un peu de financement et concrétiser leur rêve ultime : offrir aux fans un RPG synthétisant le meilleur du jeu de rôle japonais et européen. Cela fait d’ailleurs déjà deux ans que le studio travaille d’arrache-pied, en relation avec une communauté de fans, sur cette aventure ambitieuse toute en 3D, fait suffisamment rare chez les indépendants pour être signalé. A travers cette démo rendue la plus fonctionnelle possible, les développeurs veulent montrer ce dont ils sont capables afin de pouvoir faire évoluer les choses par la suite. En effet, grâce à Kickstarter, ils espèrent accélérer le développement du jeu et proposer davantage de qualité et de contenu, comme la possibilité de donner des capacités de terrain aux personnages ou même d’inclure de jolies cinématiques en images de synthèse. C’est aussi évidemment une opportunité pour recruter de nouvelles personnes dans l’équipe. Mais c’est également l’assurance de la collaboration d’artistes prestigieux, à l’instar du talentueux compositeur Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, Kid Icarus : Uprising, Xenogears, Chrono Cross...) qui devrait ainsi travailler sur Edge of Eternity si le financement Kickstarter atteint les 130.000 $. Bref, si le financement Kickstarter est concluant, du tout bon en perspective !
N’hésitez pas à jeter un œil à cette aventure en vous rendant à cette adresse https://www.kickstarter.com/projects/midgarstudio/1260422744
afin de télécharger la démo Pre Alpha, disponible pour PC, Mac et Linux. Et si vous l’appréciez, alors un petit coup de pouce est forcément le bienvenu…
Un jeu de niche certes, mais totalement assumé et surtout porté à bouts de bras par une petite équipe française ultra-dynamique qui a sué sang et eau pour en arriver là. Voilà ce qu’est Edge of Eternity ! Et ce n’est que le début car cette aventure de pixels semble en avoir vraiment sous le pied et promet à tous ses backers un voyage mémorable aux confins du RPG. Pas de doute, si la méritocratie a tendance à partir aux oubliettes de nos jours, alors en voilà assurément le porte-étendard !