Blanche-Neige, Cendrillon ou encore Le Petit Chaperon rouge… Si les contes et légendes issus du folklore européen, en particulier allemand, possèdent déjà une incroyable popularité internationale, le jeu d’aventure Anna’s Quest entend tout de même bien les faire redécouvrir aux joueurs sous un angle différent. Résultat : un voyage original teinté d’humour noir qui multiplie les références…
Il était une fois une jolie petite fille nommée Anna qui vivait paisiblement dans une forêt enchantée aux côtés de son sympathique grand-père. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que le vieil homme tombe soudainement très malade. Hélas, nul ne semble capable de soigner pépé et l’inquiétude gagne de plus en plus la fillette. Bien décidée à trouver un remède coûte que coûte, la jeune Anna se lance alors dans l’aventure. Première rencontre et premier gros pépin : la sorcière Winfriede kidnappe la petite fille pour en faire le sujet de ses expériences. Bien vite, Anna se voit donc dotée du pouvoir de télékinésie qu’elle utilise malicieusement contre la sorcière pour s’échapper de sa prison en compagnie de Ted, garçonnet transformé en ours en peluche. Voilà notre héroïne désormais perdue au milieu d’un monde fantastique peuplé d’étranges créatures avec lesquelles elle va devoir communiquer pour remplir sa quête finale : sauver son grand-père…
HANSEL & GRETEL & DANE & TOM
Anna’s Quest est l’œuvre de Dane Krams, développeur indépendant d’origine australienne et grand amateur de Monkey Island 3. Sous la houlette du studio Daedalic Entertainment, les aventures de son héroïne se retrouvent aujourd’hui rassemblées en quatre gros chapitres et supervisées dans leur développement par le producteur allemand Tom Kerstein, ayant travaillé précédemment sur la série de point’n click Deponia. L’aventure met en scène un large panel de créatures issues de l’imaginaire populaire comme les sorcières, les fantômes ou les trolls. Mais surtout elle fait référence à une quarantaine d’histoires et légendes parmi les plus célèbres, à l’instar des contes des frères Grimm écrits au XIXème siècle et popularisés bien plus tard sur grand écran avec les dessins animés de Walt Disney, tels que Cendrillon, Raiponce, Blanche-Neige ou encore La Belle au bois dormant.
A ce titre, en bonus, les développeurs envisagent d’inclure de nombreux documents sur les contes originaux de manière à ce que les joueurs puissent s’informer mais surtout trouver plus facilement les références éparpillées dans l’aventure. Cela dit, le jeu aborde aussi d’autres légendes peut-être un peu moins connues mais tout aussi séduisantes comme l’Oie d’or, Tom Pouce ou encore certaines fables de La Fontaine à travers, par exemple, la présence d’animaux qui parlent, chantent ou jouent de la musique. Comme ce coq très imbu de sa personne qui se considère comme le plus grand violoniste du monde. D’ailleurs, outre Anna, le jeu met en scène une trentaine de personnages secondaires avec lesquels il est possible d’interagir à l’aide de la souris. Parmi ceux-ci figurent par exemple un antiquaire grincheux, une diseuse de bonne aventure avide de cadeaux ou encore une sorcière hystérique et des trolls esclavagistes…
GAMEPLAY A L’ANCIENNE
Dotée d’une bande-son minimaliste avec une poignée de morceaux musicaux qui tournent en boucle sans toutefois agacer le joueur (le doublage vocal de plusieurs personnages devrait être inclus ultérieurement), l’aventure offre également une esthétique épurée plutôt sympathique, à base d’animation traditionnelle en 2D image par image. Côté maniabilité, c’est aussi la simplicité qui prime avec une souris qui permet d’interagir directement avec les personnages et objets à l’écran mais aussi d’utiliser le pouvoir de télékinésie d’Anna en cliquant sur l’icône correspondante. Les déplacements d’Anna sont également contrôlés par la souris, mais en double-cliquant aux extrémités de l’écran, il est possible d’envoyer la fillette presque instantanément dans le tableau suivant sans qu’elle doive traverser tout le décor. L’avantage de cette aventure est qu’elle contient peu de dialogues et qu’il n’y a pas trois tonnes de textes, puisqu’elle semble reposer essentiellement sur l’observation des personnages et objets contenus dans les décors environnants et la combinaison de ces derniers à l’intérieur de l’inventaire d’Anna.
Si une poignée de puzzles paraissent un poil difficiles, la plupart semble toutefois plutôt accessibles. Ainsi, pour chasser la bande de garnements qui occupe illégitimement une cabane, Anna doit les effrayer et ainsi concevoir un fantôme, seule chose dont les vilains enfants ont une peur terrible. Pour cela, l’héroïne doit obtenir trois éléments logiques nécessaires à la création de ce fantôme : un drap (à emprunter temporairement à une voisine), des ciseaux et du fil (à récupérer en échange d’objets issus de votre inventaire) et enfin une aiguille (à trouver dans une meule de foin). Bref, pas de quoi se pulvériser le cervelet. Cela dit, cette aventure devrait quand même offrir suffisamment de challenges au jeune public qui, en cas de difficulté, pourra alors requérir l’aide bienveillante des parents…
Avec Anna’s Quest, le studio Daedalic Entertainment propose une aventure de type point’n click aux graphismes plutôt mignons même si très minimalistes et surfant sur l’univers des contes et légendes de manière assez référentielle. Même s’il aurait peut-être mérité davantage de séquences parodiant directement les histoires les plus célèbres, le jeu paraît toutefois suffisamment calibré pour rencontrer son public, principalement familial. Attention, cela ne veut pas dire pour autant qu’il tombe dans la mièvrerie, car les thèmes sous-jacents (vanité, peur de la mort, désir inassouvi…) et certains protagonistes (le garçon fantôme prisonnier d’un lac par exemple) offrent un second degré de lecture plutôt intéressant. Rendez-vous en mai 2015 !