Un OVNI vidéoludique… Voilà comment pourrait être qualifié AER – prononcer « air » puisque c’est aussi le sens de ces trois lettres. Prévu courant 2016, ce jeu d’aventure en solo et à la troisième personne semble bien parti pour marquer les esprits, tant il affiche des choix esthétiques et ludiques hors-normes, comme il a été possible de le vérifier lors de la prise en main d’une courte démo. Explications…
AER est l’œuvre du jeune studio de développement suédois Forgotten Key fondé en 2011 et composé de seulement six personnes. Gagnants de la compétition « Game Concept Challenge » avec leurs précédents titres, le point’n click The Shine of a Star sorti en 2011 et Blanco l’année suivante, les développeurs trouvent aujourd’hui un soutien de taille en l’éditeur allemand Daedalic Entertainment pour finaliser, éditer et distribuer leur dernier projet en date, AER. En développement depuis plus d’un an à l’aide du moteur Unity, le jeu prend la forme d’une aventure mystique dont l’héroïne nommée Auk (prononcer « Hawk », soit « faucon » en français) est issue de la tribu des Whisperers. La jeune femme possède la faculté de dialoguer avec les animaux mais aussi de se métamorphoser à volonté en oiseau. Dans le monde d’AER, ce dernier pouvoir est très rare car seules les prêtresses très âgées sont censées le détenir. Résultat : Auk peut explorer librement ce monde composé d’îles flottant dans les airs dont certaines contiennent les ruines d’étranges temples secrets. En réalité, à l’intérieur de ces derniers - gardés par des dieux anciens et où évoluent de dangereuses créatures - reposent des fragments de mémoire du peuple de la jeune femme. En récupérant ces souvenirs perdus, Auk pourrait alors ni plus ni moins sauver son univers. Mais alors qu’elle entreprend cette quête, elle découvre bien vite que la corruption a tout gangrené et qu’elle va devoir remonter aux origines de celle-ci pour réussir sa mission…
VOL AU-DESSUS D’UN NID DE MOUTONS
L’univers du jeu, tout en 3D, est complètement ouvert et le joueur peut aller n’importe où librement. Il n’y a ni ordre ni quêtes bien définies à suivre mais seulement des centres d’intérêt à découvrir, ainsi – évidemment - qu’une poignée d’endroits particuliers où se rendre afin de déclencher des événements spécifiques. En dépit d’un style esthétique unique – inspiré selon les développeurs du cubisme (mouvement artistique cher à certains peintres comme Braque ou Picasso) –, l’aventure offre toutefois deux ambiances très différentes. Ainsi, les îles à l’extérieur se révèlent très colorées avec des couleurs pastel et apaisantes ainsi qu’une faune bien vivante (moutons par exemple). Tandis que les temples, cachés à l’intérieur de certaines îles, apparaissent sombres et entourés d’une aura malfaisante. Par ailleurs, Auk est incapable de se transformer en oiseau dans les temples et doit user de discrétion, voire d’infiltration furtive, pour esquiver les dangers. Il s’agit d’un parti pris des développeurs qui incitent ainsi le joueur à éviter l’affrontement, qu’il serait de toute manière susceptible de perdre au regard des puissantes menaces alentour. D’ailleurs, dans cette optique de non-violence, en cas d’échec d’une action, Auk ne devrait pas pouvoir mourir mais simplement se faire capturer.
Si la démo se déroulait dans une petite partie du monde d’AER affichant déjà une zone assez large parsemée de nombreuses îles, l’aventure au complet devrait, quant à elle, offrir un univers particulièrement vaste contenant une douzaine de zones de cette taille. Et selon les zones traversées, diverses possibilités devraient être offertes au joueur, histoire de s’amuser un peu. Comme voler en compagnie d’autres oiseaux afin de faire la course ou emprunter des tunnels de vent provoquant un boost de vitesse, le tout simplement pour le fun. Ou encore, dans les temples, enchaîner les séquences de plates-formes et résoudre des puzzles plus ou moins compliqués. L’idée des développeurs est que le joueur considère leur jeu plus comme un jouet sans contraintes avec lequel il peut faire ce qu’il veut quand il le veut, plutôt qu’une suite définie de challenges et d’obligations. Bien sûr, il y a tout de même un certain nombre d’actions requises pour faire avancer l’histoire mais cela ne devrait pas empêcher le reste…
GAMEPLAY A PEAUFINER
Les mouvements d’Auk s’avèrent on ne peut plus simples : elle peut ainsi courir, sauter et se mettre en position furtive pour se cacher derrière les obstacles et éviter les ennemis. Mais elle peut également brandir une lanterne pour éclairer les zones sombres, ouvrir l’accès à un temple ancien et révéler les fantômes qui hantent les lieux. Ces derniers représentent en fait la mémoire de la civilisation et, une fois mis à jour, donnent l’occasion à la jeune femme d’en apprendre un peu plus sur les événements passés. Si, à l’intérieur des temples, Auk se dirige plutôt bien à l’aide du joystick, en revanche à l’extérieur dans les airs, sous forme d’oiseau, l’entraînement est nécessaire. Car la caméra a tendance à se déplacer trop violemment lorsque l’héroïne se rapproche rapidement des obstacles (montagnes, arbres…). Mais la tentation est grande pour le joueur d’exécuter de violents piqués en pressant deux touches en même temps, car c’est tout simplement très fun ! Tout cela reste évidemment à régler mais il faut tout de même reconnaître que l’ensemble apparaît pour l’heure plus que séduisant. Et cela devrait encore s’améliorer. Car le studio Forgotten Key travaille actuellement à rendre le monde d’AER le plus vivant possible en y ajoutant beaucoup d’interactions avec la nature, ainsi qu’une foultitude de détails comme les arbres qui s’agitent avec le vent, l’herbe qui se courbe sous les pas d’Auk ou les buissons fourmillant d’insectes. Sans oublier des conditions météorologiques changeantes alternant entre pluie, neige ou vent. Le but final semble être de faire ressentir au joueur son environnement, comme une véritable communion avec la nature.
L’esthétique épurée, le design du personnage féminin, l’histoire étrange, le fait de se transformer en oiseau et de voler jusqu’à plus soif sur fond de musique ultra planante, l’ambiance pacifiste et l’inspiration à la fois de la culture des Indiens d’Amérique mais aussi de celle d’Amérique du Sud au moins dans l’architecture… Pas de doute, même s’il y a encore de multiples réglages à effectuer et d’éléments à inclure, AER s’avère d’ores et déjà un véritable OVNI doté d’une forte identité et d’un parfum unique. Mais il reste encore du chemin à parcourir avant 2016 et il faut donc croiser les doigts pour que les développeurs aient réellement au final les moyens de toutes leurs ambitions…