Projet ambitieux autant dans son esthétique que dans sa manière d’aborder le genre point’n click, The Devil’s Men se dévoile aujourd’hui encore un peu plus à travers de nouvelles séquences de gameplay. Et d’ores et déjà, un constat s’impose au vu de la qualité de l’ensemble : il pourrait fort bien devenir une des nouvelles références en la matière…
The Devil’s Men est l’œuvre de Kevin Mentz, à la fois auteur et game designer ayant travaillé précédemment sur Memoria, The Dark Eye : Chain of Satinav, A New Beginning ou encore Deponia et The Tudors. Le jeune homme propose aujourd’hui une aventure se déroulant dans un univers steampunk et en particulier dans une Angleterre victorienne de fiction. En 1871, une série de meurtres défraie la chronique et accentue encore la fracture entre les quartiers riches d’un côté et les plus pauvres de l’autre, dominés par un gang de brigands surnommé la Colonie. Les deux héroïnes du jeu, Adelaide, fille d’un célèbre détective, appartenant à la société aisée, et Emily, voleuse membre de la Colonie, vont devoir s’entraider pour parvenir à résoudre ces crimes en remontant la piste des « Devil’s Men », de mystérieux scientifiques disparaissant les uns après les autres…
ACTIONS COMPLEMENTAIRES
Inutile de préciser que tout oppose Adelaide et Emily : leur univers, leur niveau social et même leur personnalité. Pourtant, les deux jeunes femmes vont devoir collaborer et se lancer dans une série de missions complémentaires. S’il vous est imposé le personnage à incarner lors des séquences de jeu, à savoir Adelaide ou Emily (mais parfois elles se retrouvent ensemble), en revanche vos actions et décisions au cours de la partie peuvent avoir des conséquences directes sur l’évolution de l’autre protagoniste. Par exemple, une des scènes requiert que la jeune voleuse effectue une mission de nuit afin de dérober un objet précis. Si vous échouez à la remplir, elle retourne se coucher directement et ce sera au tour d’Adelaide de tenter sa chance, mais cette fois de jour. Cette dernière n’aura donc pas à se soucier des pièges et autres puzzles déjà résolus par Emily quelques heures auparavant. Un principe de jeu assez similaire est en vigueur pour les nombreuses séquences de dialogue. En effet, vous devez souvent choisir une réponse parmi trois ou quatre, dont certaines ouvrent de nouvelles possibilités et font réagir votre interlocuteur de manière différente. C’est d’ailleurs en rejouant l’aventure et en sélectionnant des réponses alternatives que vous devriez pouvoir découvrir tout ce que vous aviez manqué la première fois.
Libre à vous également d’interpréter le personnage comme bon vous semble : de manière sympathique, normale, brutale ou même sournoise – dans la limite des réponses disponibles bien évidemment. Un bon exemple est celui où Emily, poursuivie par la police, se retrouve prisonnière du dernier étage d’une bâtisse avec à ses côtés un membre de la Colonie. Ce dernier la déteste et la défie en permanence. Lors des dialogues avec lui, vous avez alors le loisir de répondre de trois façons : normale, cruelle ou colérique. Les réactions de l’individu seront diverses face aux réponses choisies. Et lorsque les deux personnages réussissent enfin à sortir de l’endroit, la quête secondaire – optionnelle – qui apparaît est différente selon vos choix précédents. Ainsi, au début de la séquence, l’homme se blesse sur un mécanisme et, quelques heures plus tard, cela s’infecte gravement. En arrivant dehors, vous avez alors le choix de le sauver en obtenant un médicament très cher ou alors carrément le laisser mourir. Mais il aurait été aussi possible de faire en sorte qu’il ne se blesse pas à la main, si vous aviez placé une protection sur le mécanisme peu de temps auparavant. Auquel cas, une fois dehors, la quête secondaire aurait été bien différente et se serait focalisée sur la personnalité de ce type qui allait vous coller en permanence ou devenir encore plus votre ennemi. Résultat : vous auriez dû alors essayer de vous débarrasser de lui par tous les moyens…
SOLUTIONS MULTIPLES
Non content de proposer plusieurs fins différentes, le jeu offre aussi la possibilité de remplir une mission de plusieurs façons. Une scène un peu plus loin dans l’histoire montre ainsi Emily face à Algie, le boss de la Colonie, l’interrogeant sur son butin. Le dialogue entre les deux personnages est tendu et les questions fusent. Emily a toujours le choix entre plusieurs réponses, de la plus honnête à la plus mensongère. Son visage, reproduit dans le petit cadre à l’écran à côté de la réponse, adopte d’ailleurs des expressions différentes selon le choix. Peu satisfait de sa prestation, Algie donne une chance à Emily de se rattraper en localisant visuellement un artefact situé chez le Dr Faustus (mais vous pouvez aussi décider de dérober celui-ci une fois repéré). Devant l’immeuble du docteur, vous avez le choix entre utiliser un grappin ou tenter de passer incognito devant les gardiens. A ce moment-là, vous pouvez cliquer sur votre inventaire et sélectionner l’objet. Manque de bol : il est marqué que votre grappin a été volé. Libre à vous de retrouver le voleur (l’homme au masque d’éléphant) et de le payer pour récupérer votre objet. A moins que vous ne sympathisiez avec une prostituée alentour apte à distraire les gardiens. Ou peut-être vaut-il mieux essayer de dérober la casquette du cocher qui stationne devant l’immeuble et l’enfoncer sur votre tête pour espérer de ne pas être reconnu ? Les solutions pour progresser semblent donc multiples et, pour ne pas vous perdre en chemin, votre inventaire se met d’ailleurs à jour automatiquement. Les missions principales et secondaires y sont inscrites à travers des dessins ainsi que des sous-titres sous forme de questions (ex : Qui a volé mon grappin ?). A cela s’ajoutent également des informations sur les lieux. Pratique !
ESTHETIQUE ENCHANTERESSE
S’il y a bien un point sur lequel The Devil’s Men fait l’unanimité, c’est sur son aspect visuel. D’ailleurs, c’est bien simple : dès les premières scènes, l’impression d’assister à un dessin animé est persistante tant les personnages en 2D, parfaitement animés, s’intègrent à merveille dans les nombreux décors réalisés en 3D. Ces derniers s’avèrent non seulement très détaillés mais affichent aussi plusieurs animations (lumière, vent, fumée…) qui apportent beaucoup de vie à l’ensemble. Enfin, de discrets mouvements de caméra accompagnent chaque déplacement des personnages, ce qui ne fait que conforter cette touche d’élégance inhérente au jeu. Au final, The Devil’s Men paraît avoir toutes ses chances pour conquérir le cœur des aventuriers professionnels ou en herbe, tant il affiche de qualités au niveau de sa mise en scène et de la relative liberté laissée au joueur pour progresser…
Que ce soit en termes d’intérêt scénaristique, de réalisation technique ou de possibilités interactives, The Devil’s Men paraît tenir la dragée haute à une majorité de titres dans le domaine, et semble ainsi dépasser largement son simple statut de point’n click. Actuellement en train d’être peaufinée (les développeurs y incluent un doublage vocal complet), l’aventure ne sortira pas avant l’été 2015. Alors encore un peu de patience…