C'est il y a cinq ans que le studio Alphadream, connu pour avoir chapeauté la saga des Mario et Luigi, a annoncé faire faillite. Il a mis la clé sous la porte mais ce n'est pas pour autant que Nintendo a décidé de mettre la série sous le tapis. En juin 2024, lors de son Nintendo Direct, l'entreprise annonce un sixième opus. Il s'appelle Mario & Luigi : l'Épopée Fraternelle, sort en exclusivité sur Switch le 07 novembre et on a pu le tester en avant-première. Faut-il être optimiste ?
Présenté en juin 2024, Mario & Luigi : l'Épopée Fraternelle a surpris d'entrée les spectateurs du Nintendo Direct. Il faut dire que depuis 2019, la série mettant en scène Mario & Luigi dans un jeu de rôle au tour par tour sur console portable semblait enterrée pour de bon. En cause, la faillite du studio de développement derrière les jeux et un dernier opus inédit qui date de 2015. De quoi surtout interroger les joueurs : mais qui donc développement ce nouvel épisode ? Se rapproche-t-il plus des premiers sur Game Boy Advance ou des derniers sur 3DS ? De manière générale, faut-il s'inquiéter ou être rassurer ? On a pu se faire une idée des réponses à ces questions en ayant joué aux premiers chapitres du titre.
Luigi, enfin la star ?
Mario & Luigi de nouveau en vadrouille à travers un nouveau royaume dans l'Épopée Fraternelle. Les deux frères les plus célèbres du Royaume Champignon ont été forcé de mettre les voiles sur le Royaume de Connexia. Le continent de ce dernier a vu ses terres être séparées en plusieurs îles balotées par les mers suite à une catastrophe non identifiée. Les habitants sont donc isolés les uns des autres et c'est au duo moustachu, accompagné de la volticultrice Ampéria et de Couchomb, de corriger le problème. Pour se faire, ils élisent domicile dans le Navisthme.
C'est à bord de cette entité moitié île / moitié que Mario et Luigi mènent à bien leur tâche. Le joueur doit sélectionner les courants sur lesquels ils souhaitent naviguer (à travers une carte dédiée) dans le but de découvrir les îles pour les connecter au bateau. En attendant que ce dernier fasse son chemin, il peut finir d'explorer les îles déjà rapatriées sous son pavillon. Une méthode de gameplay qui prend du temps à décoller qui présage tout de même quelques temps mort malgré l'une des améliorations récupérées au cours de notre voyage. Un système qui, aussi, met en lumière une technique globale qui risque d'être le point négatif majeur du jeu : les temps de chargements, dû aux multiples îles du jeu, sont courts mais nombreux.
De ce que l'on a vu, le ton choisi pour la campagne (aussi bien que son atmosphère générale) se rapproche plus des derniers jeux Mario et Luigi que des premiers. C'est plus doux. L'écriture conserve toutefois les traits d'humour propre aux jeux de rôle Mario (que ce soit les Mario et Luigi ou les Paper Mario) avec du comique de répétition et des jeux de mots à la pelle. La proposition scénaristique principale du titre étant de reconnecter les îles entre elles par leurs phares, on trouve des calembours à foison sur le thème de l'éléctricité. C'est Luigi, comme à son habitude, qui symbolise malgré-lui la plaisanterie de ce nouvel épisode. Il est le comique et présage d'être très intéressant à suivre, à tel point qu'on ne se demande pas s'il risque de voler la vedette à Mario.
À son rythme
Pourtant, lors des premières heures de l'aventures, les deux moustachus sont inséparables. Le joueur ne contrôle que Mario mais est suivi à la trace par son frangin. Celui-ci, par moment, réfléchit à des "idées de génies" qui permettent de résoudre des énigmes. On peut lui ordonner de suivre son propre chemin, d'aller casser des blocs ou encore de stationner près d'un interrupteur afin qu'il l'active à notre commande. C'est aussi à lui qu'il faut se fier pour étourdir certains boss, laissant au joueur l'opportunité de lui infliger des dégâts massifs.
De manière générale, les casse-têtes passent par la résolution de puzzle exigeant l'implication des deux frères. Ils peuvent se lancer des objets, comme des blocs par exemple, de l'un à l'autre. Ils débloquent aussi au fur et à mesure de l'aventure des techniques permettant de se faciliter la tâche. On a pu expérimenter la toupie fraternelle qui rend capable Mario & Luigi de survoler des précipices pendant quelques secondes.
Ce sixième épisode présage, à l'instar des précédents, d'offrir le choix du rythme à ses joueurs. Chaque île, même celles de la quête prinicipale, sont assez courtes à faire. Elle prennent rarement plus de 30 minutes, en tout cas pour les premières. De quoi motiver l'exploration de Connexia, surtout en combinaison avec un système devenu quasiment indispensable au jeu de rôle au tour par tour ces dernières années, où il est possible de voir les ennemis sur la carte du monde avant d'entrer en combat. Il est vrai que ces derniers allongent le temps de jeu et que, par moment, ils deviennent répétitifs d'autant que le bestiaire évolue peu.
La nouveauté prometteuse : les prises
C'est d'autant plus dommageable que s'il y a bien un aspect sur lequel on est très enthousiaste, ce sont les combats. Mario & Luigi : L'épopée fraternelle propose un système de combat au tour par tour où le joueur doit choisir les actions de ses personnages. Que ce soit Mario ou Luigi, les deux plombiers moustachus peuvent sauter sur leurs ennemis ainsi que les taper au marteau. Il est toujours question de devoir appuyer au bon moment pour infliger des dégâts supplémentaires.
La légère dimension tactique est toujours présente puisque chaque ennemi dispose de ses propres spécificités. Les ennemis volants sont insensibles au marteau, tandis que ceux munis de piques font vite regretter au joueur le choix du saut. Ils diposent tous aussi de compétences qui leur sont propres qu'il faut apprendre à lire afin de les éviter. Sans présager de révolutionner la roue, le gameplay est toujours aussi efficace par son dynamisme et sa façon d'impliquer le joueur. Quelque chose que l'on voit surtout avec les attaques frères, des capacités qui demandent plus de précision que les attaques ordinaires mais qui infligent plus de dégâts. Et si on a encore envie de jouer, c'est aussi pour le côté "RPG" du titre et ce qu'il promet en termes de personnalisation.
Au fur et à mesure des combats qu'ils remportent, Mario et Luigi engrangent des points d'expérience. Une fois qu'ils en ont suffisamment acquis, ils montent en niveau. Cela augmente leur force générale en augmentant leurs statistiques (attaque, défense, vitesse, etc). Il est aussi possible de booster ces caractéristiques par de l'équipement à acheter, à trouver lors de l'exploration ou en récompenses de quêtes secondaires appelées missions. Les tenues sont liées à la défense, les chaussures aux dégâts du saut tandis que les gants et accessoires disposent d'effets passifs. Pas de nouveauté à ce niveau-là pour ceux qui connaissent la série : la variété de l'équipement permet de spécialiser tel ou tel frère dans un rôle particulier. Luigi est souvent privilégié pour la défense, Mario à l'inverse sert en tant que principale source de dégâts. On voit alors les progrès des deux frères à travers leur montée en niveau, l'apprentissage de nouvelles attaques frères ainsi que l'obtention de nouveaux équipements. Une montée en puissance dont la satisfaction est décuplée par la nouveauté majeure de cet opus inédit.
À partir d'un certain moment dans l'aventure, il est possible créer et d'activer des prises (on vous l'a dit, ça tourne autour de l'éléctricité). Celles-ci permettent de personnaliser ses compétences au combat. Il est alors possible d'avoir une chance d'étourdir les ennemis avec ses attaques, ou bien d'infliger des dégâts de zone. Plusieurs prises sont à créer en échange de faradays, ressource que l'on récupère à travers l'exploration des différentes îles et îlots du jeu. Les prises promettent des combinaisons variées tout en s'adaptant au style du joueur. Et c'est surtout en mettant en lumière, mais il faudra le vérifier, la diversité des situations en combat qu'elles peuvent briller.
Malgré toutes ces bonnes choses, Mario & Luigi : L'épopée fraternelle affiche une ombre au tableau : celle de la technique et de l'ergonomie. L'exploration est entachée par une fluidité, en mode docké, qui n'est pas toujours au rendez-vous. En mode docké, on a aussi ressenti une certaine latence manette en main. Si celle-ci est voulue pour rendre les combats plus exigeants, elle reste frustrante sur certaines portions de l'exploration.
On l'a dit, les multiples temps de chargements et les quelques temps morts induits par le principe de cette aventure cassent le rythme pourtant bien en place. Ce sont aussi les multiples menus par lequel passer (on ne dirait pas non à des raccourcis pour les objets par exemple) qui ont rendu moins confortable notre aperçu, surtout en ce qui concernent la lisibilité de la carte. une fois que l'on visite une île.
Mario & Luigi : L'épopée fraternelle a tout d'un bon jeu. Il reprend les casse-tête ainsi que l'excellent système de combat de ses prédécesseurs tout en ajoutant sa touche personnelle. Sur les premières heures de jeu, on retrouve aussi l'humour qui fait le charme des RPG Mario. De manière générale, ce ne sont que des bons ingrédients que l'on a vus ici et on a été plutôt rassuré par la qualité globale du titre. Néanmoins, le jeu met un certain temps à décoller, la surtout à une technique capricieuse et une ergonomie peu au rendez-vous. Il faudra donc attendre la sortie du jeu le 07 novembre prochain en exclusivité sur Nintendo Switch pour savoir si l'on est définitivement branché.