Il est aisé de définir ce qui fait la force de la série des Mana, initialement spin-off de Final Fantasy. Après un premier opus sorti sur gameboy sous le nom de Mystic Quest, c’est bel et bien le deuxième épisode, Secret of Mana, qui a fait office de raz-de-marée pour les joueurs occidentaux. Bien que le Japon et les Etats-Unis (dans une moindre mesure), voyaient de nombreux JRPG arriver sur leurs consoles, la France était bien moins lotie et Secret of Mana a fait partie des pionniers. Une direction artistique incroyable, des visuels superbes, des musiques mythiques, un système de combat original mêlant Action et RPG et même la possibilité de jouer à trois, ses qualités étaient au zénith. Mais derrière les souvenirs infinis que cet opus aura laissé aux joueurs, la suite fut plus complexe : Seiken Densetsu 3 et Legend of Mana ne sont pas sortis en France à l’époque et entre les spin-off et les épisodes un peu en deçà, la série a perdu de son aura.

Visions of Mana peut-il être vu comme un sauveur ? Possible. La première bonne nouvelle tient en la présence de Koichi Ishii, créateur de la série, qui signe son retour après 17 ans sur d’autres licences. Ce n’est pas un hasard puisque Visions of Mana se pose clairement comme un retour aux sources et il ne s’en cache pas. Dès l’écran-titre, qui voit les personnages principaux face au gigantesque Arbre Mana, on comprend tout de suite que ce sont les fans de Secret of Mana qui sont dans le viseur nostalgique de Square Enix et de Ouka Studios. Bon choix, surtout que le remake fébrile de l’épisode-phare de la saga ne lui rendait définitivement pas hommage.

Le pitch initial est des plus simples à comprendre. Tous les quatre ans, des âmes sont élues pour servir d’offrandes à l’Arbre Mana afin de le régénérer, protégeant ainsi le monde de l’invasion des ténèbres. Elles sont alors accompagnées d’un gardien d’âmes pour veiller à ce qu’elles arrivent à bon port. Ce gardien d’âme, c’est Val, le héros principal de l’histoire, qui trouvera vite deux compagnons sur le chemin pour vivre l’aventure à trois. Notez toutefois que contrairement à Secret of Mana, il s’agît bien d’un jeu solo. Dans leur périple, ils vont visiter de nouvelles zones, affronter de terribles monstres et bien entendu, trouver de puissants avatars élémentaires qui leur octroieront de nouveaux pouvoirs.

Dans les faits, Visions of Mana propose de grandes zones ouvertes dans lesquelles on se balade librement. Des points d’intérêts permettent d’identifier des coffres, des quêtes, des points de téléportation, mais aussi des canaux élémentaires qui débloquent des passages. Ainsi, en utilisant l’élémentaire du vent sur un canal approprié, on déclenche une mini-tornade qui nous aide à atteindre des lieux inaccessibles. Si, comme moi, vous avez la flemme de faire tout ce chemin avec vos petites gambettes, vous pouvez aussi monter à dos de Pikul, des sortes de spitz japonais géants. Dans l’esprit et dans l’univers, on a un peu l’impression de jouer à un Genshin Impact en moins vertical, pour prendre exemple sur un jeu populaire. C’est joli, visuellement réussi même, à tel point que l’on a pris plaisir à arpenter la grande zone qu’il nous était permis de visiter. Toutefois, il faut noter un aspect très classique dans la structure, notamment avec quelques quêtes de style va-battre-les-ennemis-là-bas qui pourraient s’avérer pénibles pour les joueurs aguerris si elles se répètent sur le long terme. Ce n’est pas avec une session d’une heure de jeu que l’on pourra vous l’affirmer cela dit. Une seule certitude, Visions of Mana se veut accessible, peut-être pas à ceux qui débutent dans le jeu vidéo, mais au moins aux joueurs qui ne jouent que de façon occasionnelle.

Venons-en donc au plat de résistance, les combats. Chacun des trois personnages a une attaque normale, une attaque puissante avec un cooldown et trois compétences qui nécessitent des PM pour être utilisées. Résolument action, Visions of Mana permet de passer d’un personnage à l’autre en une touche, ce qui nous donne accès à une variété d’attaques, tout en renforçant l’aspect tactique, en choisissant de concentrer ses forces sur un seul ennemi par exemple. On retrouve ici la patte de Square Enix et dans l’esprit, le gameplay n’est pas très éloigné des remakes Final Fantasy 7 à ceci prêt qu’il n’y a pas de barres ATB, s’éloignant ainsi définitivement du semi tour par tour qu’on pouvait retrouver dans Secret of Mana notamment. Au lieu de cela, on retrouve le fameux Ring System, la pause active qui permet de choisir objets ou compétences à utiliser en plein combat grâce à un menu en anneau, une invention de la série pour ceux qui ne le savaient pas. Sans aucun doute, les combats sont une réussite d’autant que les possibilités sont multipliées par le système de classe.

En effet, chaque élémentaire que l’on récupère peut être allié à un de vos trois personnages pour débloquer une nouvelle classe, avec ses propres compétences et attaques. La partie fun, c’est que la classe débloquée dépend du personnage. Ainsi, chaque élémentaire ouvre trois classes différentes et si on en croit les habitudes de la série, on pourrait au moins compter sur 8 élémentaires. Cela ouvre donc de nombreuses combinaisons auxquelles il faudra ajouter la possibilité de booster ses armes avec des compétences passives au choix via un système de craft.

Evidemment, cette courte session de jeu ne nous autorise pas à nous faire un avis concret sur Visions of Mana, mais nous avons été agréablement surpris par l’expérience générale. C’est propre, permissif, très facile à prendre en mains, tout ce qu’on attend d’un A-RPG aussi mignon en somme. Les musiques ne sont pas en reste d’ailleurs, avec un retour de Hiroki Kikuta à la composition lui qui a déjà signé une des meilleures B.O. de tous les temps avec Secret of Mana. Il n’est pas seul certes, mais cela reste une très bonne nouvelle.