Huit ans après Batman : Arkham Knight, Rocksteady revient enfin avec un nouveau jeu toujours dans l'univers DC Comics : Suicide Squad Kill the Justice League. En février dernier, le titre s'est présenté lors d'un State of Play. Face aux mauvais retours des internautes quant à sa formule jeu service, le jeu a été repoussé pour finalement sortir début février 2024. Après une longue attente, on a enfin pu mettre la main dessus pour comprendre ce que réserve vraiment le nouveau bébé de Rocksteady.
En 2009, Rocksteady a révolutionné les jeux de super-héros avec Batman Arkham Asylum. Dans la foulée, le studio britannique a confirmé son savoir-faire en complétant la trilogie avec Arkham City et Arkham Knight. Mais depuis 2015, Rocksteady se fait de plus en plus discret car ses équipes travaillent sur un jeu Suicide Squad intitulé Suicide Squad : Kill the Justice League. Finalement, c'est en 2020 que le projet est confirmé pour une sortie en 2022, avant d'être repoussé en 2023.
Début 2023, le titre s'est présenté lors d'un State of Play... et on ne peut pas dire que les choses se sont bien passées. Les internautes ont découvert que le titre prendrait la forme d'un jeu service, s'éloignant de la structure des Batman Arkham, ce qui a entraîné un bad buzz. Il faut dire que ce genre d'expérience n'a pas la côte en ce moment, surtout après l'échec Marvel's Avengers. Suite à ces retours négatifs, Rocksteady a pris la décision de repousser le projet à début 2024. Et vu que le mois de février approche à grands pas, on a enfin pu mettre la main dessus pour vraiment comprendre ce sur quoi Rocksteady travaille depuis huit ans.
D'entrée de jeu, il faut que je vous précise : j'ai été un grand joueur de Marvel's Avengers. J'avais évidemment conscience de ses (très) nombreux défauts et malgré tout, il me prenait de relancer le jeu pour ses nouveaux personnages et par amour du gameplay. Tout ça pour vous dire que je suis habitué à cette formule de "jeu service de super-héros" et que je n'arrive donc pas en terrain inconnu avec Suicide Squad : Kill the Justice League.
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Voyage à Metropolis dans la peau des super-vilains
Comme son nom l'indique, Suicide Squad : Kill the Justice League nous met dans la peau de la Task Force X qui va devoir affronter les membres de la Ligue de Justice. Pourquoi ? Car ces derniers sont mentalement contrôlés par l'alien Brainiac suite à son invasion de Metropolis. On incarne donc Deadshot, Harley Quinn, Captain Boomerang et King Shark qui vont devoir vaincre Superman, Batman, The Flash ou encore Green Lantern qui ne sont plus eux-mêmes. Et exactement comme dans le film de 2016, ces criminels ont une bombe dans la tête qui les oblige à obéir aux ordres de la sévère Amanda Waller, patronne de l'agence gouvernementale A.R.G.U.S..
La première chose qui frappe dans ce Suicide Squad, c'est qu'on retrouve l'écriture de personnages caractéristique de Rocksteady. Chacun a son caractère bien à lui qui ne matche pas du tout avec celui des autres, ce qui crée des tensions dans le groupe souvent drôles. Tout cela est retranscrit à travers des cinématiques et une mise en scène particulièrement réussies grâce au rendu 4K et next-gen sur la peau et les animations des personnages. Pour autant, l'écriture des quelques passages auxquels on a pu jouer ne nous a pas toujours convaincu. Par moment, ces vilains sont caricaturaux et en font trop, ce qui finit par sauter faux en particulier durant certaines cinématiques trop bacvardes. On a même parfois la sensation que nos héros finissent par s'enfermer dans leurs propres rôles (Captain Boomerang est le comique, Harley joue la folle, Shark est premier degré...).
Une structure et une formule inédites pour Rocksteady
Après Gotham City dans les Batman Arkham, Suicide Squad nous amène dans une nouvelle vie ouverte : Metropolis. Seul ou en coopération jusqu'à quatre joueurs, on a pu se déplacer librement dans les rues de la ville de Superman où l'on croise aussi bien des sbires de Brainiac que des activités secondaires diverses. La plupart du temps, on se rend donc d'un point A à un point B pour accomplir des missions au déroulé souvent classique. Durant notre session de jeu, on a dû défendre un objectif, sauver des civils ou encore activer un point par exemple. Entre deux missions, on fait des allers-retours dans un musée dédié à la Justice League qui sert de QG aux survivants de cette invasion extraterrestre. C'est ici que l'on croise d'autres figures de l'univers DC Comics qui permettent de se préparer avant la prochaine mission en améliorant notre équipement par exemple. Et ça, c'est une nouveauté pour Rocksteady.
Suicide Squad : Kill the Justice League propose une dimension light-RPG, avec des équipements qui ont tous leurs propres statistiques. Cela a pour avantage de créer différents builds pour chaque personnage focalisés sur un aspect en particulier (les coups critiques, le corps-à-corps, les grenades...) pour offrir une rejouabilité sur le long terme. Mais pour en profiter, il faut réussir à décrypter la profusion de statistiques propres à chaque élément, ce qui est un peu déroutant au début. Et puis, qui dit équipement, dit coffre que l'on obtient en fin de mission. Si durant notre session nous avions déjà les meilleures armes possibles, dans le jeu final, on se demande à quel point il faudra refaire des missions pour obtenir un stuff correct pour progresser. Il reste donc des questions en suspens en ce qui concerne le grind.
Dès le départ, Suicide Squad : Kill the Justice League a été présenté comme un jeu-service dans lignée d'un Destiny par exemple. Concrètement, après le lancement, le titre va proposer de nouveaux contenus dont des événements d'histoire et même des personnages jouables inédits, tout ça de façon gratuite. Seule la partie cosmétique sera payante.
Un gameplay technique... parfois même trop
Suicide Squad s'éloigne des Batman Arkham dans le sens où il se rapproche plus d'un jeu de tir que d'un beat'em up. Chaque personnage dispose de deux armes à feu ainsi que d'une arme de corps-à-corps, et globalement, les sensations de tirs sont plutôt bonnes, en particulier les fusils à pompe. Pour enrichir les combats, Rocksteady a introduit de nombreuses mécaniques : coup critique après une attaque au corps-à-corps, récupération du bouclier après un tir dans les jambes, un tir critique pour interrompre une attaque, deux compétences uniques par perso, un système de recharge à la Gears of War... Tout cela réuni rend les affrontements plus techniques qu'ils n'y paraissent, ce qui est une force sur le long-terme pour un jeu-service, mais aussi sur une faiblesse sur laquelle on reviendra.
En plus de tout ça, Suicide Squad : Kill the Justice League met l'accent sur la mobilité de ses personnages. Chaque super vilain peut escalader n'importe quel bâtiment ou glisser au sol à volonté par exemple, mais surtout, ils disposent tous d'un gadget de déplacement unique : jetpack pour Deadshot, grappin pour Harley Quinn, téléportation pour Captain Boomerang et super force pour King Shark. Ces outils servent aussi bien à se déplacer dans Metropolis que de rester constamment en mouvement lors des combats. Si cet ajout permet de rendre l'action très speed et dynamique, cela entraîne des soucis pour la lisibilité des combats.
Lors de notre session, nous avons eu droit à un combat contre The Flash, présenté comme l'un des temps forts de l'aventure. Manette en main, on n'a pas été très convaincu par la séquence qui nous a paru confuse à cause d'objectifs peu clairs et des nombreux effets à l'écran. Et alors que le jeu présente le super-héros comme une menace impossible à vaincre, on ne ressent pas du tout ce danger lors de l'affrontement in-game.
Certes, le gameplay de Suicide Squad est riche. Mais dans le feu de l'action, en plus de la gestion des déplacements aériens, cette complexité rend parfois l'action plus confuse qu'elle ne devrait l'être. Tout cela n'est pas facilité par une interface particulièrement chargée en informations à laquelle il faut ajouter un déluge d'effets et de statistiques lors des combats. Le jeu est par moment franchement brouillon et confus, mais on imagine que ce ressenti est aussi du au fait que nous n'avons joué que quelques heures. Peut-être que ces mécaniques complexes pensées pour rendre le jeu pertinent sur le long terme sont plus intuitives avec le temps. Mais pour en être sûr, il va falloir attendre la sortie du jeu le 2 février prochain.
Après cette première session de jeu, Suicide Squad : Kill the Justice League nous rassure sur certains aspects autant qu'il laisse dubitatif. Au-delà de ses cinématiques réussies, le titre offre des sensations de tir sympathiques et un gameplay riche pensé pour un jeu service. Pour autant, cela n'empêche pas l'expérience d'être confuse par son déluge d'effets à l'écran, son HUD chargé et ses menus remplis de statistiques. Si on se pose encore des questions sur la structure du jeu et la redondance de ses missions, on espère que l'écriture des personnages sera moins caricaturale que ce qu'on a vu là. Pour toutes ces raisons, la proposition de Suicide Squad : Kill the Justice League reste à voir en attendant sa sortie le 2 février prochain.
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