Mine de rien, cela fait belle lurette que les fans de jeux de course n’ont pas pu mettre leurs mains sur un nouvel épisode de Forza Motorsport. En effet, six années nous séparent du septième volet, ce qui représente un temps d’attente anormalement long pour une série qui nous a habitués à des lancements tous les deux ans. Aujourd’hui, le nouveau bolide de Turn 10 est enfin dans les starting blocks. Après plusieurs tours de piste, nous pouvons déjà le dire : Forza a lâché les chevaux.
Nous avons testé Forza Motorsport durant plusieurs heures grâce à une build envoyée par Microsoft accessible à tout moment pendant une semaine. Les captures d'écran ont été faites sur Xbox Series X en mode Performances. Nous avons également pu pariticper à un entretien avec Turn 10.
L’empire d’essence
Il n’y a pas si longtemps, nous présentions Forza Horizon comme le pendant arcade – basé sur l’exploration en monde ouvert – de Forza Motorsport. Forts de leur succès étourdissant auprès des joueurs, les titres de Playground Games ont petit à petit volé la vedette à la série fondatrice créée par Turn 10. Basée sur la compétition et l’adresse, cette dernière est forcément moins accessible que le délire mécanique des festivals Horizon, quand bien même elle verserait dans la simcade plutôt que la simulation pure et dure. Après sept années d’absence, Forza Motorsport revient avec l’intention de revoir sa formule tout en se recentrant sur ses fondamentaux, à savoir le développement des compétences de l’utilisateur, l’amélioration des voitures et la compétition acharnée sur de multiples circuits. “Notre objectif est de créer une plateforme de course compétitive vivante, connectée et en constante évolution” nous explique Dan Greenawalt, le grand patron du studio, via une lettre adressée aux testeurs.
Pour rafraîchir le moteur de Forza Motorsport, Turn 10 est parti d’une copie blanche en ce qui concerne la physique. Cette dernière est largement plus aboutie et permet de mieux ressentir le poids du véhicule sur le bitume. Les ajouts se sentent particulièrement sur la gestion des collisions : s’appuyer sur un adversaire pour mieux rebondir est dorénavant beaucoup moins permissif. La force centrifuge lors des virages en épingle est elle aussi mieux retranscrite, tandis que la conduite est plus souple. En un mot comme en cent, nos deux heures de jeu nous ont permis de prendre un grand plaisir sur les pistes de Maple Valley, Hakone, Grand Oak, Mugello et Kyalami. Ce retour à une simulation moins permissive se retrouve jusque dans l’aspect sonore du jeu, où les musiques laissent définitivement place aux bruits de moteur et crissements de pneus.
Qualif' à la place de la qualif'
Du côté de sa structure, ce Forza flambant neuf innove à petites doses, tout du moins dans ce que nous avons vu à l’occasion de cette preview. Si les championnats sont toujours classés en différentes catégories elles-mêmes classées en grandes rubriques (tour moderne, tour des enthousiastes, tour puissant, tour d’héritage), tout ne se déroule plus exactement de la même manière en mode carrière. Cette fois-ci, le pilote est propulsé sur la piste du championnat et doit effectuer des tours de chauffe avant de se frotter pour de bon aux autres concurrents. Ces essais permettent de tester le bolide ainsi que le tracé, avec des temps à battre pour savoir si la difficulté sélectionnée est la bonne par rapport au niveau de difficulté sélectionné. Ces tours de piste rapportent de l’expérience de voiture (EXPV) ainsi que des crédits, afin de motiver les joueurs qui voudraient aller directement à l’essentiel.
Au bout de trois tours, une pression sur le d-pad catapulte le joueur dans l’épreuve de championnat. Bien que l’idée soit bonne, ces tours d’essais auront peut-être tendance à enquiquiner les joueurs occasionnels souhaitant juste se lancer dans le championnat sans devoir faire deux fois la même piste. Heureusement, ils peuvent être abrégés en passant par le menu pause. Ces essais ne doivent pas être vus comme des épreuves de qualification. En fait, Forza Motorsport apporte un système de choix du positionnement sur la grille de départ. En solo, plus le joueur se place près de la pole position, moins il gagnera de crédits s’il termine dans les trois premiers. Par contre, s’il se place en queue de peloton, c’est-à-dire à la 24ème place, il pourra remporter pas mal d’argent. Une sorte de pari sur soi-même. Comme le précise Turn 10, il reste possible de regarder les résultats de ses adversaires lors des essais pour se placer correctement en fonction des temps effectués.
Les gants dans le cambouis
“Le parcours d’une voiture est l'aboutissement de décisions. Chaque détail est important pour gagner un dixième de seconde” entend-on, au début du jeu. À plusieurs reprises, Forza Motorsport veut faire comprendre que si les bons pilotes existent bel et bien, ils ne seraient pas grand-chose dans de bonnes voitures. Avec cette nouvelle édition, l’objectif est clair : il faut surpasser les idées et les constructions des adversaires. Pour cela, il va falloir passer un peu de temps dans le garage à changer les paramètres de ses véhicules. Dans les faits, Forza se déleste des mods de Forza Motorsport 7 qui lui donnaient cet aspect jeu service décrié par les fans.
Chaque course débloque des éléments à installer afin de modifier les performances du bolide conduit. Vous pouvez personnaliser pratiquement tous les éléments de votre voiture, notamment la pression des pneus, la portance négative, les rapports de vitesse, l’aérodynamisme, la suspension, la direction ou encore le freinage. La plupart des modifications nécessitent d’atteindre un niveau de voiture précis, ce qui oblige à passer pas mal de temps au volant d’un engin pour lui installer les meilleurs ajouts. À la fin de l’installation, l’IP de la voiture est recalculée (plus la voiture est rapide, plus elle est élevée). Des réglages additionnels sont également téléchargeables si des membres de la communauté en fournissent. Les amoureux de mécanique devraient donc apprécier ce virage serré vers la personnalisation poussée. "Pour nous, ce jeu n'est pas qu'une histoire collection. Vous pouvez collectionner beaucoup de voitures, mais le but est que vous trouviez les 10 voitures qui vous parlent et que vous tombiez amoureux de ces voitures grâce à vos compétences et à votre progression. Et que vos 10 voitures soient différentes des miennes" déclare Dan Greenawalt.
Bien entendu, passer du temps dans les entrailles des bolides n’est pas forcément du goût de tous. Turn 10 l’a bien compris en ajoutant des menus aussi clairs que complets qui permettent, grâce à d’astucieux diagrammes, de comprendre facilement les performances de sa voiture (vitesse, freinage, tenue de route, accélération) et l’incidence d’une modification. Des améliorations rapides sont également de la partie pour que l’amateur de pilotage qui n’aime pas mettre les mains dans le cambouis n’ait jamais à se poser des milliards de questions avant de foncer sur la piste. Il est à noter qu’à l’instar de Forza Motorsport 7, la combinaison de l’avatar que l’on dirige est personnalisable.
Permis de tuer
À l’image des autres jeux de la série, la prise de risques est récompensée. Tout d’abord, l’utilisateur est invité à paramétrer la difficulté des drivatars, cette fameuse IA qui a la tâche compliquée de rendre les affrontements plus animés grâce à des comportements plus imprévisibles, et donc plus humains. Plus lents ou plus rapides ? C’est à vous de le décider par l’intermédiaire d’un curseur. Plus vous acceptez de vous retrouver face à des pros du volant, plus vous remportez un généreux bonus de crédits. De ce que nous avons pu voir, et un peu à la manière des anciens épisodes, l’IA fait parfois des erreurs, ce qui est appréciable. Les bolides ne se suivent pas en file indienne, et la machine semble vouloir éviter le contact si le joueur fait de même. De quoi noter une amélioration certaine par rapport à ce que nous avions auparavant, sans toutefois constater une véritable révolution dans l’IA pour le moment.
Dans le même ordre d’idées, trois options de difficulté sont proposées (personnalisables dans le détail via d’autres menus). Là encore, plus vous acceptez d’avoir des bâtons dans les roues, plus vous amassez d’argent lorsque vous arrivez dans les trois premiers. En “Règles de Club”, les dégâts sont uniquement cosmétiques et les pénalités sont limitées, là où “Règles de Sport” simule le carburant et l’usure des pneus. Le mode “Règles Expert”, comme son nom l’indique, est pensé pour les amoureux de jeux de caisse qui aiment faire attention aux dégâts, au carburant et bien sûr à la tenue de route, puisque l’option rewind est désactivée.
Les pénalités sont applicables peu importe la difficulté, histoire de motiver le joueur à adopter la conduite la plus propre possible, bien que ces dernières soient minimes dans les niveaux de difficulté les plus bas. Après nos différents essais, nous constatons que pour le moment, le juge est relativement juste en Expert. En Club et Sport, nous nous sommes permis des comportements agressifs sans que cela ne soit sanctionné outre mesure. En cas de faute avérée, un avertissement est envoyé. Si le joueur récidive, de précieuses secondes sont retirées. En outre, le bonus de crédits entre les modes Sport et Expert est presque négligeable. Pour un défi tout de même largement plus ardu (rewind supprimé), le soft n’octroie que 4 % de crédits en plus.
Mise à jour du pilote en cours
S’il y a bien un point sur lequel nous attendions Forza Motorsport, c’est sur ses hautes performances techniques. Inutile d’y aller par quatre chemins : la nouvelle production de Turn 10 est splendide. Graphiquement, elle fait presque oublier tout ce qui a été fait ces dernières années dans le domaine de la simcade. La production de Microsoft est un monstre dans ce qu’elle affiche à l’écran avec des textures détaillées, des modélisations exemplaires, des reflets magnifiques et surtout des effets spéciaux de haute volée (effets de particules, d’éclairage, etc.). Les dégâts, eux, sont toujours très légers visuellement. De plus, les animations des pilotes qui précèdent et concluent une course sont largement plus réalistes que ce qui fut montré dans FM7. L’impression de voir un pantin désarticulé quand on se retrouve face aux avatars est définitivement de l’histoire ancienne. Ouf !
Bien que très réussi visuellement en mode performance (4K/60fps), Forza Motorsport propose également un mode 60fps ray racing (mais en résolution variable) ainsi qu’un mode ray tracing en 4K constante (mais en 30fps, cette fois-ci). De ce que nous avons pu voir, les replays sont forcément en 4K/ray tracing/30fps. Nous aurions apprécié que le jeu nous laisse le choix du mode d’affichage pour visionner nos meilleures performances. Il est par ailleurs impossible de changer de mode graphique à la volée en cours de partie. Dans cette version preview, seuls trois détails nous ont dérangés graphiquement : l’encodage des vidéos d’introduction faisant apparaître une compression disgracieuse, un ciel relativement passable, et l’apparition soudaine de certaines ombres pendant les courses. Tout le reste est impressionnant. Nous n’avons cependant pas pu vérifier le rendu des différents effets climatiques dans cette démo.
Bien que les jolis graphismes sautent immédiatement aux yeux, c'est le sound design de Forza Motorsport qui frappe le plus fort. D’une incroyable netteté, puissant, impeccablement spatialisé, le son enterre tout ce qui a été fait jusqu’à présent dans les Forza Motorsport.
Forza Motorsport se prépare à une rentrée réussie. Améliorant presque tous les points sur lesquels nous demandions des changements, il offre déjà d’excellentes sensations de conduite. À la fois beau et fluide, il est une vitrine technologique de la Xbox Series X. Nous avons cependant encore beaucoup d’interrogations sur l’intérêt de la campagne, le pilotage sous différents effets climatiques, et également sur tout ce qui touche à l’aspect communautaire/multijoueur du titre. Prévu pour le 10 octobre 2023, le soft de Turn 10 est pour le moment très prometteur.