Amsterdam, (Haa)land of football

Tel un attaquant qui slalome entre les défenseurs adverses, on a esquivé les vélos en pagaille d’Amsterdam pour se mettre en jambes avant la grande présentation d’EA Sports FC24, ponctuée par la présence de la star de Manchester City, Erling Haaland, venue faire le show et officialiser sa présence sur la jaquette de l’édition classique. Au-delà de découvrir un jeu de football qui fait peau neuve en arborant un nouveau nom, c’est pour prendre part à une partie vidéoludique de « football total », une philosophie de jeu héritée de Rinus Michels qui a fait briller l’Ajax Amsterdam, que nous avions fait le déplacement. Le symbole est fort, et il l’est d’autant plus lorsque l’on sait que l’on se trouve sur les terres de l’illustre Johan Cruyff, triple lauréat du Ballon d’Or à l’origine du tiki-taka.

À y regarder de plus près, c’est un style qui innerve complètement ce FC 24. Electronic Arts s’amuse de la géométrie pour en faire son identité visuelle, celle d’un assemblage de triangles (le tiki-taka, les fameuses icônes au dessus des joueurs, les synergies de FUT, …) qui donne forme au ballon rond et à un rendu carré. Eh oui, c’est étonnant tout ce que l’on peut faire avec des triangles mais EA compte aussi s’en servir pour « définir le futur du football interactif » parce qu’en plus d’être une forme, cet aspect triangulaire a également l’allure d’une pointe de flèche. Et en l’occurrence, celle-ci ne tend pas vers le passé mais vers le futur, l’avant voire même le but du camp adverse. Bref, EA a donné l'impression de vouloir franchir un cap à l’aube de ce « renouveau » entre innovations, authenticité et réalisme, et ça passe par trois étapes. Reste à savoir si ce cap sera franchi avec la version finale...

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EA Sports FC 24 la joue tiki-taka, une tactique de l’évolution en trois étapes

Pour Electronic Arts, le style du tiki-taka s’est même invité dans le développement. Pour ce FC 24, l’éditeur américain a décidé qu’il fallait combiner trois de ses « joueurs » pour être efficace : HypermotionV, Frostbite et PlayStyles. L’une des premières choses à noter, c’est que la technologie Hypermotion, développée par Electronic Arts, dispose d’une nouvelle version (V) qui s’appuie désormais sur une tonne de data – on parle d’1,3 milliards de données – pour retravailler les animations des joueurs et atteindre le niveau d’authenticité et de réalisme tant escompté. Grâce à Opta (Sports), une entreprise anglaise de contenus sportifs, les développeurs ont ainsi pu employer une technique de traitement volumétrique qui consiste à convertir ces fameuses données de matchs (mouvements, dribbles, pénalties, frappes, …) en animations, tout en supplantant l’utilisation de la motion capture qui est néanmoins toujours employée.

Finalement, cette tonne d’informations alimente six fonctionnalités distinctes permettant d’accroître le soin apporté à l’animation du sport le plus populaire au monde. Dans le lot, on peut citer le « Full Team Volumetric Motion » qui, grâce à l’analyse d’une immense quantité de matchs, peut mieux retranscrire le comportement et la manière de jouer d’une équipe, « IA Mimic » qui, elle, se focalise individuellement sur l’attitude, les déplacements et mouvements de chaque joueur, « AcceleRATE 2.0 » qui accroît les archétypes de courses disponibles, « AI True Flight Ball Physics » qui s’attèle à rendre les mouvements du ballon plus crédibles, « Kinetic Physical Play » qu’on retrouve dans la manière dont les joueurs protègent le ballon avec leur corps et, enfin, « AI Hands » qui met un point d’honneur à étendre ce réalisme et cette authenticité jusqu’au bout des doigts des joueurs puisque le mouvement des mains sera plus organique.

Ça, c’est l’un des premiers axes car cette nouvelle version de l’Hypermotion est aussi issue de la combinaison de trois dimensions : Move (qu’on vient d’évoquer), Look (qu’on va aborder) et Play. La beauté du football, ça ne passe pas uniquement par la circulation du ballon, c’est aussi une question d’esthétique globale. En l’occurrence, Electronic Arts réimagine déjà l’expérience en opérant une refonte complète de l’interface qui nous est apparue plus claire, plus intuitive et mieux construite autour de quelques raccourcis bien utiles. Là encore, l’interface est un rappel du logo puisqu’elle gagne en verticalité, là où on y circulait, auparavant, de manière horizontale. En termes visuels, FC 24 s’appuie sur des efforts technologiques accentués par les apports de « Sapien Technology » (meilleure représentation de la corpulence et de l’animation des joueurs liée à leur anatomie), de « GPU Cloth » (qui découle de Sapien et donne vie à des mouvements plus réalistes des muscles et, par extension, des habits) et de « Feature Lightening » qui promet une meilleure retranscription des effets de lumière et d’ombre. Eh oui, la science de l’anatomie est aussi importante que celle du football. Tout comme celle du spectacle, d’ailleurs !

Oui, les joueurs sont au cœur des améliorations technologiques, mais ils sont aussi au cœur du stade et du match. Ainsi, FC 24 bénéficie de changements dans les menus de match (qui permettent d’assister à une poignée de mises en scène, « Elevated Matchday Experience ») et d’une plus grande immersion, renforcée, entre autres, par le soin apporté à l’importance de certains matchs et à des ajustements tels que le volume sonore du stade qui prend parfois le pas sur les commentaires en direct. En quelque sorte, FC 24 veut nous faire vivre le football interactif comme on le vit, avec passivité, lors de la retransmission des rencontres (« Dynamic Matches Intro »). Et pour davantage brouiller les frontières entre jeu et réalité télévisuelle, le jeu d’Electronic Arts se dote 'd’overlays flambant neufs (« Hypermotion Insights Overlays ») affichant une myriade d’informations et statistiques liées au match, du niveau de fatigue à la probabilité de buts sur les coups de pied arrêtés en passant par la possession de balle (et bien d’autres encore).

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PlayStyles, le moyen idéal pour libérer tout le potentiel de ce FC 24 ?

On a fait le « Move » et le « Look », il ne reste donc plus que le « Play » (la volonté d’un style de jeu unique) et celui-ci prend vie grâce à la fonctionnalité « PlayStyles / PlayStyles+ ». Avec cette nouveauté centrale — on la retrouve effectivement dans un peu tous les modes de jeu —, FC 24 veut mettre en avant la personnalité de chaque joueur car, comme ils l’ont expliqué sur scène, « le football est ce qu’il est grâce à ses joueurs ». Parmi la galerie d’outils déployés pour exacerber l’authenticité de l’expérience, PlayStyles est sûrement le plus important et propose trente-quatre styles différents, basés sur les capacités spécifiques d’un joueur. Par exemple, Messi n’a d’égal lorsqu’il faut évoluer dans des espaces réduits et Mbappé a ce talent pour créer des espaces et s’y engouffrer à toute vitesse pour perforer la défense adverse. Bref, l’objectif est d’apporter un caractère authentique aux joueurs en implémentant des sortes de « skill moves », reproduisant ses aptitudes signature.

Une fois de plus, grâce à la data, le potentiel d’un joueur de football ira bien plus loin que les simples statistiques de son profil puisqu’il aura la possibilité de se différencier de ses homologues en faisant parler son côté unique. Pour reprendre un autre exemple, Vinicius Jr., joueur phare du Real Madrid, a une habileté de dribbler qui lui permet de faire la différence lors des duels, et cela se ressentira autant que dans la réalité sur FC 24. Quelques-uns d’entre eux auront également accès à une forme évoluée de ce système (« PlayStyles+ ») pour mieux refléter le caractère et les aptitudes exceptionnelles de leur profil. Bien entendu, les développeurs ont conscience qu’une telle fonctionnalité nécessite de trouver un certain équilibre (ce qu’ils nomment « skill gap »), représenté par la frontière entre les performances réalistes et les possibilités offertes par le gameplay en lui-même, mais gare aux joueurs plus cheatés que d’autres. Car dans certains modes de jeu, notamment Ultimate Team, ça risque de faire des ravages…

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Des modes de jeu qui repartent à l’entraînement, vers de nouvelles versions qui frappent fort ?

À l’occasion de cette large présentation dédiée à FC 24, Electronic Arts n’a pas seulement évoqué les nouveautés technologiques de cette mouture : il a aussi été question des modes de jeu qui se mettent au diapason de ce nouveau départ sans la mention « FIFA ». Ainsi, les cinq modes de jeu principaux sont retournés à l’entraînement afin de se doter de quelques nouveautés. À titre d’exemple, le mode Volta, davantage une expérience occasionnelle en cinq contre cinq, a tenté de prendre en compte les retours de la communauté pour atteindre un autre niveau de qualité, accueille la fonctionnalité PlayStyles et bénéficie du cross-play (PS4-Xbox One/PS5-Xbox Series-PC), tout comme le mode « Clubs Pro » qui devient « Clubs ».

Au-delà du changement de nom, les évolutions de « Clubs » sont notables et ont fait au mieux pour tenir compte des retours de la communauté, encore plus que pour Volta. Les développeurs ont donc réfléchi à un format plus engageant avec plus de personnalisation et de fonctionnalités pour permettre aux joueurs de réellement former un club lorsqu’ils jouent ensemble. Ce mode leur offrira aussi la possibilité de se spécialiser (comme c’était déjà un peu le cas avec FIFA 23) grâce au système PlayStyles et de prendre part à de nouvelles saisons de championnat. Pour ceux qui préfèrent les expériences en solo, le mode Carrière (que ce soit du point de vue du « Joueur » ou du « Manager ») s’agrémente de nouveaux éléments.

Côté manager, sept visions tactiques s’offrent à vous pour mener votre équipe jusqu’à la gloire. Pour lui permettre de triompher, à domicile ou à l’extérieur, il y aura la possibilité de recruter des coachs adjoints pour améliorer certains postes, axes et dimensions tactiques. De la même manière, parce que chaque rencontre se joue différemment, vous pourrez préparer les matchs en travaillant certains exercices plus que d’autres et, le jour J, vous pourrez suivre tout cela grâce à différents points de vue (dont un du bord de la ligne de touche) et assister à des moments dynamiques avec des mises en situation comme la traditionnelle poignée de main entre entraîneurs. Côté joueur, on retrouve l’inclusion du système de PlayStyles, d’agent de footballeur et, surtout, de la cérémonie du Ballon d’Or, consécration ultime. Toutefois, cette ascension ne se fera pas en un claquement de doigts : en tant que joueur, il faudra remplir des objectifs pour poursuivre sa carrière dans les clubs les plus prestigieux.

Enfin, et c’est ce qui intéresse une immense partie de la communauté : Ultimate Team. La grande nouveauté, c’est qu’il sera possible de constituer des équipes mixtes grâce à l’inclusion des joueuses (estimées à 1600 profils). Sur place, on nous a expliqué que le système de synergie s’opérera entre joueurs et joueuses selon leur club. Avec cette mixité, la customisation des équipes sera d’autant plus unique et, si l’on tient compte de l’évolution des cartes des joueurs, ça le sera davantage. C’est l’une des autres fonctionnalités de la nouvelle version d’Ultimate Team : chaque joueur sera, en quelque sorte, unique à l’aide de PlayStyles et pourra augmenter les statistiques de sa carte en remplissant des objectifs (marquer X buts, jouer X matchs, …). Pour chacun des modes de jeu, Electronic Arts a promis de les aborder plus en détail à travers une série de vidéos régulièrement diffusées jusqu’en amont de la sortie, l’occasion de prouver qu’ils ont pris en compte quelques-uns des commentaires de la communauté, à l’image des synergies des joueurs Icônes.

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D’accord, c’est pas FIFA 24. Mais est-ce que c’est fifou, ce FC 24 ?

À quelques semaines de sa sortie, EA Sports FC 24 s’est laissé approcher… mais de manière minimale, ne gardant que le gameplay pur. Beaucoup de choses sont restées au vestiaire, ne nous laissant que les matchs de Coup d’envoi (dans une version pre-bêta en cours de développement, d’où les petits soucis et bugs qu’on a rencontrés) avec, au choix, un affrontement Manchester City - PSG (côté homme) et Lyon - Chelsea (côté femme). Il était donc davantage question d’expérimenter le gameplay et de découvrir, manette en mains, les nouvelles fonctionnalités. L’un des points intéressants, c’est le travail qui a été effectué sur le système de précision des passes. Désormais, vous avez entre autres la possibilité de visualiser la trajectoire que vous voulez donner au ballon lorsque vous optez pour une passe lobée (R1+Carré/B) ou dans la profondeur (R1+Triangle/Y). Sur le terrain se dessine une courbe en cloche ou un trait horizontal (ou courbé, selon l'effet) et, avec le bon timing (lié à la course de votre joueur) et le dosage adéquat (directement dans les pieds ou plus loin pour prendre la défense de vitesse), cela peut donner lieu à des actions dévastatrices ! (Vous pouvez retrouver ci-dessous la toute nouvelle présentation de gameplay de EA Sports FC 24)

En soi, c’est une idée qui nous fait doublement frissonner. D’une part, parce qu’elle récompense davantage les efforts de précision et que ce type de ballon est plus agréable à placer mais, d’autre part, on se dit qu’elle risque de nous infliger de sacrées corrections si on la couple au niveau du joueur derrière la manette, aux PlayStyles de certains footballeurs et aux réglages et instructions liées à la composition de l’équipe. Bref, on espère que ça ne va pas se traduire par des stratégies usées et abusées parce que, défensivement, il va falloir être solide, d’autant qu’à cela s’ajoute le « Controlled Sprinted Dribble » qui permet, en pressant R1 tout en maintenant une course grâce à R2, de réduire la distance entre le joueur et le ballon. Dans les faits, le joueur ralentit sa course et manipule plus précisément son ballon ce qui permet d’être à la fois redoutable en 1 contre 1 et de mieux circuler dans les espaces restreints avant de déclencher une frappe puissante – à noter que les frappes enroulées (et quelques frappes lointaines) sont très souvent létales face au but – dont la qualité est améliorée grâce au « Shooting Responsiveness » (la série d’animations des frappes bénéficie d’images supplémentaires pour une meilleure efficacité).

Globalement, ce FC 24 met l’accent sur l’aspect technique et spectaculaire du football (passes tranchantes/à effet/…) mais n’en n’oublie pas la défense dont on a pu découvrir quelques spécificités de cette mouture. On rassure les joueurs : même s’il faudra garder son sang-froid et être prudent, la défense connaît, elle aussi, quelques améliorations. Par exemple, pour récompenser les joueurs d’une intervention aussi sèche que propre, EA Sports FC 24 introduit le « Possession Tackles » qui offre la possibilité au défenseur de tacler et de garder le pied sur le ballon pour amorcer plus rapidement la contre-offensive. L’un des soucis, c’est que si l’on nous récompense d’un côté, on fait encore les frais d’un comportement bizarre de l’IA qui, parfois, donne le sentiment de ne pas savoir comment intervenir face aux assauts de l’équipe adverse.

Soit dit en passant, cela ne nous a pas empêchés d’enchaîner les matchs, contre l’IA ou les joueurs présents, et de se faire la main sur les petits ajustements liés aux coups de pied arrêtés. On tire toujours les corners et les coups francs en variant l’axe et le type d’effet et les penalties en orientant le joystick, en augmentant la qualité en appuyant au bon moment et en gérant la puissance via une pression de bouton plus ou moins longue. Toutefois, grâce à l’interface léchée, cela semble plus intuitif bien qu’il faille pas mal d’efforts pour en maîtriser totalement l’exécution.

Malgré tout, les réflexes reviennent vite et il n’y a pas vraiment de changements énormes en termes de « feeling » et de jouabilité : les habitués ne seront absolument pas perturbés, comme en témoigne l’aisance d’Erling Haaland qui, entouré du public présent, a enchaîné les buts face à ses adversaires lors de ses quelques parties. Pour les non-initiés, il y a toujours la possibilité de modifier tout un tas d’options, pour construire les matchs à son goût, et de paramètres (vitesse de sprint, accélération, montant de passes/tirs ratés, vitesse de tirs/de passes, gravité des blessures, …) : à n’en pas douter, avec le changement de nom, cela devrait en attirer plus d’un. Pour ce qui est des anciens, il va falloir mettre le paquet sur la communication et l’exécution pour au moins convaincre.

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