Alors que les fans d’Elden Ring attendent un certain “Shadow of the Erdtree” avec impatience, son studio - FromSoftware - n’en a que fer… Lui, ce qui l’intéresse, c’est la taule, les gros robots, et les tirs de roquette. Nous avons pu jouer à Armored Core 6, dernier bébé des créateurs de Dark Souls.
Armored Core 6 (Vidéo-preview)
Sur invitation de l’éditeur Bandai Namco, nous avons pu essayer une dizaine de missions issues du début d’Armored Core 6 : Fires of Rubicon - pendant 4 heures, sur PC (avec une DualSense).
Depuis le succès de Dark Souls et le culte mondial né d’Elden Ring - 20 millions d’unités en un an -, on aurait presque imaginé FromSoftware faire de l’action-RPG “Souls-like” jusqu'à la fin des temps. Plutôt que de se reposer sur ses lauriers, le studio japonais s’apprête à revenir avec Armored Core 6 : Fire of Rubicon (25 août prochain sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series), nouvel épisode d’une licence endormie depuis dix ans... Et, comme son nom l’indique : ça n’a rien à voir avec Dark Souls.
Eh oui, ici on pilote un mécha et - surtout - on le customise de la tête aux pieds pour réaliser tout un tas d’objectifs. En avril 2023, FromSoftware nous expliquait que, malgré tout, le titre s’appuie sur la “philosophie de game design” d’Elden Ring et ses grands frères, notamment en termes de gameplay et de challenge. À ce stade, Armored Core 6 fait presque office de reboot (pas besoin d’avoir poncé les cinq autres opus). Avec tout ça en tête, nous avons appuyé sur le gros bouton rouge : décollage.
Retour vers le futur
Après une courte cinématique d’introduction, Armored Core 6 nous propulse sur la planète Rubicon, cadre post-apo de cet épisode. Sa surface a été rongée il y a longtemps par une effroyable tempête de flammes, mais des mercenaires veulent toujours s’emparer de son “corail”, une source d’énergie surpuissante. De votre côté, vous êtes C4-621, un humain amélioré qui doit prêter ses services aux pilleurs de tombe contre des crédits ! Attention, même si certains choix du titre sont comparables à Elden Ring, nous ne sommes pas du tout en présence d’un monde ouvert ou semi-ouvert... Comme les précédents volets, Fires of Rubicon conserve une structure en missions individuelles, briefing à l'appui. On note d'ailleurs un scénario plus limpide que dans Elden Ring ou Dark Souls, mais dont le classicisme peine, pour l’instant, à accrocher (on espère que ce sera différent dans la suite du jeu).
Cette structure est d’ailleurs assez déstabilisante. Comme toujours avec le studio japonais, Armored Core 6 affiche des décors maîtrisés, beaux et à l’échelle impressionnante - mais qui sont désormais limités par de jolis murs rouges. Ici, l’exploration ne semble pas faire partie de l’équation. Malgré nos efforts, nous n’avons pas trouvé de trésors cachés, juste des ennemis à combattre… Ce faisant, vos yeux seront rivés sur le ou les objectifs à accomplir : tuer tous les adversaires du coin, atteindre tel endroit ou récolter des données dans un temps imparti. Vous l'aurez compris, toutes les phases ne vont pas vous scotcher à votre siège, sans parler de la durée de celles-ci (entre 5 et 30 min, selon le nombre d'ennemis ou la présence d'un boss) ! En marge de certains combats très prenants, on note toutefois une volonté de rendre les missions impressionnantes, à l'image de celle où nous devions escalader une sorte de "TB-TT" de Star Wars. Mais, après 4h, on se trouve avec un rythme pas mal haché et une structure qui aurait mérité un coup de polish. La suite réserve peut-être des surprises.
Dans une interview accordée à Gamespot, FromSoftware a confirmé la présence de multijoueur dans Armored Core 6, mais dans une version plus "simple" que dans le cinquième épisode. "Les gens qui ont connu le jeu en ligne des volets précédents peuvent s'y lancer directement, il est juste là (...) comme un élément supplémentaire à la campagne solo" note Masaru Yamamura.
Pimp My Mech
Entre chaque mission, après avoir discuté avec votre commanditaire, c’est retour à la case garage : le monde merveilleux du “tuning” de mécha. Un royaume découpé en deux pans, l’un pour bidouiller l’apparence de votre robot, et l’autre pour changer son équipement. On passe rapidement sur le 1er, qui promet tout ce dont un fan du genre peut rêver (choix de couleur sur la moindre pièce, possiblité d’appliquer des logos et même d’en créer soi-même). Pour le second, c’est au moins aussi complet - sans doute plus encore - que les précédents volets. Comme par le passé, Armored Core 6 propose de porter quatre armes en même temps et de changer tête, torse, bras, jambes, générateur, booster.
L’équipement choisi peut avoir un gros impact sur le gameplay, c’est un super point. Dans l’espace d’entraînement, nous avons essayé un robot méga-agile, capable de bondir, de se retrouver dans le dos de l’adversaire en un rien de temps ! Un “set” que vous opterez peut-être contre le second boss de l'aventure, vulnérable à l'arrière mais équipé d'un blindage impénétrable à l'avant... Dans ce cas, trois choix possibles : s'accrocher avec un build équilibré, opter pour un robot léger, ou faire appel aux roquettes capables de contourner l'ennemi depuis les airs. De toute évidence, Armored Core 6 proposera une très belle souplesse en termes de personnalisation, dans la limite d'un certain poids et énergie (en gros : il ne sera pas possible de construire des machines de guerre indestructibles). Mission après mission, la boutique du garage accueillera de plus en plus de pièces inédites. Mais ici, il ne sera pas seulement question de trouver son style de jeu : certaines combinaisons d'équipement semblent être la clé pour battre les plus gros obstacles, et ça fait vraiment partie du charme du titre.
Fer feu de tout bois
On en arrive finalement au générateur d’Armored Core 6 : le gameplay. D’abord, pas de doute, Fires of Rubicon est clairement plus vif, agréable à prendre en main que les autres épisodes de la licence, avec en prime un sens du style qui rappelle Vanquish… Ça répond au doigt et à l'œil, c’est ultra bien animé, ça pète dans tous les sens. Même si vous n’êtes pas fan de méchas, vous allez accrocher. Dans l'ensemble, notre partie s'est avérée plutôt grisante - et nous avons hâte d'en voir davantage.
Mais, dans les faits : comment ça marche ? En marge des points de vie et des munitions (qui offrent seulement des recharges avant les boss), l’habituelle endurance du studio devient ici "l’énergie". Une ressource qui diminue petit à petit quand vous sautez, esquivez ou attaquez au corps-à-corps, et qui fond comme neige au soleil lors d’un vol et d’une ruée vers l’avant. Autrement dit, vous pouvez vider votre chargeur sans regarder votre batterie - chaque recharge est toutefois soumise à un cooldown - mais si vous foncez comme une pile électrique, vous tomberez vite en panne. Précision importante : quand vous êtes à “0%”, le boost de base reste actif. Dans ce cas, vous pouvez donc toujours vous déplacer au sol à une allure modérément élevée, mais vous serez bien plus exposés aux projectiles à tête chercheuse. Ces derniers peuvent infliger de très gros dégâts - dans Armored Core 6, chaque mission est limitée à 3 kits de santé - et sont aussi susceptibles de faire grimper votre “vacillement” et d’immobiliser votre robot pendant quelques instants. Autant dire que c’est la fin presque assurée.
Sur la réserve
L’un dans l’autre, Armored Core 6 nous encourage à rester constamment en mouvement et à gérer du mieux possible notre énergie (le vacillement concerne aussi les ennemis et, dans ce cas, l’arme au corps-à-corps peut se révéler très efficace). À l’image de Demon's Souls en son temps, c’est une gymnastique super récompensante mais qu’il faut d'abord assimiler. Tirer parti des déplacements à l’horizontal… et aussi à la vertical, désormais. Entre ça et le choix du bon équipement, certains boss s’annoncent clairement pas faciles - FromSoftware ne propose toujours pas de modes de difficulté. Cependant, nous avons une petite réserve concernant les ennemis classiques, dont l’affrontement est fraichement aidé par la visée automatique, intégrée au gameplay ! Faut-il s’attendre à une courbe de difficulté en dents de scie ? Vous l'aurez compris, tel un mécha qui évite des tirs, Armored Core 6 semble être fait de hauts et de bas... Mais, dans tous les cas, nous avons hâte d'en voir davantage.
Dans un univers à des années lumières d’Elden Ring, Armored Core 6 tranche dans le vif et propose déjà un gameplay super rodé, aussi agréable à regarder qu'à prendre en main. Des déplacements qui, comme d’habitude chez FromSoftware, brilleront surtout face aux boss, servis par un challenge encore corsé. Notre seule crainte : que les phases plus classiques - ici découpées en missions individuelles plus ou moins longues et intéressantes - dénotent trop face à ces grands temps forts, en l’absence d’exploration et d’une difficulté constante.