Fruit du travail de neufs passionnés, Tchia vous proposera en 2023 un monde ouvert topical dans la peau d'une jeune aventurière qui n'a pas peur de grimper jusqu'au sommet des arbres et de planer dans les airs.
Depuis l'onirique jeu de plates-formes Fossil Echo (2016), le studio Awaceb, dont le nom est emprunté à un argot calédonien qui se traduit grossièrement par "tout va bien" ou "pas de soucis", confectionne avec ferveur un projet davantage ambitieux. De deux, l'équipe est maintenant passée à neuf talents motivés à écrire une grande lettre d'amour à la culture de Nouvelle-Calédonie, dont 40% d'entre eux sont originaires. Cette année, le jeu d'aventure tropicale en monde ouvert Tchia nous chargera de délivrer le père d'une héroïne éponyme des griffes d'un horrible tyran ; une expérience qui promet un voyage sans précédent près des lagons bleus d'îles fictives.
Exploration à l'aveugle
Pas d'introduction accordée, la preview nous embarque quelques heures après le début du périple de la jeune Tchia, héroïne de ce monde qui semble pour l'heure sans grands dangers. Notre première mission : apporter un savoureux crabe à la matriarche d'une tribu tranquille peuplée de quelques cabanons. Difficile donc de s'étendre sur le scénario, encore à peine esquissé dans une poignée d'adorables cinématiques doublées en français par des talents locaux aux voix chaleureuses. Notre protagoniste nous gratifie pour sa part de dialogues en drehu, la langue kanak de Lifou, située dans l'Archipel des Îles Loyauté. La galerie de personnages dégage à ce propos un charme certain et il nous tarde de rencontrer tous les visages qui composent le voyage.
Largués dans une sorte de bac à sable en monde ouvert, c'est en tâtonnant que nous apprenons à maîtriser les subtilités de notre environnement luxuriant ainsi que le fonctionnement de notre ravissant radeau de fortune. Et ce n'est qu'au bout de longues minutes passées à lire les indications fortuites de panneaux directionnels et à gravir des montagnes à mains nues afin que Tchia prenne ses repères depuis le sommet le plus haut de l'île qu'une boussole apparaîtra ; une subtilité qui fait sens dans cette exploration de la nature sauvage et dont on ne peut qu'aimer l'intention.
A première vue, Tchia ne brille pas par ses qualités techniques, souffre de clipping et de pas mal de couacs d’animation ; les panoramas n’en restent pas moins attendrissants, notamment lorsque les lumières du crépuscule s’étendent sur les villages. Une vue drapée de jolies mélodies jouées à la flûte et de percussions très douces. Aussi, l'aventure vous accordera quelques pauses musicales au coin du feu que vous n'aurez probablement jamais eu le plaisir d'entendre ailleurs. Si nous n’avons pas encore eu la possibilité d'explorer l’étendue complète de la carte et n’avons donc pas vraiment idée de sa superficie globale, les quelques biomes visités parviennent à se démarquer par quelques subtilités dans leur faune et leur flore, qui disposent d'ailleurs de leur glossaire. Nous aurions aussi apprécié l'ajout de collectibles ou de manuscrits capables d'apporter davantage de corps au lore de cet univers bien attrayant ; et en ce sens, il aurait été agréable de pouvoir dialoguer avec les quelques passants croisés çà et là qui se contentent globalement d'exécuter le trajet ou la tâche qui leur est attribué en lâchant une phrase prédéfinie.
Un océan d'idées
La proposition d'Awaceb fourmille d'une flopée de jolies idées ; Tchia peut apprendre les notes d'incantations à jouer sur son ukulélé afin de changer l'heure de la journée ou encore d'invoquer l'apparition d'animaux ; très utile puisque l'enfant prodige est capable de contrôler n'importe quelle bête croisée, en outre d'une poignée d'objets comme des rochers que l'on aura tôt fait d'ignorer. Volatiles et créatures aquatiques seront privilégiés pour traverser rapidement les courants et les cieux au détriment d'animaux moins intéressants. Dommage que, pour l'heure, cette faculté exceptionnelle semble essentiellement cantonner son utilité au voyage.
La possession de créatures consomme une jauge d'endurance qui se recharge automatiquement, laquelle apparaît également lorsque vous escaladez des hauteurs plutôt raides ou que vous planez au-dessus des villages en vous parachutant à l'aide d'une feuille géante. Tchia est capable de gravir presque n'importe quelle surface et peut même se balancer depuis le sommet des arbres pour bondir. L'ensemble de ces paramètres fonctionne bien et rend les déplacements forcément plus agréables, bien que notre jeune enfant ne soit certainement pas la plus rapide de l'île quand il est question de courir.
Dans le lot des petites activités dont vous pourrez profiter au sein de Tchia, comptez également sur la photographie qui rappellera peut-être les balades paisibles d'Alba : A Wildlife Adventure, l'empilement de pierres, les défis de course dans la peau d'un requin ou encore la sculpture de totems, lesquels vous ouvrent les portes de temples sacrés où reposent certains avantages. Enfin, des soldats de tissu créés par le vilain du jeu, Meavora, se tiennent disposés pour des combats que vous avez aisément la possibilité de fuir. Ne comptez donc pas sur Tchia pour vous embarquer dans de folles phases d'action, là n'est pas le propre de l'aventure qui ne nous a pas encore dévoilé l'essentiel de ses péripéties.
En l'état, Tchia a encore beaucoup à nous montrer : son scénario, bien que prometteur, est encore à peine palpable et ses îles sont loin d'avoir dévoilé tous leurs paysages. Techniquement correct, le jeu mériterait encore d'être davantage peaufiné afin de pouvoir proposer une expérience aussi immersive que chaleureuse. Mais son florilège de bonnes idées et son cachet indéniable en font un projet absolument charmant dont se dégage une certaine bienveillance. Une très jolie lettre d'amour aux archipels de la Nouvelle-Calédonie dont il nous tarde sincèrement de découvrir toutes les étendues. La sortie de Tchia est prévue en ce début d'année sur PC, PS4 et PS5.