Lors des Game Awards 2022, une bande-annonce a marqué les esprits. Atomic Heart soufflait alors un vent de fraîcheur sur la cérémonie présentée par Geoff Keighley avec sa dystopie soviétique inspirée des monstres sacrés du FPS. Les studios Mundfish et l’éditeur Focus Entertainment s’apprêtent-ils à larguer une bombe atomique sur le monde du jeu vidéo ? Voici les premiers éléments de réponse.
Lors d'un événement organisé par Focus Entertainment sur Paris, la rédaction de JV a pu découvrir sur PC les 3 premières heures d'Atomic Heart ainsi qu'une zone accessible plus tard dans l'aventure et se concluant par un combat de boss.
Une dystopie bolchévique
Les studios Mundfish revisitent l’Histoire avec un grand H et situent leur intrigue au cœur d’une Union Soviétique utopique… en apparence du moins. Atomic Heart dépeint une uchronie, celle d’une URSS toute puissante suite à ses avancées en robotique au cours des années 30 et son écrasante victoire sur les forces du IIIe Reich dès 1941. Face à d’immenses pertes en vies humaines, le pays s’automatise. Le labeur est alors confié à des robots placés sous le contrôle d’un esprit de ruche collectif. Nous sommes désormais en 1955 à l’aube d’un changement majeur pour la “mère patrie”, celui de la découverte du neuro-polymère, une matière programmable basée sur des tissus vivants, et du lancement du Collectiv 2.0. Malheureusement, rien ne va se passer comme prévu. Seul l’agent spécial Major Nechaev aka P-3 est en mesure de sauver la situation.
Dès les premières minutes, l’une des principales inspirations qui a donné naissance à cette dystopie bolchévique saute aux yeux. Atomic Heart est l’héritier de Bioshock Infinite, mais pas uniquement. L’existence même de la base souterraine 3826 dont le héros est prisonnier rappelle fortement un certain complexe Black Mesa (Half-Life). D’autres joueurs pourraient également y percevoir un hommage appuyé à Control de Remedy avec ses différents laboratoires aux ambiance très marquées. Le jeu édité par Focus Entertainment peut se définir comme un monde ouvert à la particularité près qu’il se compose de plusieurs zones semi-ouvertes reliées entre elles par ce fameux complexe 3826 servant de "hub central".
Atomic Heart est un open world ce qui ne l’empêche en rien de mettre l’emphase sur l’histoire. L’aventure, dont la durée oscille entre 25 et 30 heures selon les dires des développeurs, se veut hautement narrative et offre de nombreuses cinématiques qui ponctuent parfaitement la progression. Mieux encore, ce FPS prend son temps quitte à ouvrir les portes de son monde ouvert qu’après une poignée d’heures à déambuler au sein d'un labyrinthe ludique. L'accent est ainsi mis sur une ambiance hautement oppressante et un apprentissage à la dure des règles qui régissent la dystopie imaginée par les équipes créatives de Mundfish.
La direction artistique qui mêle architecture brutaliste, passé rétro-futuriste et années 50 est à mettre aux crédits des designers qui ont bâti un univers crédible et cohérent toujours prompt à nous émerveiller. La technique n’est pas en reste. Les premières vidéos promettaient une claque graphique à la “soviet”, et les studios ont livré la marchandise. Atomic Heart se démarque par ses visuels bluffants, aussi bien dans leur réalisation que dans leur créativité, et nul doute que l’aventure de P-3 dans le complexe 3826 nous réserve encore bien des surprises. Et comme si cela ne suffisait pas, le jeu est intégralement doublé et sous-titré en français (VF + VOSTFR). Le peuple est comblé !
Le cauchemar d'Asimov
Atomic Heart appartient au genre du jeu de tir à la première personne et de fait propose son lot d’affrontements qui vont rapidement se révéler corsés. Le FPS des studios Munfish n’épargne rien (ou presque) à ceux qui osent fouler du pied le fleuron technologique de l’URSS. Dès les premiers ennemis, le ton est donné. Entre combats au corps à corps et échanges de tirs, le Major Nechaev s’emploie à survivre tant bien que mal face à un bestiaire varié composé de robots, de mutants et autres joyeusetés nées de l'imagination fertile des savants russes. Pour ce faire, il peut compter sur un gant muni d’une IA prénommée Charles qui, au-delà de ses conseils avisés, lui octroie des aptitudes qui vont s’avérer essentielles pour subsister.
Les studios Mundfish se sont inspirés entre autres de Bioshock pour concevoir ce périple bolchévique, et ont donc intégré une dimension Light-RPG offrant aux joueurs l’opportunité de personnaliser le héros et son équipement. A mesure que P-3 progresse, il est invité à débloquer des compétences passives, des pouvoirs et à enrichir-améliorer son arsenal afin d’opposer une certaine résistance à une “faune” locale particulièrement belliqueuse. Sur ce point en particulier, Atomic Heart n’a rien de surprenant, mais s’avère consciencieux. Il est fort plaisant de découvrir les skills technologiques du Major et de customiser des armes aux nombreuses variantes, puis de les mettre à l’épreuve lors d’un combat acharné face aux sbires du Collectiv 2.0 ou encore un boss retors.
Impossible de quitter le complexe 3826 sans aborder l’exploration de ce monde ouvert érigé à la gloire de l’URSS et le simple plaisir de la découverte qui en découle. Atomic Heart se renouvelle régulièrement, aussi bien visuellement que d’un point de vue ludique, afin d’offrir aux joueurs une épopée mémorable. Au-delà des visuels mentionnés plus tôt et des mystères dissimulés un peu partout, des puzzles toujours plus astucieux et faisant appel aux compétences du héros mettent à l’épreuve notre jugeote avec malice. Ce FPS ne se contente pas de faire parler la poudre. Il joue avec nos nerfs, incite à réfléchir et exige abnégation et curiosité.
Atomic Heart a toutes les cartes en mains pour prétendre au titre de “bombe atomique” de 2023. Inspiré de Bioshock, Half-Life ou encore de la trilogie Metro, le titre des studios Mundfish est ambitieux et repose sur des fondations solides sans pour autant oublier de tracer sa propre voie. Voici venir un FPS généreux au dernier degré qui devra confirmer en février tout le bien que nous pensons de lui.