En développement depuis des années, Scorn est enfin en chemin vers le PC et la Xbox Series. Si vous êtes fascinés par l’horreur “organique” et que le design du premier film Alien vous donne des frissons, c’est un titre qui devrait vous plaire. Nous y avons joué une petite heure, voici nos impressions.
Scorn est presque un titre revenu d’entre les morts et l’accouchement a été semble-t-il très long. Développé par Ebb Software, dont c’est le premier jeu, Scorn est passé par la case Kickstarter en 2017, avant de passer sous le giron de Microsoft. Exclusivité Xbox et PC (et donc dans le Gamepass dès sa sortie), Scorn doit sortir le 21 octobre. Durant la Gamescom de Cologne, nous avons pu jouer à une démo d’environ 1 heure, spécialement créée pour le salon. Elle intégrait les phases essentielles de gameplay et donnait un très bel aperçu de la direction artistique du titre, unique en son genre dans le jeu vidéo, mais qui vous parlera forcément si vous aimez le premier film Alien de 1979 et plus généralement l’univers de l’artiste HR Giger.
Quand tout semble mort et vivant à la fois
Car c’est bien sur ce point que Scorn se démarque de la masse des jeux d’horreur “atmosphérique” à la première personne qui sortent tous les mois : le jeu a un look qui interpelle et s’avère à la fois techniquement ultra solide et doté d’une ambiance très particulière. Ici, l’organique se mélange au mécanique, les murs sont faits d’os et de chairs, des colonnes vertébrales s’élèvent jusqu’au ciel, avec cette impression que tout est vivant et mort à la fois. C’est dans cette ambiance mortifère et fascinante que l’on se réveille, avatar aux mains décharnées, et que l’on commence à explorer les lieux.
Dans son style bien à lui, Scorn est donc très beau et franchement fascinant. On ne s’est pas lassé de parcourir les couloirs de cette démo, toujours bouche bée devant la qualité de la direction artistique. Mais, encore une fois, ce parti pris esthétique est particulier et pourrait en laisser plus d’un(e) sur le carreau. Mais pour celles et ceux qui accrochent, c’est un vrai bonheur.
C’est Myst au pays de la souffrance
Il faut maintenant lever les doutes sur ce qu’est réellement Scorn en matière de gameplay. De loin, on peut croire qu’il s’agit avant tout d’un jeu d’exploration linéaire - presque un walking sim - qui mise sur la narration environnementale. Il y a un peu de ça, mais on se rend compte très vite que le titre d’Ebb Sofware est surtout un jeu de réflexion et de puzzles. Cette démo spécialement montée pour l’occasion avait pour but de nous montrer un certain éventail des mécaniques de jeu proposées dans la version finale.
C’est donc un mélange d’observation, d’allers-retours et d'énigmes environnementales qui nous a été proposé pendant une petite heure, avec un certain goût pour le “laisser faire le joueur”, dans le sens où le titre est extrêmement avare en indices. À l’écran, aucun HUD, aucun point d’intérêt en surimpression, aucun chemin magique ne viennent en renfort de la progression. Toutes les mécaniques de gameplay de Scorn sont ce que l’on appelle “intradiégétiques”. Ici, le décor est roi, il faut mettre les mains dans le cambouis - ou plutôt dans la chair - et observer attentivement ce qui se passe autour de soi, sans autre outil que ses yeux et sa cervelle.
Plus « niche » que ce que l’on pensait
Impossible, en à peine 1 heure de démo, de juger de la qualité des énigmes proposées dans le jeu d’Ebb Software, mais celles-ci nous ont globalement semblé bien intégrées à l’univers et cohérentes avec l’aspect horrifique du titre. Il nous a par exemple fallu « libérer » une pauvre créature d’un étrange cocon, avant de l’envoyer de se faire broyer (dans un bruit de tripaille particulièrement réussi) afin de récupérer sa main pour s’en servir comme d’une « clé » pour ouvrir une porte spécifique. Décris comme ça, on pourrait se croire dans un Monkey Island qui aurait mal tourné, et c’est un peu ce qu’il en ressort. Les énigmes peuvent être relativement corsées et l’absence d’aide risque de décourager les moins persévérants.
Nous avons en revanche été moins convaincus par la façon dont on a dû libérer initialement la créature, puisqu'il a fallu résoudre un puzzle dans le style du "taquin", où l'on a péniblement déplacé plusieurs cocons accrochés au mur afin d'atteindre le bon exemplaire. Un moment un peu lourdingue et qui de plus semblait artificiel. Bref, si l’inspiration première du studio est à trouver du côté de Giger pour l’artistique, Myst apparaît comme une influence importante en matière de gameplay. Et ça, on ne s’y attendait clairement pas.
Scorn sera, à n’en pas douter, une expérience visuelle unique dans le jeu vidéo, grâce à une ambiance aussi horrifique qu’étrange. Le jeu d’Ebb Software devrait ainsi nous lâcher dans un univers que l’on va devoir décrypter et dont il faudra probablement accepter de ne pas avoir toutes les clés. Mais là où on ne l’attendait pas, c’est dans sa volonté de nous proposer des énigmes assez corsées, avec en plus une absence totale de guide ou d’indice. Les amateurs de défis cérébraux seront probablement ravis de cette orientation, mais elle risque aussi de fermer la porte à celles et ceux qui s'attendaient avant tout à un trip exploratoire et linéaire. Cette petite heure passée en sa compagnie nous a cependant donné envie d’en voir plus. Rappelons que Scorn sortira le 21 octobre 2022 sur Xbox et PC. Le jeu sera inclus d’office dans le Gamepass.