À voir la description de Souldiers, on pourrait croire à une requête SEO. Le premier jeu de Retro Forge mélange à la fois “action, aventure, plateforme, metroidvania, Souls-like et pixel-art”. Une soupe avec beaucoup - beaucoup - d’ingrédients, qui semble pourtant marcher du tonnerre sur les différentes bandes-annonces. Comme on est jamais mieux servi que par soi-même, nous avons pu nous essayer à une généreuse portion du titre, prenant place au début de l’aventure. De quoi nous mettre l’eau à la bouche ?
Souldiers - Le titre de Retro Forge montre les armes
Ne vous méprenez pas, Souldiers ne met pas en scène des soldats qui auraient un peu trop bu mais l’âme de guerriers tombés au combat. Eh oui, alors que vous êtes en route pour défendre l’honneur du royaume, un terrible tremblement de terre s’abat sur vous et vos alliés. Est-ce la fin ? Non, car soudain, dans un éclat de lumière, une Valkyrie débarque de nulle part, vous obligeant plus ou moins à la suivre. Alors soit c’est ça, soit vous mourrez péniblement dans les entrailles de la montagne. Autant dire que le choix est vite fait. C’est à cet instant qu’il vous sera demandé de choisir entre trois classes : guerrier, archer ou mage. Chacune dispose de capacités et d’un gameplay différents, en plus d’un arbre de compétences dédié. Notez qu’il ne sera pas possible de revenir sur votre décision plus tard dans l’aventure (ce qui est d’ailleurs un petit peu dommage). Vous avez choisi ? Alors en route. Vous devrez faire vos preuves dans l'univers de Terragaya et donner un sens à votre vie dans l’au-delà.
Corps et âmes
Dès que l’on débute une partie sur Souldiers, il y a une forme d’évidence. La prise en main est très intuitive et dans l’ensemble quasi-irréprochable. On prend ainsi vite du plaisir à frapper ses ennemis - notamment grâce à de très bon feedbacks - et à bondir de corniche en corniche. De ce point de vue, Souldiers est avant tout un action-platformer : gérer les sauts et la position des adversaires est tout aussi important que les combats en eux-mêmes. Surtout que le titre ne fait pas de cadeau de ce côté-là. Pour le donjon que nous avons pu essayer, c’est-à-dire le premier de l’aventure, une cascade mal négociée était généralement synonyme de fin de course dans des piques acérés ou de phase de plateforme à recommencer (les zones “standards”, hors donjons, semblent de leur côté moins miser sur ce genre de verticalité). Idem pour les phases d’action : les ennemis sont sans pitié. Si vous ne faites pas attention, ce sera retour au dernier checkpoint actif. Des checkpoints qui marchent d’ailleurs plus ou moins comme dans Dark Souls. Il faut en trouver au fur et à mesure pour aller toujours plus loin. À un détail près. Car si vous mourez sans avoir activé de nouveau checkpoint, vous perdrezf la progression réalisée entre-temps.
Comme nous avons parlé de metroidvania au début de cette preview, dans quelle mesure le jeu de Retro Froge s’inscrit dans le genre ? Eh bien à la différence de jeux comme Ori and the Blind Forest ou encore Guacamelee, Souldiers ne propose pas de monde interconnecté en un bloc. Ici, chaque zone est bien distincte, comme les niveaux d’un action-platformer classique. Toutefois, à l’intérieur de ces levels (notamment les donjons) il y a de quoi faire en matière de level design labyrinthique et de coffres à déverrouiller grâce à des pouvoirs acquis plus tard. Et ces derniers serviront aussi à ouvrir des passages pour progresser à l’intérieur même de ces niveaux.
Diable au corps
C’est certain : Souldiers est un jeu plutôt exigeant. Notez qu’à la différence des classes, il est possible de changer à tout moment de difficulté, équivalent de “facile”, “moyen” et “difficile”. Un bon point qui permet d’éviter de se casser les dents sur une phase au challenge un peu trop relevé. Car en marge des monstres de base - dont le nombre et le soin nous ont en l’état assez impressionnés -, Souldiers réserve aussi des boss qui sauront vous donner du fil à retordre (un checkpoint automatique vous ramènera souvent au début de la bataille si vous mourrez). Dans un cas comme dans l’autre, vous devrez donc mettre à profit les systèmes du jeu pour l’emporter. Notamment l’esquive, différente sur chaque classe, qui demande de bien lire les mouvements ennemis pour bénéficier d’une fenêtre d’invulnérabilité très précieuse. Sans oublier le blocage des coups adverses, déterminé par de l’endurance. Il y a également des objets pour gagner de la santé ou de la puissance. Bref, pas mal de choses à gérer. Au global, Souldiers nous a paru certes exigeant mais plutôt bien équilibré, exception faite d’une ou deux salles du premier donjon. Surtout, il faudra compter sur les spécificités de votre personnage, que nous allons détailler tout de suite.
Dans Souldiers, chaque classe propose dans un premier temps deux attaques principales. Pour le guerrier, c’est un coup rapide et lourd. Pour l’archer, il y a un bouton pour envoyer des flèches - conditionnées par un petit temps de chargement quand votre carquois est vide -, un autre pour envoyer votre arc façon boomerang. Pour ce qui est du mage, il peut agiter son sceptre au corps-à-corps (avec pour effet d’envoyer des projectiles à tête chercheuse) et faire jaillir une explosion face à courte portée, demandant aussi un temps pour se recharger. Des classes qui ont pour l'instant l’air bien équilibrées et semblent offrir un gameplay assez différent pour justifier une nouvelle partie avec un nouveau héros. Surtout qu’à ce stade, nous n’avons pas exploré le plein potentiel de ces trois personnages. De toute évidence, leur arbre de compétences amènera des nouveautés de gameplay tangibles, comme une contre-attaque ou une option de combo inédite. Une base déjà solide qui vient s’accompagner d’armes secondaires, comme des bombes ou des lances, ainsi que des pouvoirs directement issus des boss. Le tout paraît très prometteur. Au début du jeu, seul le guerrier paraît un peu désavantagé, dans l’impossibilité de taper vers le haut.
Âme, stram, gram
Vous l’aurez compris, sur une durée de vie qui s’annonce conséquente, Souldiers semble avoir tous les éléments pour étoffer intelligemment son gameplay. Et ce ne sont pas les seules choses qui sont là pour maintenir un intérêt. En plus de ces qualités, le titre paraît proposer une histoire engageante portée par une excellente direction artistique. C’est bien simple, les niveaux que nous avons traversé font preuve d’une atmosphère vraiment réussie (lumière, détails, la vie qui s’en dégage) de plus tout à fait capable de se renouveler. Et en ce qui concerne l’emphase sur la narration - d’ailleurs surprenante pour le genre -, elle repose sur des personnages soignés, bien identifiables, avec pas mal de phases de dialogue et même des quêtes annexes. Un soin tel que l’on croirait avoir face à soi un RPG. Des bons points pour l’heure seulement entachés par un premier donjon un peu long (2h de jeu quand même) et quelques séquences d’action-plateforme maladroitement exigeantes. L'un dans l'autre, le titre est très bien parti.
- Souldiers sera disponible le 19 mai 2022 sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et Switch.
Après quelques heures en compagnie de Souldiers, difficile de ne pas être enthousiasmé par cet action-platformer développé par le studio Retro Forge. Tout ou presque est impeccable. La direction artistique, les sensations, le gameplay. Surtout que ce dernier - avec trois personnages jouables - promet de s’étoffer à la longue, grâce à un arbre de compétences, des pouvoirs issus de boss et des armes secondaires. Sans oublier un plus non-négligeable : une emphase assez surprenante sur la narration qui promet de rythmer agréablement une durée de vie qui s'annonce plutôt conséquente. Comme d’habitude, il faudra donc attendre d’avoir la version complète entre les mains, qui semble pour le moment un peu pécher par excès, que ce soit un premier donjon trop long ou des phases qui dépassent le “corsé mais agréable”. Mais c'est certain : on a hâte d'y replonger.