Annoncé lors du segment dédié aux jeux Devolver Digital à l'E3 2021, Trek to Yomi avait intrigué de part sa DA particulière et son approche atypique. Il faut dire que la touche old school et le côté quiet rompaient profondément avec l'ambiance déjantée des Shadow Warrior (aussi développés par Flying Wild Hog). Poussé par Leonard Menchiari, le studio polonais nous présente avec Trek to Yomi une toute nouvelle vision du japon féodal, que nous avons pu découvrir le temps d'une petite heure.
Devolver Digital nous a donné accès à une version preview de Trek to Yomi sur PC. Nous n'avons donc pas essayé une version finale du jeu, mais bien une build permettant de parcourir les deux premiers chapitres du jeu via deux des quatre modes de difficulté. Notez que ces deux chapitres correspondent à une quarantaine de minutes de jeu.
En plein cœur du Japon féodal vit Hiroki, un jeune samouraï en devenir suivant avec assiduité les leçons de son sensei. Mais quand son village est subitement victime d'une attaque, tout change. Privé de son sensei, Hiroki doit maintenant apprendre comment devenir plus fort par lui-même. Surtout qu'il a une promesse à tenir : protéger le village et ses habitants, et ce quoi qu'il en coûte. Mais les menaces sont nombreuses et une lame affûtée ne suffit pas toujours à éloigner le mal.
Ghost of Tsushima en 2D noire et blanche ?
Si Trek to Yomi a un point fort, c'est bien l'atmosphère qu'il dégage. À peine le jeu lancé et nous voilà happé par l'ambiance si particulière du Japon d'antan. Auditivement le titre nous prend directement aux tripes et cela est plaisant. Que ce soit grâce à la musique ou les très bons doublages japonais, on a presque l'impression d'y être. Une sensation qui grandit au fur et à mesure que le jeu se dévoile visuellement.
Les tableaux de Trek to Yomi ont un certain charme. Même si la plupart d'entre eux présentent des scènes de guerre et de massacre avec des corps désarticulés gisant au sol, on ne peut s'empêcher d'admirer les paysages ruraux ou naturels de ce Japon d'un ancien temps. Et pour accentuer ce côté immémorial, tout est en noir et blanc et affublé d'un filtre grain qui fait son petit effet. Notez qu'il est d'ailleurs possible de le retirer si cela vous gêne.
Vous pouvez ajouter à cela des plans de caméra (fixe) bien pensés et changeants. Le jeu oscille entre des zones à parcourir horizontalement (plus 2D pendant les combats) et d'autres un peu plus ouvertes (en pleine 3D pour l'exploration). Certes, le passage d'une dimension à une autre n'est pas toujours fluide et très cohérent. Mais dans l'ensemble, cela dynamise l'expérience et permet à Flying Wild Hog de nous surprendre d'autant plus avec certains plans tout bonnement magnifiques. Jouant habilement sur les ombres et l'environnement, ils nous offrent des images dignes du cinéma.
En mélangeant tous ces petits points, vous obtenez une ambiance aussi prenante que celle de Ghost of Tsushima. Il s'agit d'un véritable voyage initiatique dans le Japon des samouraïs et les mythes de l'époque, porté par une patte graphique unique et appréciable. Cette dernière parvient habilement à mélanger terreur et sérénité, sage spiritualité et ferveur du combat.
La lame du samouraï
Le gros du gameplay consiste à affronter des vagues d'ennemis ou des boss. Et samouraï oblige, les combats se font au katana. Ils prennent la forme de face-à-face horizontaux pendant lesquels vous pouvez vous déplacer de gauche à droite, parer, et bien sûr, attaquer. Les attaques sont d'ailleurs diverses. Si elles sont commandées par deux touches (attaque rapide et lourde), plusieurs combos sont possibles afin d'ébranler votre adversaire et l'abattre. Combos qui se dévoilent d'ailleurs au fur et à mesure que vous avancez dans le jeu.
Vous l'aurez compris, Trek to Yomi propose un système de progression qui permet d'étoffer les combats au fil de l'histoire. Cela va de l'acquisition de nouvelles armes (bo-shurikens) à celle de capacités différentes, aussi bien défensives qu'offensives. Cela permet de diversifier des combats qui en ont grandement besoin. Car au cours de notre petite quarantaine de jeu, ces derniers se sont révélés assez répétitifs.
Une fois que l'on a compris les pattern assez simples des différents ennemis, il suffit de parer puis d'enchaîner les attaques rapides pour venir à bout de la menace. Alors certes, le bruit de la lame transperçant finalement un ennemi procure une certaine satisfaction et les sensations de combat sont au rendez-vous. Mais peu à peu la découverte laisse place à un automatisme qui pourrait s'avérer lassant à la longue. Il faudra voir ce que cela donne dans les chapitres suivants qui devraient nous proposer d'autres surprises.
On en attend également plus niveau difficulté. Si certains espéraient un gameplay exigeant, on est très très loin d'un Sekiro Shadows Die Twice à ce niveau. Introduction oblige, le premier chapitre ne propose pas franchement de grands défis. C'est un peu plus le cas à la fin du dernier niveau, le jeu se révélant assez punitif dès que l'on baisse un peu sa garde. Néanmoins, si vous restez concentrés, il y a peu de chance que Trek to Yomi se révèle être un grand défi pour vous.
Il existe certes plusieurs niveaux de difficulté. Mais s'ils jouent sur les dégâts subis et la vie de vos ennemis, la différence n'est pas bien marquée. Surtout que le jeu propose régulièrement (peut-être même un peu trop) des checkpoint réinitialisant votre vie et votre endurance. Mais la difficulté s'annonçant déjà graduelle, on peut s'attendre à ce que ce point soit corrigé dans les prochains chapitres. Contrairement à d'autres défauts qui ont peu de chances d'aller en s'améliorant.
Un jeu indépendant d'un ancien temps
Si nous saluons le rendu global du jeu, graphiquement il fait tout de même assez daté, notamment lors des cinématiques. L'animation très rigide a de quoi faire grincer des dents et entacher la profondeur de certaines scènes. Cela coupe avec l'ambiance prenante que nous décrivions plus haut et pourrait bien sortir totalement certains joueurs de l'expérience.
Il en va de même pour le rythme qui a du mal à prendre au début. Après ce qui fait office de tuto, la première dizaine de minutes du jeu nous force à traverser tout le village avant de pouvoir enfin combattre. Certes, il est appréciable de le découvrir, ainsi que ses habitants et habitudes, mais tout ce passage s'avère tout de même assez longuet et ne permet pas forcément au joueur d'appréhender la suite dans les meilleures conditions (selon son niveau de patience). Mais il ne s'agit pas là d'un défaut global du jeu puisque qu'il propose par la suite un bon rythme, entre petites phases d'exploration et grands combats.
Notez d'ailleurs que toute cette phase assez surprenante a tout de même un sens côté game design. Il s'agit d'un moyen pour Trek to Yomi d'introduire le deuxième pan de son gameplay, à savoir l'exploration. Lors de ces phases, votre katana est rangé dans son fourreau et vous pouvez arpenter plus librement l'espace. Le but ? Trouver des collectible, mais surtout interagir avec les objets et les personnes autour de vous. Deux points qui peuvent paraître facultatifs, mais qui vous aideront à pouvoir mieux appréhender certains combats.
En l'état, difficile d'avoir un avis tranché sur le titre, surtout qu'il ne pointera pas le bout de son nez avant plusieurs mois. Néanmoins, la direction artistique et l'ambiance atypiques suffisent à nous donner envie d'en voir plus. Ajoutez à cela des duels au katana en 2D prenants et esthétiquement réussis, et vous obtenez un titre prometteur. Le gameplay est certes perfectible, mais la structure du jeu laisse à penser qu'il dispose encore d'une belle marge de progression. Il nous tarde de mettre la main sur le jeu complet pour voir si Trek to Yomi parviendra à gommer ses défauts et à garder cet aspect rafraîchissant tout du long.